Sept ans après la crise, quelles sont les régions gagnantes ?

Par Alexandre Mirlicourtois, Xerfi  |   |  704  mots
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR
La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, quelles sont les régions gagnantes de l'après-crise ?

Y a-t-il une fracture spatiale de la croissance depuis la grande récession? Pour le déterminer, il faut partir de la situation qui prévalait avant 2008. La France est alors en croissance rétrospectivement solide, disons plus solide qu'aujourd'hui, avec un PIB en hausse de 1,8% l'an entre 2000 et 2007. Bien entendu, l'avancée n'est pas uniforme mais toutes les régions sont à l'unisson et les écarts restent malgré tout limités dans une fourchette allant de 0,5% en Champagne-Ardenne à 3,1% en Corse, avec un dénivelé du Sud-Ouest vers le Nord-Est, ou l'Ile de France ressort comme une exception.

Un écart dont l'essentiel s'explique par le plus ou moins grand dynamisme démographique régional : c'est mécanique, l'activité tend à s'accroître plus rapidement dans les régions où la population s'élève... et réciproquement d'ailleurs. Si bien que, corrigé de l'effet démographique, les disparités régionales en termes de PIB par habitant se resserrent et le classement est en partie bousculé.

Comme le montre ce graphique, le PIB par habitant en volume s'élève en moyenne de 1% l'an en France avec un plus bas en Alsace (+0,2%) et un plus haut dans le Nord-Pas-de-Calais (+1,6%). Un résultat surprenant mais la région s'extirpe d'une période très dure après son décrochage dans les années 80 et part de très bas. La reconversion de son tissu économique, dont le renouveau de Lille est le symbole, est un succès, le tout sur fond de stagnation de sa population.

A noter, sur les 22 régions françaises 14 se tiennent dans un intervalle très réduit entre 0,7 et 1,1%. Survient la crise de 2008. Le décrochage est brutal le PIB de la France métropolitaine chute de 3,3% sur un an, et seule la Corse échappe au marasme général. Le poids de l'administration public, du tourisme et de la construction ont agit comme autant d'amortisseurs.

Pour le reste des régions, le choc est ultra-violent sur le flan Est, et en Basse-Normandie c'est-à-dire la partie la plus industrielle du pays. L'Ile-de France est également attaquée en raison de son fort degré d'ouverture sur l'international.

Sept ans après la crise, la pente-a-t-elle été remontée par tous ?

Clairement non, et la fracture est terrible entre un grand Sud et une partie de la façade Atlantique où le niveau du PIB est plus élevé en 2014 qu'en 2007 et un grand quart Nord-est où il reste inférieur ainsi qu'en Bretagne. Déjà plus dynamique avant la crise, l'Ile de France, la région Rhône-Alpes, les Pays de la Loire sont les régions qui ont les plus rapidement et fortement redémarré après 2008. Ce contraste porte les stigmates de l'affaiblissement industriel de la France, ses conséquences en termes de fermeture de sites, de perte d'attractivité des centres urbains des régions concernés et une évolution démographique qui freine la croissance. Et c'est un peu l'histoire de la poule et de l'œuf : la faiblesse de l'activité entraine celle de la démographie qui en retour pèse sur la demande et freine l'activité.

Le bilan est là : corrigé de l'impact démographique, le PIB par habitant est en baisse dans 6 régions plutôt situées dans l'Est et le Nord (Alsace, Lorraine, Franche-Comté, Picardie). La région Centre et le Limousin font partie du lot. En d'autres termes la population s'est appauvrie dans ces régions entre 2007 et 2014. Quant à la Bretagne et la Bourgogne, elles s'en sortent à peine mieux.

C'est en revanche dans un grand quart Sud-est, les Pays-de la Loire, l'Ile de France et le Nord-Pas-de-Calais que la situation c'est le plus redressée, sans oublier la Corse qui est un cas à part. Toutes les régions ne se sont donc pas relevées de la grande récession et l'après crise révèle d'avantage de disparités aussi bien en termes de croissance que de variation du revenu par tête entre les régions (l'écart a été multiplié par deux) et certainement dans les régions elles même.

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