Franck Julien : «Atalian a créé 40 000 emplois en France depuis 20 ans»

Par Propos recueillis par Pascale Besses-Boumard  |   |  700  mots
Franck Julien : "Avec une croissance organique de plus de 6 % en 2012, Atalian démontre que conjuguer emploi et rentabilité est durablement possible en faisant les bons choix." © Atalian
Franck Julien est président d'Atalian, société multiservice/multitechnique spécialisée dans le nettoyage industriel, la sécurité, le transport, l'assistance aéroportuaire, l'accueil et les espaces verts. Le groupe a réalisé en 2012 un chiffre d'affaires de 1,242 milliard d'euros et emploie 55 000 personnes dans le monde dont 40 000 en France.

Dans un contexte où le mot de récession est de plus en plus souvent prononcé, comment voyez-vous l'avenir proche pour Atalian ?

Sans croissance, il est, c'est vrai, difficile d'élaborer des plans de développement très ambitieux. Cela étant, et même si nos clients sont en phase de restructuration budgétaire forte, il me semble que 2014 pourrait marquer le retour à des perspectives plus prometteuses. Le métier le plus touché aujourd'hui est le nettoyage industriel. C'est normal car cette activité est la première dans une entreprise à subir les aléas de la conjoncture. C'est donc là que la contraction des marges est la plus criante, situation que nous gérons toutefois depuis le début de la crise de 2008. Paradoxalement, lorsque nous nous implantons dans un nouveau pays, nous le faisons via des acquisitions dans ce domaine d'activité pour essaimer ensuite vers d'autres métiers. Nous ne sommes donc pas fondamentalement pessimistes à court et moyen terme et ce, grâce à notre stratégie multibranche et notre stratégie de développement international.

Le marché de la propreté souffre en effet si l'on en juge par un certain nombre d'entreprises en difficulté. Parmi celles-ci, le cas de Carrard Services dont vous êtes candidat à la reprise...

Vous le savez, je ne peux m'exprimer sur ce dossier pour lequel une procédure de consultation des organisations représentatives du personnel de Carrard est en cours. Tant que celles-ci ne se seront pas prononcées sur ce projet de cession, tout le monde est candidat, personne n'est repreneur. Dans le cadre de la procédure de sauvegarde dont fait l'objet la société Carrard Services, il sera proposé au Tribunal de commerce un plan de continuation de l'activité ainsi que l'apurement du passif qui implique nécessairement le règlement de l'ensemble des créanciers déclarés, qu'ils soient publics ou privés, selon un échéancier homologué par le Tribunal de commerce.
Pour terminer sur ce sujet, je trouve étonnant que certains puissent croire qu'un fonds d'investissement, qui exige en général un taux de rendement proche de 20 % par an, puisse être plus porteur d'avenir qu'une entreprise industrielle française au capital 100 % familial qui aborde son activité sous le seul angle de l'économie réelle. Je note au passage que l'on cherche un peu l'esprit « made in France » dont on nous parle tant...

Vous avez récemment racheté les 8 % du capital de votre société qui ne vous appartenaient pas : pourquoi ?

L'entreprise a été créée par mon grand-père il y a près de 70 ans. J'ai repris le flambeau en 1995 et, au décès de Georges Pébereau, j'ai tenu à racheter la participation historique de Marceau Investissement. Pourquoi ? Justement pour réaffirmer cette identité familiale et être totalement maître de nos décisions stratégiques et de notre développement.

Un développement que vous orientez largement vers l'international ?

En effet. L'international représente 15 à 20 % de notre chiffre d'affaires et cette part ne cesse de croître. Nous réalisons généralement une à deux acquisitions internationales par an. Surtout depuis 2008 compte-tenu du contexte macro- plutôt flat en Europe. Nous sommes ainsi déjà présents au Maroc, au Liban, à l'Île Maurice et en Europe de l'Est. Cette internationalisation va se poursuivre puisque c'est clairement hors d'Europe que les relais de croissance sont les plus forts. Je pense que l'Asie recèle un grand potentiel de développement qui pourrait être exploitée depuis une implantation en Indonésie, en Malaisie, aux Philippines ou au Viet Nam. Une opération dans cette zone devrait d'ailleurs être signée d'ici la fin de l'année. Ensuite, l'Afrique me semble également très intéressante. Ce continent apparaît aujourd'hui plus prometteur que l'Amérique Latine, en butte au ralentissement de sa croissance.
Cette ouverture au monde ne change en rien notre attachement à nos racines : en moins de 20 ans, nous sommes à l'origine de la création de 40 000 emplois en France grâce à un développement maîtrisé et ininterrompu. Avec une croissance organique de plus de 6 % en 2012, Atalian démontre que conjuguer emploi et rentabilité est durablement possible en faisant les bons choix.