La médecine du futur (5/5) : Inoviem Scientific veut accélérer la recherche thérapeutique

[ Série d'été ] L'entreprise s'apprête à commercialiser à grande échelle ses technologies d'analyse biophysique des candidats médicaments. Les hôpitaux y auront aussi accès, pour ajuster les posologies en médecine personnalisée.
Pierre Eftekhari, président d'Inoviem Scientific.

Accélérer et sécuriser le développement de nouveaux médicaments, identifier des cibles secondaires et détecter des effets indésirables potentiels. Avec sa technologie NPOT (Nematic Protein Organization Technique), qui identifie des interactions entre une molécule et ses protéines cibles, Inoviem Scientific promet aux laboratoires pharmaceutiques de réduire de façon drastique les phases de recherche et développement, au cours desquelles les chercheurs peuvent passer en revue jusqu'à 1 million de molécules avant de décider - ou pas - de passer en phase clinique avec un candidat médicament.

Prédire l'effet attendu d'un médicament

Une deuxième technologie dénommée PIMS (Physiological Intermolecular Modulation Spectroscopy) permettra, à l'hôpital, de prédire l'effet attendu d'un médicament sur des échantillons provenant d'un patient.

"Il s"agit de mieux traiter des pathologies difficiles comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique, et de mieux adapter les traitements des patients pour une médecine dite personnalisée, avec des molécules déjà présentes sur le marché. Elle sera opérationnelle d'ici à 2020. Nous lancerons sa distribution dans les grands centres hospitaliers, en France et à l'international", prévoit Pierre Eftekhari, fondateur et président d'Inoviem Scientific.

"On ne peut pas considérer qu'une molécule ait une seule fonction. Plusieurs interactions se combinent avec et autour d'une protéine cible", explique Pierre Eftekhari, dont la société (11 salariés) est hébergée depuis 2011 sur le campus de Strasbourg et, depuis 2013, dans les laboratoires de l'Isis, l'Institut de science et d'ingénierie supramoléculaires fondé par le prix Nobel Jean-Marie Lehn.

Deux ans de recherche pour le prototype de PIMS

La mise au point du prototype du robot PIMS, assemblé par l'intégrateur bas-rhinois Streb & Weil, a mobilisé plus de deux années de recherche et de mise au point. Une première levée de fonds de 1 million d'euros auprès du FCPR régional Cap Innov'Est et de BPI France a permis de financer cette phase de développement.

"Nous avons demandé une rallonge de 300.000 euros à Cap Innov'Est pour finaliser notre projet de déménagement", annonce Frédéric Perraud, directeur financier d'Inoviem Scientific.

L'entreprise intègrera prochainement des locaux plus vastes (500 mètres carrés) situés sur le pôle d'innovation d'Illkirch-Graffenstaden, en banlieue sud de Strasbourg.

Adapter les prix aux capacités du marché

Le développement commercial, en prestation de services sur contrat et en recherche à façon, permettra d'équilibrer les comptes dès 2017 avec un chiffre d'affaires prévisionnel de 1,8 million d'euros. La clientèle se compose de petites sociétés technologiques, de grands laboratoires publics (CNRS et Inserm) ou d'industriels de la pharmacie matures comme le Suisse Actelion (à Bâle).

Reste à adapter les prix des robots aux capacités du marché.

"Le coût de production actuel du robot PIMS est estimé entre 250.000 et 500.000 euros, pour un prix de vente entre 1 million et 1,5 million d'euros", reconnaît Pierre Eftekhari.

Inoviem Scientific entend aussi produire une machine plus petite, utilisable par le médecin généraliste dans son cabinet.

"Nous espérons d'ici cinq ans devenir le leader en identification de cibles pour des tiers dans la recherche pharmaceutique", résume Pierre Eftekhari.

La définition de la stratégie commerciale attendra 2017. Le bureau en Allemagne, ouvert début 2015 à Francfort, a déjà été refermé.

"L'Europe reste prioritaire dans notre développement", prévient Frédéric Perraud.

En relais de croissance, Inoviem Scientific travaille déjà sur un projet d'aorte artificielle, sous contrat avec une société d'accélération du transfert de technologies (Satt), Conectus Alsace, ainsi qu'avec le CNRS.

Olivier Mirguet, journaliste correspondant Grand Est

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Commentaire 1
à écrit le 06/11/2016 à 2:18
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Bonjour, Merci de corriger quelques erreurs de syntaxe dans l article. Il s agit de pharmacie, non de medecine! Cdlt

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