Voitures électriques : Evtronic en pôle position pour les bornes de recharge

Par Nicolas César, à Bordeaux, Objectif Aquitaine  |   |  569  mots
Pulse 50, la nouvelle borne de recharge électrique rapide d'Evtronic, mise au point avec l'équipementier pétrolier bordelais Lafon, permet 40 km d'autonomie en 10 minutes seulement de branchement. ©dr
La voiture électrique a été l'une des grandes stars du dernier Mondial de l'Automobile : la piste réservée aux voitures électriques et hybrides a donné lieu à 8 000 essais, soit plus du double par rapport à l'édition 2010. De quoi nourrir les espoirs de croissance pour Evtronic, une start-up bordelaise qui figure parmi les leaders européens des bornes de recharge électrique.

Si l'on entend parler du véhicule électrique depuis des années, son développement tardait cependant à se concrétiser. Mais la hausse des prix des carburants, des réglementations plus contraignantes en matière de rejets de C02 et l'évolution des consommateurs, plus soucieux d'environnement, ont conduit les constructeurs automobiles (Citroën, Renault, Mitsubishi, Nissan, etc.) à franchir le pas. Autre signe d'un marché en développement : de nombreuses collectivités locales et territoriales souhaitent développer des solutions d'autopartage à base de véhicules électriques. L'Ademe vient de lancer un appel d'offres en ce sens. Et, par exemple, la mairie de Bordeaux envisage de déployer des bornes de charge électrique dans la ville dès 2013. Pour Eric Stempin, directeur d'Evtronic, c'est donc un immense marché qui s'ouvre. Evtronic est une start up spécialisée dans la fabrication de bornes de charge pour véhicules électriques, basée à Pessac, dans l'agglomération bordelaise.
Or dans ce domaine, Evtronic affirme avoir une longueur d'avance sur ses concurrents. Dès 2007, Eric Stempin, ex ingénieur du Réseau aquitain véhicules électriques (Ravel), s'est lancé seul dans l'aventure en créant sa société. Avec le recul, ce jeune chef d'entreprise de 37 ans se dit que c'est la clef de son succès. « Maintenant, nous avons les bons produits et nous sommes bien positionnés », se réjouit-il. Les chiffres lui donnent raison. En 2010, il ne faisait que 760 000 euros de chiffre d'affaires. En 2012, Evtronic devrait atteindre les 2 millions d'euros. Eric Stempin emploie 18 salariés et devrait recruter huit nouveaux collaborateurs d'ici fin 2013. Les deux tiers des effectifs sont alloués à la R&D. Résultat, en France, Evtronic est leader du secteur et se classe parmi les toutes premières entreprises européennes du secteur.


Une borne de recharge rapide prometteuse


Cette PME propose des bornes permettant de recharger intégralement la voiture en six heures et surtout une borne de recharge rapide avec l'équipementier pétrolier bordelais Lafon. Baptisée Pulse 50, cette nouvelle borne, commercialisée depuis juin offre 40 km d'autonomie en 10 minutes de charge seulement. « Cela correspond mieux aux usages et on se rapproche du temps passé à la station essence », fait remarquer Eric Stempin. Il reste néanmoins encore un frein au développement du véhicule électrique et il est avant tout psychologique. « Les gens pensent encore qu'il faut six heures pour recharger leur véhicule, alors qu'en vérité, on fait rarement plus de 40 km par jour », déplore-t-il. Pour l'heure, les voitures électriques ne représentent que 0,12% du parc automobile dans l'Hexagone.
En attendant, Evtronic, qui compte une vingtaine de clients, se développe à l'étranger, en Espagne, dans les pays nordiques, mais aussi en Autriche, en Suisse, en Belgique. Parallèlement, la start-up mène des programmes de R&D avec certains de ses clients, comme Schneider Electric et Véolia Environnement. Une R&D qui lui a permis de mettre au point une autre innovation : la PME a réussi à gommer les défauts de ces bornes de recharge qui créaient des pics de puissance sur le réseau électrique.
Pour 2013, Eric Stempin préfère rester prudent et ne prévoir «que» 2,8 millions d'euros de chiffre d'affaires. «Du fait de la crise et des incertitudes économiques, observe-t-il, tout le monde fait attention à ses investissements. Cela retarde le décollage d'un marché, qui est prêt à exploser».