Villes d’équilibres : des destinations choisies où l’on « cesse de se désirer ailleurs »

OPINION. « Montpellier la surdouée », « Only Lyon », « SO Toulouse » : ces marques territoriales métropolitaines apparaîtront-elles en décalage avec les attentes, à l’heure où les changements de vie se multiplient et où plus d’un tiers des Français vivant dans les villes de plus de 100 000 habitants envisage de déménager ? Par Jean-Marc Vayssouze-Faure, Maire de Cahors, président du Grand Cahors et président de l’Association des Maires de France en Occitanie.
(Crédits : DR)

Si elles ne rêvent ni de la fin des métropoles, ni d'entretenir une opposition stérile entre un rural périphérique et des centralités connectées, nos villes d'équilibre, à taille humaine, bénéficiant d'un cadre de vie apaisé, ont plus que jamais le vent en poupe. Le regard que l'on porte sur elles a profondément changé, elles sont plus désirables qu'elles ne l'étaient, au point d'avoir désormais une véritable carte à jouer. De nouvelles promesses cherchent à conforter cet engouement : c'est le cas de la démarche partenariale d'attractivité « Oh My Lot ! ».

C'est de cette évolution dont il est question à l'occasion de la deuxième édition des Rencontres des villes moyennes, organisée à Cahors, par le think-tank La Fabrique de la Cité, jusqu'au 28 octobre 2021.

L'expérience d'une vie imprévisiblement confinée, parfois éloignée de son lieu de travail, a réveillé les envies de celles et ceux qui, nombreux, sont en quête de sens. Les villes moyennes, qui agissent davantage comme villes d'équilibre cherchant à être le relais entre l'espace rural et les métropoles, deviennent la destination choisie d'un exode urbain qui reste encore à se concrétiser. Envie d'ailleurs, soif d'espace, quête de nature : la faible densité, la moindre congestion et la proximité avec les aménités environnementales font partie des atouts que nos territoires doivent cultiver pour répondre à ce désir d'un nouvel horizon.

Bénéficiant également d'espaces de travail partagés, de tiers-lieux, d'écosystèmes favorisant le dynamisme économique et l'innovation, de services publics adaptés aux besoins, d'équipements culturels et sportifs de qualité et d'une bonne connexion aux métropoles, les villes d'équilibre ont tous les atouts pour attirer ceux qui osent le changement de vie et ceux qui préfèrent le retour aux terres de l'enfance, où les proches habitent encore, offrant un repère dans un monde qui change, un appui à la vie quotidienne, notamment pour la garde d'enfants. S'affranchir de son lieu de travail et considérer les atouts de son lieu de vie comme la première des priorités, c'est également ce qui a transformé la tendance pour ces territoires devenus une valeur refuge pour nombre de nos concitoyens.

Au-delà des villes moyenne...

Depuis plusieurs mois, pour ce qui est de l'exemple de Cahors, notre territoire a ainsi vu ses transactions immobilières augmenter de 16,5 %. Nombreux sont ceux qui ont été séduits par les paysages remarquables de la vallée du Lot, par la richesse patrimoniale du Quercy et par la réponse aux besoins du quotidien que nos villes et villages sont en capacité de leur apporter : commerce de proximité, gastronomie, circuits-courts, offre adaptée en matière de petite-enfance, équipements et offre de soins, patrimoine et paysages préservés, centralité vivante et réinvestie, c'est ce qu'offre la ville de Cahors qui, depuis un peu plus de dix ans, a fait le choix résolu de la reconquête de son centre-ville.

Afin d'accompagner cet intérêt renouvelé tout en veillant à ne pas reproduire les écueils qui constituent aujourd'hui les limites des métropoles, à Cahors, la reconstruction de la ville sur la ville est le cœur d'un projet urbain aussi volontariste que singulier. Articulé autour de la compacité, il s'est traduit par la rénovation de plus de 800 logements situés à deux pas de nos monuments inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO plutôt que par l'accélération de l'étalement urbain. Notre ambition est claire : faire revenir des habitants en centre-ville. En centre historique, comme dans les quartiers, des opérations de renouvellement urbain reflètent notre volonté profonde de faire muter le tissu urbain. Ce nouveau modèle de développement, plus économe, plus vertueux, contribue à faire émerger des centralités plus vivantes, plus attractives et, nous en sommes convaincus, plus désirables.

Au-delà de l'intérêt suscité par les villes moyennes, c'est également à travers leurs stratégies différenciées que nos cités deviennent les actrices d'un nécessaire rééquilibrage territorial. Conforter notre centralité et la cité en son entier, y implanter des équipements, la doter de services aux habitants, remettre sur le marché des logements de qualité, faire du patrimoine un levier de développement et d'appartenance des habitants à notre ville, c'est cette stratégie, quelque peu singulière lorsqu'elle a été mise en œuvre à Cahors, qui s'est désormais imposée dans le débat public national. Elle est le fruit d'une intime conviction, celle qui nous a conduits à faire évoluer la ville dans son enveloppe actuelle plutôt que de forcer ses limites naturelles.

Enfin, parce qu'il ne s'agit pas de recréer, à une échelle réduite, les modèles des métropoles, il faut entendre ce qui fonde aujourd'hui les attentes de nos concitoyens. En cela, la renaturation de nos villes permettra de rendre compatible la capacité qu'offrent nos centralités avec le désir d'espace et de nature en proximité immédiate de la ville. C'est l'ambition que nous défendons à Cahors que de faire de notre centralité, plus que jamais, le cœur et l'âme de la ville.

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