Bordeaux : "Partir des envies des habitants"

Le Grand Tour Cité Verte de la Tribune continue. Cette fois, c'est à Bordeaux qu'il fait escale...
De gauche à droite : Vincent Tricaud, Marion Vaconsin, Pierre Anquetil, Michel Audouy, Damien Provendier. LA TRIBUNE

Il était presque naturel que le Grand Tour Cité Verte s'arrêtât à Bordeaux. Depuis quelques années, la métropole girondine a changé de statut. Elle incarne aujourd'hui une vision différente de la ville, à la fois en prise avec la modernité, à l'aise avec son patrimoine historique, et réconciliée avec la Garonne, dont les rives réaménagées constituent aujourd'hui une sorte de symbole de la façon dont Bordeaux gère sa relation avec la nature. Le 9 juillet dernier, le Grand Tour Cité Verte faisait donc halte dans les salons de la mairie de Bordeaux, afin de relancer la discussion ouverte à Val Maubuée, Lyon, Nice et Le Havre, sur les enjeux du végétal dans la ville.

D'emblée, Michel Audouy, Président de la Commission des métiers des paysages de Val'hor, a rappelé l'importance de concevoir le développement de la ville d'une façon différente, d'y intégrer les "vides", c'est-à-dire, les espaces non construits car, dit-il, "l'enjeu de la ville de demain n'est plus seulement architectural, il est aussi un enjeu de société où le citoyen s'empare de l'avenir de sa cité." Il y a donc nécessité de penser la ville par le paysage, notamment dans l'espace périurbain qui est appelé à se densifier.

Le végétal, un facteur de lien social

Si le végétal en ville est devenu un enjeu de société, comment en mesurer concrètement les effets positifs, en dehors des intuitions ou du simple bon sens, afin que les décideurs aient à leur disposition des indicateurs plus précis leur permettant d'effectuer des choix d'investissements mieux adaptés à leurs besoin? Répondre à cette question est le travail de Damien Provendier, ingénieur écologue, spécialiste de la biodiversité et des paysages, et chargé de mission à Plante & Cité, l'association qui travaille justement sur les apports et la gestion du végétal en ville.

Damien Provendier et les équipes de Plante & Cité ont analysé l'ensemble des études françaises et internationales sur les bienfaits du végétal afin de tenter d'en déduire un certain nombre d'indicateurs sur la façon d'intégrer le végétal en fonction des effets positifs que l'on recherche. "Il apparaît très clairement que le végétal améliore la santé, apporte davantage de biodiversité dans la ville, mais est aussi un facteur de lien social" explique-t-il. Sans parler des effets produits par les arbres en matière de baisse des températures ou des espaces naturels lorsqu'il s'agit d'empêcher les inondations.

L'entretien des espaces confié aux habitants

A Bordeaux, Marion Vaconsin, architecte paysagiste, Vice-présidente de la FFP Aquitaine, travaille justement sur un quartier jusqu'à présent peu favorisé du point de vue de la présence du végétal, Joliot Curie.

"Dans ces cas-là, il faut essayer de retrouver l'histoire des sols et de la géographie du lieu. Nous sommes dans un méandre de la Garonne, dans une culture du paysage des marais, et il importe de retrouver une continuité, par une succession d'espaces végétaux de nature et de fonction différentes" explique-t-elle.

Son projet est en cours d'étude et comporte aussi un volet important dédié à son entretien et à sa pérennité, qu'elle souhaiterait voir confiés aux associations locales de résidents. Une idée qui retient tout à fait l'intérêt de Pierre Anquetil, paysagiste à la ville de Bordeaux.

"C'est une nécessité que les habitants prennent en partie en charge la question du végétal, si l'on veut que le paysage soit durable. Notre politique à Bordeaux consiste à partir des envies des habitants et du sens de l'invention des professionnels".

 

Gagner des espaces dédiés au végétal

Quant à Vincent Tricaud, architecte paysagiste et également Vice-président de la FFP Aquitaine, et qui conduit plusieurs projets à Bordeaux et dans d'autres villes de France comme la Rochelle et Tours, il insiste sur les conditions dans lesquelles seront placées les végétaux et en particulier, les arbres.

 

"Il faut une coordination entre les professionnels du paysage et les équipes techniques des villes afin que les arbres disposent de suffisamment d'espace dans le sous-sol {...} Il faut essayer de gagner des espaces dédiés au végétal, sous terre mais aussi dans l'espace".

 

Enfin, Michel Audouy a rappelé à l'auditoire, en guise de conclusion, que lors des Rencontres André Le Nôtre à Versailles, organisées par Val'hor début juillet, le Prix International André le Nôtre a été décerné à Michel Corajoud pr l'ensemble de son œuvre, parmi laquelle figurent les berges de la Garonne.

 

Débats animés par François Roche pour La Tribune

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