Europlasma prévoit 75 usines d'ici 2020 pour transformer les déchets industriels en électricité

Par Nicolas César, à Bordeaux, Objectif Aquitaine  |   |  350  mots
Avec une torche à plasma, le procédé permet de gazéifier les déchets industriels banals (sauf les produits dangereux) et le bois, puis de « cracker » les goudrons qui en sont issus. Le combustible est utilisé dans des turbines pour produire de l'électricité. © Europlasma
Dans les Landes, cette PME a mis en service en octobre 2012 CHO-Power, première centrale de production par valorisation de déchets et de biomasse forestière. Cette unité unique au monde permettra une fois à pleine puissance (12 mégawatts) d'éclairer 50 000 personnes en recyclant 50 000 tonnes de déchets par an.

Le procédé d'Europlasma est unique et breveté. Il s'agit de gazéifier les déchets industriels banals (tout sauf les produits dangereux) et le bois, puis de « cracker » les goudrons qui en sont issus. Le tout avec une torche à plasma. Chauffés à haute température (3 000 °C) dans une atmosphère sans oxygène, les déchets ne sont pas brûlés et le combustible obtenu permet de produire de l'électricité, revendue à EDF, une fois passé dans les moteurs à gaz.
« Aujourd'hui, seuls 20 % des déchets industriels banals sont revalorisés dans les incinérateurs traditionnels. Ici, nous aurons un rendement de 40 % », met en avant Didier Pineau, son PDG. Autre argument de taille, actuellement, transformer une tonne de déchet avec le plasma coûte 60 euros, contre 70-75 euros dans une décharge classique. Enfin, la ressource nécessaire à la production d'électricité est infiniment renouvelable.

Un marché potentiel de 11,2 milliards d'euros

Pour l'heure, l'usine, qui a démontré sa capacité à atteindre la puissance de base de 6 mégawatts, peine à monter en puissance. Pour deux raisons : à cause de l'instabilité d'un équipement, acheté à un fournisseur extérieur, et du gel, qui a endommagé cet hiver la chaudière de l'installation. Résultat, la production est à l'arrêt depuis mars et devrait reprendre dans quelques jours.
Didier Pineau reste confiant et parle de problèmes « passagers » liés à la mise en place d'une technologie complexe. Si les rendements attendus se concrétisent, c'est un énorme marché qui s'ouvre : « Ne serait-ce qu'en France, il faudrait fabriquer 280 usines pour répondre à la demande. Soit un marché potentiel de 11,2 milliards d'euros », indique Didier Pineau. En 2011, Europlasma a réalisé un chiffre d'affaires de 58 millions d'euros contre 40,8 en 2010.
C'est la première étape d'une « stratégie de conquête énorme », avance Didier Pineau. Si cette usine pilote fait ses preuves, huit autres installations similaires devraient voir le jour prochainement en France et en Angleterre. A l'horizon 2020, il espère installer 75 usines. « Nous ciblons plusieurs marchés en Europe et en Asie (Japon, Taïwan et Chine), grâce à un partenariat avec le Japonais Kobelco », souligne-t-il.