Dans les Landes, Europlasma transforme les déchets industriels en électricité.

La première centrale de production par valorisation de déchets et de biomasse forestière vient d'être inaugurée par Europlasma. Cette unité unique au monde va permettre d'éclairer 50 000 personnes en recyclant 50 000 tonnes de déchets par an.
Didier Pïneau. DR

« D'ici l?automne 2013, 50 000 habitants des Landes, un sur sept, seront alimentés en électricité grâce à notre usine, qui va valoriser 50 000 tonnes de déchets et de biomasse forestière », annonce fièrement Didier Pineau, PDG d?Europlasma. Créé en 1992, ce groupe, coté au second marché depuis 2009, regroupe quatre sociétés dans l'environnement et emploie 280 personnes. Il vient d?inaugurer à Morcenx, dans les Landes, une usine, CHO-Power, de 18 000 m2, qui devrait révolutionner le monde du recyclage. Son procédé est unique et breveté. Il s'agit de gazéifier les déchets industriels banals (tout sauf les produits dangereux) et le bois, puis de « cracker » les goudrons qui en sont issus. Le tout avec une torche à plasma. Chauffés à haute température (3 000 degrés) dans une atmosphère sans oxygène, les déchets ne sont pas brûlés et le combustible obtenu permet de produire de l'électricité, revendu à EDF, une fois passé dans les moteurs à gaz.


Une technologique moins chère pour traiter les déchets industriels et mieux les recycler


L'exploitation commerciale de cette usine à mi-puissance débutera à l'automne. Elle devrait atteindre une production de 12 mégawatts d?ici un an et employer 25 personnes. L?ensemble comprend l'unité CHO-fuel (déchets et plaquettes forestières) déjà en fonctionnement, l'unité de production d'électricité et le système de valorisation de la chaleur (un séchoir multi usages de 5 000 m²). Si les rendements attendus se concrétisent, cette technologie est appelée à se développer rapidement dans le monde entier. Pour des raisons écologiques, mais aussi économiques. « Aujourd'hui, seuls 20 % des déchets industriels banals sont revalorisés dans les incinérateurs traditionnels. Ici, nous aurons un rendement de 40 % », met en avant Didier Pineau, ingénieur de formation. Autre argument de taille, actuellement, transformer une tonne de déchet avec le plasma coûte 60 euros, contre 70-75 euros dans une décharge classique. Une différence qui s?explique par la taxe générale sur les activités polluantes, non applicable au recyclage par cette technique, plus respectueuse de l?environnement. Enfin, la ressource nécessaire à la production d?électricité est infiniment renouvelable.

En France, un marché de 11 milliards d?euros


Ce projet s'inscrit dans une dynamique environnementale globale. L'eau chaude des circuits sera récupérée par Rougeline, un important groupement de producteurs de tomates, pour chauffer 17 hectares de serres sur un site, qui sera construit à proximité et pourrait employer 160 personnes. « Les agriculteurs nous disent qu?en réalisant ces économies d?énergies, ils seront capables de concurrencer les tomates venant d?Espagne », rapporte Didier Pineau. La matière première ne risque pas de manquer. Dans les Landes, 280 000 tonnes de déchets industriels banals sont à recycler chaque année. Le marché est colossal : « ne serait-ce qu?en France, il faudrait fabriquer 280 usines pour répondre à la demande. Et, une usine vaut 40 millions d?euros. Ce qui représenté un marché potentiel de 11,2 milliards d?euros », s?enthousiasme Didier Pineau. En 2011, Europlasma a réalisé un chiffre d?affaires de 58 millions d?euros contre 40,8 en 2010.


Objectif : être leader en Europe


A l?évidence, cette PME semble promise à un bel avenir et jouit de multiples soutiens. Cette première usine a été financée par un fonds anglo-saxon, souhaitant rester anonyme, qui a accepté de la financer à hauteur de 27 millions d'euros. Le groupe Europlasma, quant à lui, a investi 3 millions d'euros et possède 25% des parts. Le reste est apporté par le Crédit agricole d'Aquitaine pour 6,2 millions d'euros et des subventions publiques (Conseil régional d'Aquitaine, Conseil général des Landes et l'État). C'est la première étape d'une « stratégie de conquête énorme », avance Didier Pineau, qui nous confie travailler actuellement sur 75 projets en France, dont une quinzaine activement. « Nous ciblons plusieurs marchés en Europe, en Belgique, aux Pays-Bas, au Bénélux et en Grande-Bretagne », poursuit-il. En outre, dans les îles telles Saint Barthélémy, Caïmans, les autorités locales réfléchissent à des projets. « L?idée est d?utiliser les déchets des touristes pour produire de l?électricité et ainsi mieux protéger l?environnement ». En Europe, Didier Pineau sait qu?il a une longueur d?avance sur ses potentiels concurrents. Il se prend déjà à rêver d?être propriétaire à 100% de ses usines, d?avoir de « gros moyens » financiers. Mais, « nous n?en sommes pas encore là », précise-t-il, prudent, mais plein d?ambitions.
 

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 10/08/2012 à 15:56
Signaler
Dans les Landes, là où il y a beaucoup de bois; donc en gros, c'est une centrale à bois, comme nos vieille poêles à bois, ils vont au début vivre des copeaux de bois et des arbres non vendables puis, au bout d'un moment, il n'y aura plus assez à brû...

à écrit le 08/08/2012 à 15:30
Signaler
Ca fait plaisir des boites innovantes, ca change de PSA et autres société du CAC.... En plus c'est ecolo et plein de promesse. Dommages que cette société n'ai pas trouvé d'investisseurs Français (vs fond anglo-saxon) En meme temps on est pas encour...

à écrit le 07/08/2012 à 11:33
Signaler
j'aime

à écrit le 31/07/2012 à 22:53
Signaler
ça va être énorme ! Sita partenaire financier dans un "futur proche" ... et cho-power va essaimer (décentralisation de destruction de déchets et résidus de biomasse et production d'électricité et eau chaude) dans toutes les régions et département par...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.