Jeremy Rifkin : «La Bretagne doit devenir une région pilote du développement durable»

Par Pascale Paoli-Lebailly, à Rennes  |   |  492  mots
DR Jeremy Rifkin, à Rennes, lors des rencontres Viva-Cités.
Très écouté par la Commission européenne, par certains chefs d'Etat et des personnalités politiques dont Angela Merkel, l'économiste américain conseille aussi les territoires. Avec les élus de l'agglomération de Rennes, le chantre de la Troisième révolution industrielle a planché ce week-end sur "l'invention" de la métropole de demain.

Pour sa première intervention en France auprès d'une collectivité territoriale, Jeremy Rifkin a posé un regard plutôt favorable sur les orientations menées par la métropole rennaise en matière de développement. « La Bretagne a lancé un certain nombre de programmes et d'initiatives notables en faveur du développement durable. Elle doit s'en servir pour définir un schéma directeur et devenir une région pilote ». C'est ainsi que ce spécialiste de la prospective économique, a résumé lundi, auprès de la presse, la réunion de travail qu'il venait de tenir avec une quarantaine d'élus et de partenaires économiques de l'agglomération rennaise et de Bretagne. Au cours de cet échange auquel ont ainsi assisté, des représentants de grands groupes comme Total, Suez Environnement, Orange, du pôle Images & Réseaux ou de Bretagne Développement international, Jeremy Rifkin a confronté les actions de la capitale bretonne à sa théorie de la Troisième révolution industrielle. Sous l'?il d'un observateur de la Commission européenne, qui a déjà adopté une première préconisation - réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre - il est revenu sur les cinq piliers de la vision qu'il défend dans son dernier ouvrage (Editions LLL).

"Il faut quitter le carbone d'ici à trente ans"

« Nous sommes à un moment charnière. Tout ce qui dépend du pétrole et des énergies fossiles, très chères, n'est plus tenable. Il faut quitter le carbone d'ici à trente ans. La Troisième révolution industrielle sera l'ère de l'énergie verte, de la décentralisation, de la communication horizontale et collaborative. » En clair, de même qu'Internet a démocratisé la diffusion de l'information, il va démocratiser la distribution de l'énergie, estime Jeremy Rifkin. Sur fond de séisme économique et de changements climatique, le prospectiviste milite pour un internet de l'énergie fondé sur le recours aux énergies renouvelables (soleil, vent, marées, etc.). Dans les 20 prochaines années, les bâtiments existants doivent devenir des structures produisant leur propre énergie. « Fer de lance de ce modèle, l'Allemagne a déjà transformé 1 million de bâtiments et créé 310 000 nouveaux emplois », observe Jeremy Rifkin. La clef du système repose toutefois sur le stockage et le transport de cette énergie verte : à la manière d'internet, en vue d'un partage et d'une redistribution à bas coût vers les voitures, les bus...
Dimanche soir à Rennes (*), Jeremy Rifkin avait expliqué son ambition d'un nouveau modèle économique et d'un ordre social plus démocratique et collaboratif, auprès d'un public de 800 personnes. Parmi lequel, beaucoup de jeunes : ils sont « sensibles à cette notion de pouvoir horizontal et décentralisé car habitués au partage de données (peer to peer) », sourit Jeremy Rifkin.

(*) Dans le cadre de Viva-Cités, semaine de rencontres et de débats autour du projet communautaire