Rennes se redessine pour devenir une écocité

Par Pascale Paoli-Lebailly  |   |  938  mots
Maquette de l’aménagement, côté nord, autour de la future gare, appelée « Pôle d’échanges multimodal », EuroRennes./ DR
Dans la capitale bretonne, le développement durable s'intègre à la politique urbaine. Objectifs : encourager la proximité et l'écomobilité, assurer la mixité des logements, des lieux de travail et des services.

Championne des villes françaises où il fait bon vivre, Rennes est aussi la troisième cité, après Toulouse et Montpellier, pour la croissance démographique : chaque année, l'agglomération compte 6.000 habitants de plus et, en dix ans, le nombre d'emplois a grimpé de 13%. Forte de 416.000 habitants, dont 207.000 Rennais, actuellement répartis sur 38 communes (43 à compter du 1er janvier 2014), l'agglomération devrait atteindre 500.000 habitants vers 2030.

Pour répondre à l'évolution des modes de vie et aux aspirations des habitants, la métropole rennaise a engagé de nombreux chantiers mêlant innovations technologiques, architecturales et environnementales. Dans les années qui viennent, la capitale bretonne va se forger un nouveau visage fondé sur une politique d'aménagement urbain où la question du développement durable dans ses dimensions économiques, sociale et environnementale est un élément clé.

Proximité, mobilité, bien-être des habitants

Alors que la deuxième ligne de métro actuellement en construction (12,7 km, 1,3 milliard d'euros dont 90 millions d'euros de subventions d'État), réunira en 2019 le Nord-Est au Sud-Ouest, l'agglomération a initié deux projets urbains emblématiques à chaque extrémité du tronçon. Destinés à assurer des liaisons transversales et reconstituer la couture du tissu urbain, ViaSilva et La Courrouze sont montrés comme des laboratoires, l'exploration d'une nouvelle façon de penser la ville durable de demain.

« L'agglomération rennaise est la moins touchée par la périurbanisation effrénée, assure Daniel Delaveau, maire de Rennes (PS) et président de Rennes Métropole.

Reconstruire la ville sur elle-même, c'est d'abord maîtriser les opérations nouvelles. L'enjeu est quantitatif - 30.000 logements construits pendant le mandat - mais aussi qualitatif. Il est nécessaire de faire grandir la ville et sa métropole tout en préservant l'espace naturel et la qualité de l'agriculture périurbaine. Notre modèle de ville archipel, à bientôt 43 communes, résulte d'une urbanisation maîtrisée, qui s'est effectuée à partir du coeur des communes extérieures. »

Respectivement labellisés écoquartier et écocité, La Courrouze et ViaSilva font ainsi leur lit sur la préservation de l'environnement, le réinvestissement de sites délaissés et la maîtrise des prix de l'immobilier.

Un quartier « novateur »

Au Sud-Ouest de Rennes, à l'intérieur de la rocade, La Courrouze constitue même l'une des dernières grandes opportunités foncières pour les communes de Rennes et de Saint-Jacques-de-la-Lande (où se situe l'aéroport).

Sur 115 hectares, dont 40 d'espaces verts, d'anciennes friches industrielles et militaires sont réhabilitées avec le souci de préserver les ressources de la biodiversité. Le quartier se veut « novateur », telle une « coulée verte » proche du coeur de la ville. Onze secteurs sont à aménager, et chacun avec son ambiance. Les urbanistes Bernardo Secchi et Paola Vigano ont imaginé des immeubles à l'architecture originale pour accueillir à la fois de l'habitat diversifié, des activités et des équipements de quartier. 4900 logements sont prévus à horizon 2020.

Les premières livraisons datent de 2009-2010 mais, à terme, le quartier comptera 10.000 habitants et 3.000 emplois. Sans doute désireuses de « travailler dans un parc », des entreprises y sont déjà installées, comme le cabinet d'audit Ernst & Young et le siège HQE du Crédit Agricole.

« À La Courrouze, la ville se renouvelle en tenant compte du bienêtre des usagers et des préoccupations des gens, l'emploi, l'habitat, les transports », souligne Daniel Delaveau.

Proximité et mobilité, sont aussi deux valeurs fortes de ViaSilva, qui projette l'agglomération rennaise à 2040. Mené sur 650 hectares entre Cesson-Sévigné, Rennes et Thorigné-Fouillard, l'aménagement de l'écocité sera achevé dans vingt-sept ans, avec une première tranche Ouest livrée en 2025. Cette ville dans la ville réunira 40.000 habitants et 25.000 emplois. Autant dire qu'elle couvre opportunément la technopole Rennes Atalante, un site stratégique pour la métropole. L'IRT B-com, dédié aux images et aux réseaux de demain, y installera son campus fin 2014, Thomson Vidéo Networks son siège social en 2015.

« Chaque logement ou entreprise sera situé à moins de 500 mètres d'une station de métro ou de bus à haut niveau de service, mais également d'un pôle commercial », résume l'urbaniste Christian Devillers, concepteur du projet.

Outre les enjeux énergétiques, croisés avec ceux des transports et de mobilité durable, de la nature en ville et de la gestion des eaux, ViaSilva place l'humain au coeur de sa réflexion. Des cafés citoyens favorisent l'échange avec des habitants et entreprises de Rennes Métropole sur divers thèmes : la place des jeunes dans le projet, la ville et les TIC...

Rennes Métropole investit plus de 30 millions d'euros par an dans l'habitat, et consacre 120 millions (hors métro) aux transports urbains. Une quinzaine de chantiers sont en cours qui vont générer aussi plusieurs milliers d'emplois directs sur 2013-2019. C'est l'ensemble de la métropole qui ambitionne de se muer en écocité.

EuroRennes, porte de Bretagne

En 2017, la ligne à grande vitesse (LGV) mettra Paris et les grands hubs européens à 1h25 de Rennes. En 2020, 128.000 voyageurs par jour (TGV et TER) transiteront par le futur Pôle d'échanges multimodal (PEM, 107 millions d'euros, première livraison en 2017), contre 62.000 dans la gare actuelle. Principal noeud d'échanges de la Bretagne, le PEM vise aussi à renforcer la position de Rennes à l'échelle du Grand Ouest. Pour autant, au-delà des enjeux de transports, le projet EuroRennes porte sur l'ensemble du quartier de la gare. D'ici à 2025, ce dernier sera entièrement transformé en un véritable axe économique de centre-ville. Avec, à la clé, 5.000 emplois nouveaux, 124.000 m2 de bureaux, 1.400 logements construits, 3.000 habitants et une centaine de commerces.