Doucement mais sûrement. En 2021, le trafic annuel du port de Dunkerque a atteint 48,6 millions de tonnes en 2021, soit 3,5 tonnes supplémentaires par rapport à 2020. C'est encore un petit poucet par rapport aux 66 millions de tonnes traitées au Havre, aux 240 millions de tonnes d'Anvers en Belgique et aux 436 millions de tonnes de Rotterdam... Mais cela reste une belle performance pour un port qui a encore beaucoup à faire pour adapter ses infrastructures portuaires.
De l'aveu du 6e groupe alimentaire mondial, General Mills (Häagen-Dazs, Géant Vert, Old El Paso, Nature Valley), « l'offre maritime des Hauts-de-France n'est pas encore à la hauteur », soulignait, lors des Investor Days organisés l'année dernière par le conseil régional Hauts-de-France, Nicolas de la Giroday, vice-président Europe du Sud de General Mills. « J'ai une usine qui exporte dans beaucoup de pays dans le monde et nous passons par les Pays-Bas car c'est aujourd'hui la meilleure offre disponible ».
C'est pourtant dans le domaine des conteneurs que la progression de l'activité portuaire est la plus significative à Dunkerque. Le volume du port a atteint en 2021 652.000 EVP (conteneurs équivalents vingt pieds). Soit 41% de plus que le record historique de 2020 ! Même si c'est encore peu comparé à ses voisins du Havre (2,5 millions janvier-septembre 2020) et d'Anvers (11,8 millions). A Dunkerque, la croissance reste ininterrompue depuis 2012, le volume des conteneurs ayant été multiplié par trois en l'espace de dix ans.
Un million d'EVP à terme
« Nous prévoyons 750.000 EVP l'année prochaine, sachant que notre capacité sera en théorie limitée au-delà d'un million d'EVP », a annoncé Maurice Georges, président du directoire de Dunkerque-Port. Daniel Deschodt, directeur général adjoint et directeur commercial du port, explique cette hausse par « l'élargissement de l'hinterland du port (NDLR : zone qu'un port peut approvisionner) » via notamment la grande distribution, l'e-commerce et la filière agroalimentaire mais aussi grâce au Brexit, qui a vu beaucoup de marchandises déchargées à Dunkerque pour ravitailler les îles britanniques avec de plus petits bateaux (feeders).
Dans un baromètre 2021 de la perception des chargeurs de l'AUTF, syndicat professionnel des chargeurs (clients importateurs et exportateurs de la France entière), 67% du panel interrogé (en chimie, agroalimentaire et distribution) estiment même que le niveau de qualité de service s'était amélioré. Le panel a également classé Dunkerque-Port parmi les plus actifs commercialement.
Pour apporter une meilleure prise en charge de la marchandise manufacturée, justement, d'importants travaux d'aménagement sont menés sur le terminal à conteneurs (opéré par la société Terminal des Flandres). 14 millions d'euros ont été mobilisés pour une extension en deux temps cette année, d'abord 6 hectares puis 8 hectares. A terme, l'agrandissement à terme permettra de doubler la capacité théorique, jusqu'à cette barre symbolique du million d'EVP.
Extension pour les conteneurs
Le projet CAP 2020 avait en effet prévu l'extension du bassin de l'Atlantique, l'allongement des quais et terre-pleins sur près de deux kilomètres et l'aménagement de 350 hectares de zones logistiques complémentaires, dont 170 hectares d'entrepôts. L'objectif était de pouvoir accueillir en même temps, quelles que soient les conditions de marée, quatre grands navires porte-conteneurs en plus au Port-Ouest. En octobre dernier, pour la première fois, le terminal conteneurs de Dunkerque-Port a ainsi accueilli simultanément trois navires affrétés par l'armateur CMA CGM.
Toujours en 2021, la plateforme logistique DLI (Dunkerque Logistique Internationale) a été labellisée site clés en main Choose France : ces 150 hectares sont situés à proximité immédiate des terminaux conteneurs et ferry, adaptés aux marchandises sèches ou à température dirigée.
C'est une transition plus large qui s'opère. En adaptation du plan national des fermeture des centrales charbon, l'opérateur Sea-Bulk arrête son activité sur le vraquier du port-Ouest, par manque de rentabilité. Les 100 hectares délaissés sont bord à quai et embranchés fer. « Ce n'est pas la fin de l'histoire, nous réfléchissons à des solutions de continuité, notamment via les industries d'avenir comme les batteries ou l'hydrogène décarboné », a précisé le président du directoire de Dunkerque-Port.
Vers la voie ferrée
Le port n'en oublie pas les connexions ferroviaires, dans un contexte de volonté de report modal et de baisse des émissions de CO2 dans le transport. L'extension du terminal ferroviaire, adjacent au Terminal des Flandres, sera livrée début de ce deuxième trimestre. Ont également débuté les travaux d'extension du Dry Port (port sec), terminal intermodal qui connecte une voie ferroviaire au port maritime. « Ce projet est en très large partie financé par le plan France Relance, dans le cadre du volet consacré à l'augmentation de la part du fret ferroviaire dans le transport des marchandises », souligne le Grand port maritime de Dunkerque.
Avec ses 160 kilomètres de voies ferrées et des liaisons vers Dourges, Valenton, Metz et le sud de la France, Dunkerque constitue aujourd'hui le premier pôle de fret ferroviaire français avec un trafic de l'ordre de 12 millions de tonnes par an (11% du fret national).
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