Copropriété : le gouvernement mobilisé sur le sort des concierges

Sensibiliser locataires et propriétaires à l'importance du métier de concierge, renforcer la formation initiale et continue, imposer le transfert du contrat de gardien en cas de vente d'immeuble, assimiler l'emploi d'un gardien à un emploi à domicile? Pas moins de trente-deux propositions sont inscrites dans le rapport remis le mois dernier à Christine Boutin par Françoise Pelletier, coprésidente du groupe de travail chargé d'une réflexion pour revaloriser la profession de concierge. « Trop souvent réduit à la sortie des poubelles, le rôle des gardiens d'immeuble va pourtant bien au-delà. Il créé du lien social, notamment auprès des personnes fragiles, et participe au maintien de la sécurité dans les immeubles », explique cette avocate pour justifier les orientations du rapport. Déjà, en début d'année, une proposition de loi avait été déposée sur le bureau de l'Assemblée nationale par le député Pierre Lellouche. Elle proposait d'instaurer une déduction fiscale pour les emplois de gardien d'immeuble au même titre que ce qui existe pour les emplois à domicile. Cause de cette agitation : la suppression de plus en plus fréquente du poste de concierge dans les copropriétés. Ainsi, pour la seule région Île-de-France, pas moins de 10.000 emplois de gardien d'immeuble ont été supprimés au cours de la dernière décennie. Externalisation Une tendance qui s'explique principalement par des raisons économiques : ce poste coûte cher et pèse très lourd sur les petites copropriétés. Une simulation réalisée en juin par la Fnaim chiffrait à 28.200 euros le coût annuel d'un poste de gardien « de base » (plein temps rémunéré à 10.000 unités de valeur [*]). Des chiffres contestés par l'Association des responsables de copropriété (ARC), qui les évalue à près de 31.500 euros pour le même poste, ce qui représente une dépense annuelle de 1.105 euros par logement dans une copropriété de 30 lots et de 1.660 euros dans un ensemble de 20 lots. Sachant que 60 % des copropriétés en France comportent moins de 10 lots, on comprend les fermetures massives de loges et l'externalisation des fonctions d'entretien des parties communes, de distribution du courrier, de surveillance? auprès de sociétés prestataires. Des solutions qui font baisser la note et qui permettent parfois aussi de récupérer la loge pour la vendre. « Ce que l'on gagne ainsi, c'est du financier », affirme Patrice Rosier, président adjoint de la Confédération nationale des administrateurs de biens et des agents immobiliers (Cnab), « mais ce que l'on perd, c'est du confort, de la sécurité, du lien social? Et c'est inestimable. À tel point que, aujourd'hui, certaines copropriétés qui ont supprimé le gardien commencent à discuter d'un éventuel retour en arrière. » Un constat nuancé par Daniel Baulon, président de l'Association nationale de la copropriété et des copropriétaires (ANCC) : « Il existe peu de cas de retour en arrière ; le plus souvent, tout en regrettant certains services que leur rendait leur gardien, les copropriétaires ont réussi à s'adapter. » Assouplissement Car la solution du prestataire extérieur offre l'avantage d'une plus grande souplesse. En effet, en cas de maladie, le prestataire remplace son employé, ce qui n'est pas si simple en présence d'un gardien. De même, il est plus facile de changer un employé qui ne fait pas l'affaire que de licencier un gardien. Cette situation devrait bientôt être renforcée. Christine Boutin envisage en effet d'introduire l'une des propositions du rapport Pelletier par voie d'amendement dans le projet de loi de mobilisation pour le logement, consistant à soumettre à l'unanimité la suppression du poste de gardien. Une proposition qui ne va pas dans le bon sens selon Daniel Baulon : « Il est préférable d'assouplir la possibilité de créer une loge, actuellement soumise à la règle de l'unanimité, plutôt que de rigidifier les situations en rendant impossible la suppression du poste de gardien. Cette mesure risque d'être contre-productive. » À bon entendeur? P.E. (*) Toutes les activités des gardiens sont évaluées en unités de valeur. 10.000 UV correspondent à un emploi à plein temps avec permanence de jour. Le maximum est de 12.500 UV et implique l'interdiction de réaliser d'autres tâches.
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