Bordeaux se rêve en métropole durable

Celle que l'on a longtemps appelée la « belle endormie » est en pleine mutation. Classée au patrimoine de l'Unesco depuis 2007, elle veut changer d'échelle et vise le million d'habitants d'ici 2030 dans son agglomération. Sans amputer les espaces naturels. Le président PS de la Communauté urbaine de Bordeaux, Vincent Feltesse, veut construire une ville « durable », en densifiant l'habitat autour des transports publics. Il s'apprête à lancer une première phase de 50 000 logements
L'un des projets pour l'agglomération.DR

Le rêve français du pavillon avec jardin a poussé les ménages modestes à s'éloigner ces dernières années de la ville-centre. L'agglomération bordelaise n'a pas échappé la règle et n'a pas su enrayer le phénomène. L'arrivée du tramway n'a rien changé. Au contraire, car l'offre de logements est bien loin de satisfaire la demande. Résultat, le m2 se négocie aujourd'hui aux alentours de 3 200 euros et la rocade bordelaise est désormais l'une des trois plus embouteillées en France. Deuxième constat, « pendant dix ans, depuis les grands travaux d'urbanisme, les promoteurs ont tiré parti de la dynamique de l'agglomération. Ils ont construit partout, parfois un peu n'importe comment », déplore Christine Bost, vice-présidente de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB), en charge de l'urbanisme.


Arc en Rêve, de nouvelles procédures pour construire vite et mieux


Partant de là, « la CUB reprend la main et veut rendre son agglomération plus accessible aux jeunes couples dans les années à venir », avance-t-elle. Pour lutter contre l'étalement urbain et inventer des « procédures moins longues, moins coûteuses qu'aujourd'hui », Vincent Feltesse, le président de la CUB, a demandé à cinq équipes d'architectes-urbanistes de dire où et comment il est possible de construire rapidement 50 000 logements de « qualité » près des transports «doux». Sans toucher aux espaces verts. Leur travail, fruit d'une réflexion de 18 mois, est présenté en ce moment par le centre d'architecture bordelais « Arc en rêve », dans l'exposition, « 50 000 », jusqu'au 21 novembre.


476 hectares de friches


L'opération est en marche. 5 000 logements doivent être mis en chantier en 2013. En avril, la CUB a déjà créé une société publique locale. Au total, l'agglomération devrait accueillir 300 000 habitants supplémentaires d'ici 2030. Pour cela, la future métropole a un avantage de taille. De la Garonne, de Bordeaux-Nord jusqu'à la gare Saint-Jean, elle dispose de 476 hectares de friches industrielles, militaires ou de terrains libres. Un privilège rare aujourd'hui pour une agglomération de cette envergure. « Pour réinventer la ville, il faudra un vrai partenariat public-privé, mais aussi entre habitants, élus », prévient Francine Fort, directrice d'Arc en rêve. Vincent Feltesse, qui est aussi président de la Fédération nationale des agences d'urbanisme, se prend déjà à rêver : « c'est la décennie bordelaise ». Le dynamisme démographique de Bordeaux (+8% depuis 1999) plaide en sa faveur. D'ailleurs, elle vient d'être classée première ville française où il faut investir dans l'immobilier neuf. Et, les projets d'envergure fourmillent : le quartier d'affaires Euratlantique près de la gare (3 milliards d'euros d'investissements : 300 000 m2 de bureaux, 40 000 m2 de commerces, 15 000 nouveaux logements), la ligne à grande vitesse (LGV) Tours-Bordeaux, construction de deux nouveaux ponts...


Une vision d'une ville plus « durable » et « accessible » partagée à gauche comme à droite


Les grands élus locaux de gauche et de droite partagent la même vision d'une ville qui doit être plus « durable », « humaine » et « accessible », « mixant » habilement logements, équipements publics, bureaux et commerces. « 55% de tous les nouveaux logements seront « aidés » », promet Alain Juppé, le maire UMP de Bordeaux. A la rentrée, il va inaugurer la première tranche de son éco-quartier, « Ginko », sur les berges de Bordeaux-Lac, qui préfigure la ville de demain. A terme, 6 000 personnes y habiteront, entourées de 20 000m2 de commerces, de 25 000 m² de bureaux, et de 40 000 m² d'espaces verts, à deux pas du tramway. Dans un livre d'entretien avec le sociologue Jean Viard récemment publié, Vincent Feltesse, le répète à l'envi : « d'ici à 2020, c'est à Bordeaux que ça va se passer ». Mais, l'essai reste encore à transformer.
 

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Commentaires 2
à écrit le 15/07/2012 à 23:39
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Bordeaux est en train de devenir une ville cauchemard boboïde... Rien n'y est fait poru servir les citoyens qui sont devenus des ennemis, mais pour satisfaire les egos et autres danseuses d'un mode politiuqes pourri. Le seul problème est qu'il n'y a ...

le 06/09/2012 à 21:57
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Tu dis "Tous les entrepreneurs que je connais s'exilent hors de la CUB" ..Pour aller ou ? à Arcachon ? à Paris ? ... Mais surtout pourquoi ??? l'impôt sur les société, le droit du travail y est le même qu'ailleurs qu'est ce qui fait ce "cauchemard" d...

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