Taxis, VTC, LOTI : peut-on sortir enfin de la jungle ?

Par Pierre Chassigneux  |   |  515  mots
L'heure est à la concurrence et les taxis sont aujourd'hui prêts à l'affronter. A condition toutefois que le combat soit loyal et l'arbitre respecté. Il est temps de sortir de la jungle. Par Pierre Chassigneux, Président de Taxis Bleus

 Manifestation des chauffeurs de VTC ce mercredi à Paris, menaces de destructions massives d'emplois... jamais l'annonce d'un simple « renforcement des contrôles » dans un secteur professionnel n'aura déclenché une telle bronca : les plateformes de mise en relation dites de « VTC » qui ont appelé à la manifestation dénoncent d'un même cri la volonté du Premier Ministre exprimée jeudi dernier. Il ne s'agit pourtant que de faire respecter la Loi - même si elle est imparfaite sur le plan de l'égalité des charges (artisans, salariés vs autoentrepreneurs) - dans cette jungle qu'est devenu le marché des taxis et VTC.

Une fraude d'ampleur

Et il était temps de débroussailler. Dès 2015 Taxis Bleus a fait constater l'ampleur de la fraude: sur 20 commandes effectuées sur la plateforme leader des « VTC », seuls 20% des chauffeurs disposaient du statut réglementaire. 40% étaient des chauffeurs sous licence LOTI et 40% ne disposaient d'aucune autorisation ! Comment, dans ce contexte, espérer la fin du conflit entre chauffeurs de taxis et applications VTC ?

Les mises en demeure envoyées récemment par le Ministre des Transports aux plateformes de VTC sont plus qu'un simple renforcement des contrôles ; elles sont le préalable indispensable à un apaisement des tensions. Dans ce souci s'inscrit la démarche judiciaire engagée cette semaine par Taxis Bleus avec le soutien d'un millier de chauffeurs et de plusieurs compagnies de taxis : l'assignation d'Uber devant le Tribunal de Commerce, pour non-respect d'une loi censée apaiser les conflits entre acteurs responsables.

Mettre un terme à la manœuvre de certaines plateformes

Quant au risque de tuer les emplois des LOTI (un statut officiellement réservé aux transports missionnés par les Collectivités Publiques, mais aussi occasionnellement à titre privé pour le transport de groupes uniquement), brandi ce mercredi sur les pancartes du côté de Montparnasse ? Il s'agit simplement de mettre un terme à la manœuvre de certaines plateformes, qui ont largement encouragé les candidats chauffeurs à contourner à tout prix le statut légal de VTC, plus contraignant, et ainsi compenser facilement le turnover important des chauffeurs déçus d'un métier dont on ne vit plus dignement.

 Mettre un terme aux tensions qui rongent la profession

Pour certains, ce détournement de la loi semblera sans doute acceptable. Après tout, un job d'intermittent du transport n'est-il pas un premier pas vers l'emploi pour la jeunesse? Et les contraintes d'accès à la profession de chauffeur ont-elles toutes une raison d'être ? Sauf que répondre à ces questions avec une certaine honnêteté intellectuelle impose de les considérer dans le contexte où, face à la promesse non vérifiée de créer 70 000 emplois précaires, plus de 60 000 artisans français risquent de perdre le leur. Celle aussi où, à défaut de pouvoir d'un trait éradiquer soit les taxis soit les VTC, il est impératif de mettre un terme aux tensions qui rongent la profession.
L'heure est à la concurrence et les taxis sont aujourd'hui prêts à l'affronter. A condition toutefois que le combat soit loyal et l'arbitre respecté. Il est temps de sortir de la jungle.