Taxis - VTC : il faut une règlementation unique

Par Guillaume Connan  |   |  689  mots
Sur le marché du transport public de personnes, les différences s'estompent. Les avantages concurrentiels des uns ont fini par être rattrapés par la prise de conscience des autres d'un monde en pleine évolution. Les positions se rapprochent jusqu'à rendre difficilement tenables les différences réglementaires actuelles.

 Jusqu'à une époque très récente, le conflit opposant taxis et VTC était perçu comme une bataille, entre partisans d'une innovation de rupture, au service de consommateurs par eux libérés, et conservateurs arc-boutés sur des privilèges d'un autre temps.

 Il est vrai que la réaction très violente des taxis contre l'arrivée d'une concurrence qu'une très large majorité attendait depuis longtemps a des allures de défense d'avantages acquis aujourd'hui incompréhensibles, donc indéfendables. De leur côté, les VTC n'ont-ils pas offert une façon plus simple de commander une voiture avec chauffeur, un service d'une qualité supérieure et des prix si ce n'est inférieurs, du moins compétitifs ? A voir.

 Une convergence de fait

Car ce qui a pu être vrai il y a trois ans, au moment de l'arrivée de ces nouveaux acteurs sur un marché qui n'avait connu aucune innovation depuis des décennies et dont les acteurs vivaient endormis derrière un monopole par définition confortable, ne l'est plus aujourd'hui. La facilité d'utilisation ? De nombreuses appli existent désormais, avec des fonctionnalités équivalentes, chez les taxis et les VTC, de sorte que cet élément n'est plus discriminant.

La qualité de service ? Personne ne peut aujourd'hui contester le fait que les nouveaux entrants ont vu leur qualité diminuer drastiquement depuis quelques temps et que, de leur côté, les taxis ont fait des efforts dont on les pensait incapables.

Les prix ? L'introduction de forfaits aéroports pour les taxis et le maquis tarifaire des VTC, avec des différences significatives d'un acteur à l'autre et même, en fonction de l'offre et de la demande chez certains, ne permet plus d'affirmer qu'il existe une différence significative de prix entre taxis et VTC.

Les avantages concurrentiels majeurs sur lesquels les VTC ont rapidement pris une part de marché importante aux taxis n'existent plus. Un partout, balle au centre.

 Une réglementation unique s'impose

 Cette situation, nouvelle, est une bonne nouvelle pour le consommateur final. Car elle garantit que la disparition d'un monopole ne se traduira pas par l'apparition d'un autre.

Encore faut-il que le cadre réglementaire, qui représente les règles auxquelles tous les acteurs sont soumis, soit cohérent avec cette situation de fait, celle d'une convergence aux yeux du consommateur entre les VTC et les taxis, les deux professions remplissant le même rôle à leurs yeux et devant donc être soumises aux mêmes règles. Or, de ce point de vue, le régulateur est hors sujet.

 Comment être à la hauteur ?

D'abord, en supprimant certaines règles absurdes qui pénalisent les VTC et leurs clients. Avec l'arrivée des VTC, dont la supériorité concurrentielle était initialement très forte par rapport aux taxis, le régulateur a voulu protéger une profession pour lui importante, en imposant certaines règles dont notre administration féconde a le secret. Le retour à la base imposée entre deux courses aux VTC par exemple. L'exclusion des VTC de certaines voies réservées, sur les autoroutes aux heures de pointe ou les couloirs de bus. Ou encore la mise en place d'un examen particulièrement difficile aux candidats VTC pour l'obtention de leur carte professionnelle afin d'en limiter l'afflux. Tout cela ne fait pas de sens et renforce l'image d'une profession dont on limite l'essor pour en protéger une autre qui, objectivement, n'a plus besoin de personne pour se défendre. Cela retarde aussi une convergence entre deux secteurs qui, de fait, cohabitent et se concurrencent sur le même marché.

Pour clarifier une situation devenue incompréhensible aux yeux des consommateurs, le gouvernement doit accélérer la mise en œuvre d'un cadre juridique clair qu'il a déjà esquissé (tant en termes de formation et d'exercice de la profession, que de respect des règles sociales), associé à une gouvernance rationnelle et pérenne. La condition pour que ce secteur à forts potentiels, puisse donner le meilleur de lui-même au service des attentes du client final et devenir ainsi créateur de valeur.