Les Basques français victimes de la concurrence déloyale des... Basques espagnols

Fortement touchées par la crise économique dans leur pays, les entreprises espagnoles du bâtiment viennent chercher des contrats dans l'Hexagone. «Ils cassent les prix (-30%) et ne respectent pas notre législation », dénoncent les professionnels du secteur en France. Ces derniers ne décolèrent pas contre « l'attitude » des collectivités locales qui leur attribuent des marchés. Conséquence, plusieurs sociétés françaises vont licencier d'ici la fin de l'année
Le bord de mer d'Hendaye ou se sont joués des marchés importants

La guerre est déclarée entre le bâtiment basque français et basque espagnol. Une raison : depuis le début de l'année, plus de 8 millions d'euros de marchés publics de peinture ont été captés par des entreprises espagnoles dans les Pyrénées-Atlantiques, près de la frontière. Une autre : un tiers de la rénovation (soit 1,3 million d'euros) du front de mer d'Hendaye a été attribué au groupe espagnol Altuna y Uria. Etc... Explication: à qualité égale, les entrerprises ibériques proposent des tarifs inférieurs de 30% en moyenne. Au grand dam des patrons locaux. « Ces entreprises paient leurs salariés au salaire minimum mensuel espagnol, soit seulement 750 euros. Souvent, elles déclarent un salarié en France et le reste en Espagne. Or, la réglementation européenne stipule que, dès lors qu'un marché dure plus de trois mois, la société doit respecter les règles sociales et la loi du pays où elle travaille », fustige Patrick Lacarrère, secrétaire général de la fédération BTP dans les Pyrénées-Atlantiques. Autre problème, « les Espagnols multiplient les heures, en s'affranchissant totalement du code du travail français », poursuit-il.


Des actions en justice contre des collectivités ayant choisi des entreprises espagnoles


« Nous en avons surtout après les collectivités locales qui ne devraient pas leur attribuer des marchés, car ils ont l'obligation de respecter le code des marchés publics », lâche-t-il. La fédération BTP du 64 a donc engagé deux procédures judiciaires devant le tribunal administratif de Pau contre la mairie d'Anglet et la Chambre des métiers de Bayonne. Ces dernières ont fait travailler des entreprises espagnoles respectivement sur une salle de spectacles et la rénovation du Centre de formation professionnelle des adultes.
La mairie d'Anglet se défend en disant que « les salariés qui interviendront sur le chantier seront affiliés au régime français. En outre, l'offre espagnole n'était pas anormalement basse en termes de prix et s'est révélée proche de l'estimation faite par la ville ». La collectivité en veut pour preuve que le tribunal a débouté le groupe Eiffage, qui avait engagé un recours avec le soutien de la fédération du BTP. Par ailleurs, « l'attribution du marché de la salle culturelle d'Anglet à Altuna y Uria ne concernait que le gros-?uvre soit 25% du marché total, et sur ces 25%, compte tenu de la sous-traitance à des entreprises françaises, la part d'Altuna y Uria représentera au final à peine 16 % du coût des travaux », précise la Ville.
Sauveur Lagourgue, le président de la Chambre des métiers, rappelle, quant à lui, qu'à la suite de deux appels d'offres pour la peinture (le premier fut infructueux), il n'y avait plus en lice qu'une entreprise bayonnaise et une espagnole. « L'entreprise espagnole était moins chère et remplissait tous les critères, contrairement à son concurrent français. Sa régularité a été contrôlée », assure-t-il. En fait, « c'est surtout que le marché se rétrécit. Il est vrai qu'il y a de quoi s'inquiéter lorsque l'on voit des groupes comme Vinci candidater sur des chantiers à 10 000 euros », estime-t-il.


250 à 300 emplois supprimés dans le secteur d'ici la fin de l'année dans le département


« Tout ceci se fait aux dépens de la main d'?uvre locale », regrette Jean-Marc Joanteguy, président de la chambre syndicale des peintres du département. « Les référés en justice vont être longs. En attendant, des entreprises vont fermer. Nous sommes très inquiets », dit-il, préoccupé. « Les entreprises espagnoles sont d'abord venues prendre les marchés de peinture, car il y a moins de matériel à apporter. Maintenant, elles viennent de loin et nous voyons débarquer les électriciens, les plâtriers », décrit-il. Depuis le début de l'année, ce patron d'une entreprise de peinture de 30 salariés a dû baisser ses prix de 15% pour « préserver l'emploi ». « Mais, à la rentrée, je vais avoir 10 employés en trop. Il va falloir que je licencie et je suis loin d'être le seul », explique-t-il, pessimiste pour l'avenir. Jusqu'à présent, le bâtiment avait plutôt bien résisté à la crise. Au total, d'ici la fin de l'année, 250 à 300 personnes devraient perdre leur travail. Au niveau national, selon les estimations de la Fédération nationale des travaux publics (FNTP), 6 000 emplois sont susceptibles de disparaître, à cause de la « concurrence étrangère déloyale ».
 

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Commentaires 18
à écrit le 13/06/2013 à 9:08
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Sur la région parisienne nous sommes investies de la concurrence déloyale du Sud notamment énormément de portugais avec des prix à nous mettre tous à la rue

à écrit le 11/11/2012 à 19:15
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Back to the 70's.....!!!! Sauf que la situation n'est pas la même! Qu'est ce que la France va devenir! A cause de cette crise espagnole, aujourd'hui les Français n'ont plus de travail....!! mais tout est LEGAL! Normal quoi...!!!

à écrit le 08/09/2012 à 10:38
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C'est la vie ... pour ceux qui croient que la mondialisation n'est que benefices et richesse (enfin pour certains) , bah non ... pour payer des salariés au tarif Espagnol (voir Chinois pour certains patrons rêveurs) ... il n' y a pas besoin de patron...

à écrit le 01/09/2012 à 12:37
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il y a eu trop d'abus sur les marges, même ici dans le nord-est les entreprises luxembourgeoise, moins cher, font du BTP en france alors, que les salariés touche beaucoup plus que les français et travail mieu... ;)

à écrit le 29/07/2012 à 14:43
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resultat du manque de travail pour les gros groupes: Ils font des chantiers à"10 000" euros, ce qui correspond à des chantiers de particuliers et moi, qui ne fait que ca, je ferme me société car ils cassent aussi les prix pour les avoir. Nous ne fai...

à écrit le 23/07/2012 à 23:39
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Même en Europe on nous trouve trop cher et pourtant le SMIC vient d'être relevé!!!!!!!!! il faut dire qu'il vaut mieux être patron partout en Europe ou à l'extérieur SAUF EN FRANCE, un côté maso à l'être mais bon "j'adore souffrir et surtout qu'on m...

à écrit le 22/07/2012 à 21:36
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qu ils viennent casser les prix parisiens !

à écrit le 21/07/2012 à 16:25
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Les pays d'Europe du Sud pratiquent la seule dévaluation possible dans le cadre de l'Euro: ils baissent leurs coûts et leurs prix. L'Europe du Nord est déjà compétitive. Seule la France du président Normal prétend ne pas remettre en cause son "modèle...

le 23/07/2012 à 23:43
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Tout à fait d'accord: le marché du travail français va s'en mordre les doigts, coocoonons et recroquevillons nous sur notre système social et antique style CGT préhistorique et on va se marrer un coup ! m'en fous les jeunes intelligents fouteront le...

à écrit le 20/07/2012 à 11:19
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Ce qui est amusant c'est que certaines de ces mairies qui font travailler les espagnols sont des municipalités "socialistes" .Et ces messieurs sont des donneurs de leçons .Puisque l'on peut faire travailler des entreprises espagnoles ,pourquoi ces Es...

le 08/09/2012 à 10:36
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Ils appliquent les bonnes règles de bonne gestion , ils ne dépensent qu'au moindre cout ... Pourquoi devraient ils dépenser sans compter pour se le faire reprocher après ... par les mêmes qui veulent qu'ils dépensent sans compter ....

à écrit le 20/07/2012 à 9:33
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Eh, oui, tant qu'il n'y aura pas d'union sur la fiscalité et les charges sociales, c'est ce qui nous attends. Et cela ne risque pas de s'arranger puisque le gouvernement actuel pari sur une hausse des charges sociales et des impôts sans pour autant t...

à écrit le 18/07/2012 à 11:55
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Je pense que les collectivités locales ont flairé l'aubaine; elles qui naguère dépensaient "sans compter" peuvent désormais faire de vraies économies en toute solidarité avec nos voisins espagnols.

à écrit le 18/07/2012 à 10:40
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les entrepreneurs Français vont etre enfin obligés de faire du bon travail à un prix correct !!! par contre, ils peuvent déjà passer une annonce pour revendre le porsche cayenne .... que du bonheur ce genre de nouvelle !

à écrit le 18/07/2012 à 10:25
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aprés le plombie polonais , le maçon espagnol ..... Merci l'europe et nos politiques incapables....

à écrit le 18/07/2012 à 10:20
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Les artisans locaux ont pris l'habitude ces dernières années de "marger" à bloc avec une qualité souvent pas à la hauteur. J'ai fait travailler un artisan peintre local : au bout de 2 ans la peinture saute, je lui téléphone et il me dit texto : " je...

à écrit le 18/07/2012 à 10:03
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combien de construstructeur n'ont pas livré pendant des décénies des trucs pourris à un prix indécent ! l'attérissage sur terre va faire mal ! hahahhah bye bye les winners . by the way cette concurrence va bien entendu toucher tout les secteurs de l'...

le 19/07/2012 à 22:05
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je crois que vous avez raison on tire tout vers le bas mais doucement ce qui ne donne pas l'impression de tomber pourtant on y va ... vers le bas

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