« Nous pensons à la constitution d'ensembles supra-départementaux »

[ #Regionales 2015 ] Entretien avec Thibaut Richebois, directeur général adjoint au développement économique et à l'emploi de la région Aquitaine.
Thibaut Richebois, directeur général adjoint au développement économique et à l'emploi de la région Aquitaine

LA TRIBUNE - Comment se déroule la coopération avec vos homologues de Limousin et de Poitou-Charentes ?

THIBAUT RICHEBOIS - Elle s'inscrit notamment dans le cadre des priorités communes votées par les Régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes en juin dernier. Nous avons tout d'abord fait connaissance et nous sommes désormais en contact très régulier.

Sur quel sujet avez-vous commencé à travailler ?

Nous avons entamé un diagnostic des trois régions en termes d'emplois, de filières économiques, de pôles de compétitivité... afin de réaliser une première photographie de ce qu'est la grande région. Nous avons ensuite dressé un état des lieux des politiques économiques menées dans chacune des trois régions.

Qu'avez-vous appris de cette étude comparative des politiques économiques ?Certaines sont convergentes, comme la priorité accordée à l'innovation et aux politiques de filières. Tout le monde comprend aussi l'intérêt de massifier les moyens d'intervention en fonds propres destinés aux entreprises.

L'Aquitaine a créé un outil de pilotage des fonds, Aquiti, et cette mécanique d'intervention financière à court et moyen termes est très lisible pour tous. Les trois mots-clés partagés par les régions sont : innovation, filières et fonds propres. Mais le soutien à l'économie sociale et solidaire et aux TPE constitue également une priorité partagée.

Quels sont les points de divergence ?

Les différences d'approches se situent principalement dans les modes d'organisation et les processus. En Aquitaine par exemple, enseignement supérieur et recherche appartiennent au pôle du développement économique, alors que dans les deux autres régions ils dépendent de la formation.

Y a-t-il un risque majeur qui fasse l'unanimité ?

La future région, qui aura la même taille que l'Autriche, sera tellement grande que tout le monde a compris qu'il était vital de travailler sur la proximité. Le grand défi économique est de mettre en place une vraie stratégie régionale, avec une politique cohérente et une philosophie commune. Et cette démarche doit s'accompagner d'un travail de proximité maximal avec les acteurs locaux, pour éviter de sombrer dans la centralisation.

Les trois régions ne sont pas homogènes, comment leurs territoires vont-ils pouvoir se rapprocher ?

Ce sont des thématiques sur lesquelles nous travaillons sans arrêt. Notre objectif est d'avoir les schémas les plus stables et les plus efficaces à l'échelle territoriale. Il y a tout d'abord un travail de mise en fédération des acteurs des trois régions appartenant aux filières prioritaires qui ont été identifiées, comme la chimie verte, et des discussions ouvertes entre les pôles de compétitivité Route des lasers, en Aquitaine, et Elopsys, en Limousin. Ce que montrent nos travaux, c'est que, pour fonctionner, la future grande région va devoir s'appuyer sur de nouveaux sous-ensembles qui n'existent pas.

Quels sous-ensembles, précisément ?

Je tiens tout d'abord à rappeler qu'il s'agit de travaux préparatoires, c'est l'assemblée plénière et le futur exécutif qui trancheront. Nous avons travaillé en intégrant les conséquences de la loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la République), qui retire aux départements leur compétence économique, ce qui oblige à repenser l'espace. Nos réflexions portent ainsi sur la constitution de sous-ensembles régionaux évoluant à une échelle supra-départementale.

Alors pas question de s'articuler sur les 12 départements de la grande région ?

Nous réfléchissons à des sous-ensembles plus vastes que les départements. Un nouveau territoire émerge et, avec 84. 000 km2, il est vraiment massif. Ce qui implique un énorme risque d'accélération des déséquilibres territoriaux. Les régions Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes vont cesser d'exister et c'est à l'échelle supra-départementale qu'il convient, selon notre groupe de travail, de redessiner les territoires.

À partir de réalités fonctionnelles, comme les déplacements domicile-travail, les flux logistiques, etc. L'idée consiste à déployer un nouveau maillage capable d'intégrer des territoires hétérogènes tout en restant fonctionnel.

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