« Ma solution la plus satisfaisante ?...Vous la connaissez », réagissait Johanna Rolland, maire de Nantes, et présidente de la métropole à l'issue de la venue, le 28 octobre dernier à Nantes, de Jean-Baptiste Djebbari, le secrétaire d'État auprès de la ministre de la Transition écologique et solidaire, chargé des transports, qui a présenté les 31 mesures prises par le gouvernement pour réaménager l'aéroport Nantes Atlantique suite à l'annonce de l'abandon du projet de transfert à Notre-Dames-des-Landes, le 17 janvier dernier. Des propositions qualifiées de sobres, réalistes, ou a minima, « loin de répondre aux enjeux du territoire », affirme Christelle Morançais, présidente du conseil régional des Pays de la Loire, pour qui « le compte n'y est pas ».
Contraintes multiples
« Ce qui m'importe, aujourd'hui, c'est la transparence et la protection des riverains et des habitants survolés », ajoute la maire de Nantes s'accordant malgré tout avec les ambitions du gouvernement dont la première mesure est la mise en œuvre d'un couvre-feu interdisant les vols de nuit entre minuit et 6 heures du matin et dès 22 heures pour les avions les plus bruyants, à partir de 2021.
Confronté au redimensionnement d'un site contraint géographiquement par la présence du lac de Grand-Lieu, classé Natura 2000, soumis à une forte dynamique démographique qui laisse entrevoir un trafic de 11,4 millions de passagers à l'horizon 2040 (contre 7,2 millions aujourd'hui), le gouvernement a opté pour l'allongement de la piste actuelle de 400 mètres au sud. Celle-ci permettra de décaler le seuil d'atterrissage et d'augmenter l'altitude de survol de Nantes et donc de limiter les nuisances... Ces travaux nécessiteront une interruption d'activité complète estimée par le secrétaire d'État à trois ou quatre semaines.
« Ce projet va droit dans le mur. Il est pourtant possible de faire autrement, à l'exemple d'autres pays européens qui commencent à rompre avec le modèle tout-avion », affirme l'écologiste Julie Laernoes, coprésidente du groupe Écologiste et citoyen à Nantes Métropole et candidate à la mairie.
Des mesures de compensation exceptionnelles seront mises en place dans le cadre du périmètre du plan de gêne sonore. L'aide à l'insonorisation des logements individuels des riverains sera porté de 80% à 90 % et jusqu'à 100 % sous condition de ressources. Des mesures de délaissement permettront également aux propriétaires de logement exposés au bruit de solliciter l'État pour racheter leur bien. « Pour quel budget ? aucun chiffre n'est avancé », déplore Christelle Morançais.
Un nouveau concessionnaire ?
L'aménagement de l'ensemble de la plateforme aéroportuaire nécessitera de libérer 65 hectares, dont 35 hectares seront acquis et 30 valorisables. Selon les options retenues, l'investissement global pourrait s'élever entre 470 et 900 millions d'euros, dont 50 millions pour l'allongement de la piste, 300 millions pour la rénovation de l'aérogare et une centaine de millions pour son extension.
Ce projet, qui ne devrait pas faire appel aux subventions publiques, sera financé dans le cadre d'un contrat de concession, détenu jusqu'en 2021 par le groupe Vinci. Un nouvel appel d'offres vient d'être lancé par le gouvernement. Les candidats ont jusqu'au 7 janvier prochain pour déposer leur dossier. La société retenue sera alors chargée de concevoir, financer et réaliser ce réaménagement. La valeur totale de la concession est chiffrée entre 4,5 et 7 milliards d'euros hors TVA. « Une estimation du chiffre d'affaires en euros constants 2018, hors taxes, du concessionnaire, avec des hypothèses de durée de la concession comprises entre trente ans et quarante ans », précise l'appel d'offres. Selon le calendrier de l'État, les travaux d'aménagement devraient être terminés en 2025.
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