Coronavirus : comment les masques de Décathlon ont équipé des respirateurs

Par Gaëtane Deljurie, à Lille  |   |  646  mots
(Crédits : DR)
Sur les réseaux sociaux, le masque Easybreath de Décathlon, dédié à la pratique du snorkeling, est présenté désormais... comme un éventuel masque de protection face au coronavirus ! Si rien ne prouve la protection contre le Covid-19, une entreprise italienne, en partenariat avec un hôpital du Nord de l'Italie, a par contre vraiment testé une adaptation de ce masque pour un respirateur.

C'est une des images largement partagée sur les réseaux sociaux :  un homme circule dans les rues de Milan avec le masque Easybreath de Décathlon sur la tête ! Cette photo, qui prête plutôt à sourire, a amené Décathlon à rappeler officiellement qu'Easybreath « n'a pas été conçu pour cet usage ».

Son design innovant, avec un masque couvrant tout le visage et une prise d'air déportée, est un best-seller chez Décathlon : il permet en effet de remplacer à la fois le masque et le tuba dans les explorations marines en eaux peu profondes.  Et a priori, Milan ne se situe pas en bord de mer... « Son utilisation initiale demeurant la pratique du snorkeling, nous recommandons donc de ne pas modifier le masque par soi-même ; cela pourrait impacter son fonctionnement, notamment concernant les flux d'air », indique-t-on chez Décathlon.

Des valves imprimées en 3D

Sauf que depuis quelques jours, une autre photo circule : le même masque mais adapté, grâce à des valves imprimées en 3D, aux respirateurs artificiels devenus si précieux dans le monde hospitalier pour lutter contre ce Covid-19 qui attaque les poumons. Ce cliché est lui tout ce qu'il y a de plus sérieux.

L'entreprise italienne Isinnova, basée à Brecia dans le nord de l'Italie et spécialisée dans le développement d'objets innovants, explique sur son site internet avoir été contactée « par un ancien médecin-chef de l'hôpital Gardone Valtrompia, le Dr Renato Favero, par l'intermédiaire d'un médecin de l'hôpital Chiari, l'établissement de santé pour lequel nous avons fabriqué ces valves d'urgence ».

L'objectif était évidemment de pallier à la pénurie de masques « C-PAP » hospitaliers, qui fonctionnent avec les respirateurs artificiels. « Nous avons contacté Décathlon qui nous a tout de suite fourni le dessin du masque, poursuit l'entreprise. Le produit a été démonté et étudié. Un nouveau composant a ensuite été conçu pour garantir la connexion au ventilateur. Nous avons appelé ce lien « la valve Charlotte », et nous l'avons rapidement imprimé en utilisant l'impression 3D ».

Prototype testé avec réussite

D'après l'entreprise, le prototype a été testé avec réussite, sur l'un des salariés de l'entreprise. « L'hôpital lui-même était enthousiaste et a décidé de tester l'appareil sur un patient dans le besoin même si, ni le masque ni le lien ne sont certifiés : leur utilisation est soumise à une situation de besoin impératif », poursuit l'entreprise. Le patient doit d'ailleurs signer une décharge avant d'enfiler ce masque improvisé.

« Nous avons décidé de breveter d'urgence la valve de liaison (Charlotte Valve), pour éviter toute spéculation sur le prix du composant. Nous précisons que le brevet restera libre d'utilisation et que notre initiative est totalement à but non lucratif, car nous avons l'intention que tous les hôpitaux dans le besoin puissent l'utiliser si nécessaire », conclut l'entreprise Isinnova, qui a par ailleurs partagé librement le fichier pour la réalisation du lien en impression 3D.

Sur son fil Twitter, Décathlon a confirmé que « ces derniers jours, nous avons en effet été très sollicités par des centres de recherche, des hôpitaux, des universités, etc. de plusieurs pays. Nous avons naturellement accepté de partager nos plans en 3D et nos informations techniques aux projets les plus sérieux et les plus avancés ».

Le service communication de Décathlon a ajouté que « depuis dix jours, nous sommes sollicités par des hôpitaux en France confrontés à la pénurie de matériel afin qu'ils réalisent des adaptations sur l'Easybreath en y ajoutant des valves de liaison pour protéger leur personnel soignant.Bien entendu pour être solidaire avec eux, nous avons offert ce masque et partagé avec des centres de recherche le plan 3D pour qu'ils puissent avancer dans cette direction. »