Innovation, l'Aquitaine veut plus de pouvoir

Portée par une politique régionale volontariste, l'innovation continue d'être une priorité en Aquitaine. Elle est le terreau de nombreuses créations d'entreprises et d'emplois.
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« Je le dis et le redis à Paris, il y a plus de quarante belles entreprises en France. Le sort de l?emploi, de l?innovation se joue au-delà du CAC. Il est vital de mieux faire connaître notre tissu régional, lieu où s?élabore l?économie réelle : 70 % du produit intérieur brut est réalisé hors d?Ile de France » a déclaré à Bordeaux, Jean-Christophe Tortora, président de La Tribune et d?Objectif Aquitaine, en lançant le tour de France des petits déjeuners de La Tribune intitulé : « L?innovation des PME : l?arme anti crise ». Animé par Alain Ribet, conseiller éditorial de La Tribune et Objectif Aquitaine, et par Nicolas César, correspondant de La Tribune en Aquitaine, ce petit déjeuner débat, organisé au Grand Hôtel de Bordeaux, a accueilli plus de 200 auditeurs et des intervenants d?envergure : Alain Rousset, président (PS) du Conseil régional d?Aquitaine, Gilles Capy directeur interrégional d?ERDF (Electricité réseau distribution France) Sud-Ouest, Philippe Bourdier, délégué innovation à Oséo Aquitaine, Hubert Forgeot, directeur d?Aérodrones, Didier Pineau, directeur général du groupe Europlasma et Jean-Baptiste de la Rivière, manager recherche et développement d?Immersion.

200 PME avec ERDF

« Nous sommes anciens, mais la création d?ERDF ne date que de 2008 : c?est une société anonyme publique. Notre mission c?est de s?assurer que les infrastructures de notre réseau permettent d?obtenir un équilibre parfait entre production et distribution d?électricité » a rappelé Gilles Capy. ERDF emploie 4.210 agents dans le Sud-Ouest, dont un peu plus de 2.000 en Aquitaine. Pour mener ses opérations, ERDF travaille avec plus de 200 entreprises en Aquitaine. Des PME indispensables au transporteur d?électricité qui s?apprête à faire un nouveau bond avec l?installation des futurs compteurs communicants « Linky ». 300.000 d?entre eux ont été testés et ERDF n?attend plus que le feu vert du gouvernement pour changer 35 millions de compteurs électriques en France, moyennant un investissement de 4 milliards d?euros sur cinq ans. Une opération autofinancée qui va elle aussi mobiliser un grand nombre de PME. Fondée en 2006, à Bidart, près de Bayonne, Aérodrones innove sur un marché avant-gardiste, celui des stations de contrôle au sol des drones.
« En plus de ces stations, nous élaborons avec les constructeurs la définition système des drones », résume Hubert Forgeot. Cette maîtrise du design technologique permet à l?entreprise d?offrir à ses clients des drones sur-mesure. En plus de la surveillance des réseaux et transport d?énergie, Aérodrones développe des aéronefs sans pilote ciblés sur les inspections industrielle ou agricole. Très avancée en traitement des données, l?entreprise, qui a réalisé un chiffre d?affaires de 1,9 millions d?euros en 2012, avec une vingtaine de salariés, a été primée l?an dernier pour son contrôle du vol de drones à l?aide de caméras vidéo intelligentes, sans recours à l?avionique?

Immersion grand format

Immersion, que Christophe Chartier a créé en 1994 à Bordeaux, a surfé sur l?évolution des technologies de simulation. « Tout a commencé avec le négoce de matériel orienté vers la réalité virtuelle », précise Jean-Baptiste de la Rivière. Ensuite Immersion a convaincu l?automobile de l?intérêt des salles de réalité virtuelle où l?on peut travailler sur des modèles 3D, de voiture par exemple. L?entreprise, où l?innovation est devenue une pulsation continue, vient de breveter « Cubtile », qui permet de manipuler depuis son bureau les contenus en trois dimensions restitués sur un écran. Immersion, qui emploie une trentaine de salariés, pour 6,6 millions d?euros de chiffre d?affaires l?an dernier, travaille avec des unités de pointe, comme le Laboratoire bordelais de recherche informatique (Labri), mais aussi pour les plus grands noms de l?industrie.
« Europlasma, qui a réalisé 58 millions d?euros de chiffre d?affaires en 2011, avec 250 salariés, c?est sans doute la plus vieille start-up d?Aquitaine. Elle a vu le jour en 1992 grâce à la torche à plasma que j?ai détourné de son usage de test sur les missiles pour m?en servir pour la vitrification des résidus d?épuration des fumées d?incinération des ordures ménagères » se souvient Didier Pineau, ingénieur fondateur de cette entreprise pionnière installée à Morcenx (40) et Bruges (33). Le Japon a équipé sept usines de traitement de Refiom avec cette torche. Mise en service l?an dernier moyennant 50 millions d?euros d?investissement, l?usine Cho Power, à Morcenx, qui génère de l?énergie par gazéification, devrait produire à terme 12 Mégawatts. Si les difficultés de stabilisation de la production électrique coûtent très cher à l?entreprise, Didier Pineau pense déjà aux 75 usines qui devraient pousser grâce à ce procédé.

1000 emplois en dix ans

150 projets accompagnés par an en Aquitaine, pour un financement de l?ordre de 15 millions d?euros, « sur des projets plutôt indépendants, auquel s?ajoute 5 M? en projets collaboratifs » : voilà résumé le bilan 2012 de l?action d?Oséo en Aquitaine selon Philippe Bourdier. En fait, le délégué à l?innovation a rappelé les modalités d?accompagnement des entreprises. « Nos maîtres mots sont proximité et réactivité, notre but : trouver les leviers de co-développement de l?entreprise innovante les plus adaptés » a-t-il observé. La clé de la réussite comporte selon lui trois commandements. « L?équipe de direction doit d?abord être agile pour réagir vite quand ça ne va pas. L?entreprise ne doit pas être centrée que sur la technologie mais aussi sur le marché. Et il faut développer une démarche globale incluant tous les éléments moteurs, dont le marketing » a détaillé Philippe Bourdier.
« Nous consacrons 100 à 150 millions d?euros à l?innovation, ce qui est très loin du compte quand on voit que les länder allemands ont trois ou quatre fois plus de moyens. Sans régions fortes il n?y aura pas d?entreprises de taille intermédiaire (ETI) », a-t-il averti. Alain Rousset fait de l?innovation, avec la formation, un fer de lance de sa politique régionale. Mais il reste dans l?attente d?un rééquilibrage des forces entre l?Etat et les régions. « L?innovation en Aquitaine, c?est quinze ans de travail, avec près de 1.000 emplois créés dans la filière civile en dix ans. Les entreprises se réorganisent et les administrations doivent suivre. On ne peut plus avoir de doublons ou de triplons entre les Régions et les préfectures, alors que la Répression des fraudes s?effondre par manque de moyens » s?est-il inquiété. Tout en occupant une position dynamique dans l?innovation, l?Aquitaine arriverait-elle à faire mieux grâce à une nouvelle dévolution de pouvoir de la part de l?Etat ? De nombreux dirigeants semblent le penser.

 

 

 

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Commentaire 1
à écrit le 26/03/2013 à 19:00
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il faut lire 4 milliards d'euros sur cinq ans pour le déploiement des 35 millions de compteurs.

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