Grand Paris Express  : la colère des édiles avant même la non-décision d'Edouard Philippe

Par Armand César  |   |  499  mots
Edouard Philippe. (Crédits : Reuters)
Au séminaire sur le Grand Paris Express organisé ce vendredi 26 janvier 2018 par Matignon, le Premier ministre a confirmé, sans préciser de dates ou de coupes, le maintien du projet, suscitant, avant même son allocution, l'impatience des élus locaux venus en nombre.

« C'est une réunion où l'on ne fera pas d'annonces, ni où l'on prendra des décisions, ni une réunion sur la gouvernance du Grand Paris. L'objectif est d'échanger, discuter, peut-être travailler ensemble sur le Grand Paris Express, un projet incroyablement ambitieux, complexe à certains égards. Il ne s'agit pas de le remettre en cause mais de mener à son terme ce projet. On n'est pas là pour l'arrêter. »

Ainsi parle Edouard Philippe, en ouverture du séminaire organisé ce vendredi 26 janvier 2018 par Matignon. Sur scène, la présidente (LR) de la région Île-de-France Valérie Pécresse, le préfet de Paris Île-de-France Michel Cadot, le maire (PS) de Cachan, président du conseil de surveillance de la SGP et vice-président, depuis mercredi dernier, de la MGP chargé des Finances. Philippe Yvin, président de la SGP, est, en revanche, assis au quatrième rang.

Avant même l'ouverture des débats, le conseiller Grand Paris d'Anne Hidalgo et ancien adjoint de Bertrand Delanoë chargé de cette question, Pierre Mansat, pense que le Gouvernement « donne le sentiment qu'il a consulté ». Laurent Lafon, sénateur (UDI) et ex-maire de Vincennes, est critique, lui aussi, sur la forme d'une telle réunion : « tous les élus sont invités à une grand-messe. Ce n'est guère propice à des débats sereins ».

Refus de tout détricotage

Son homologue (LR) de Nogent-sur-Marne, Jacques JP Martin, à l'origine du projet Orbival en 2006 avec le patron (PCF) du Val-Marne Christian Favier, refuse, de son côté, tout « détricotage » : « un métro comme le nôtre ne peut pas fonctionner sans interconnexion et sans rocade ! » Xavier Lemoine, maire (LR) de Montfermeil, dont le Président Macron a confirmé cet automne l'arrivée de la ligne 16 en temps et en heure, s'énerve contre « une comptabilité d'épicier alors que c'est nous qui payons la taxe qui rembourse les emprunts ! »

Même son de cloche chez le socialiste Le Bouillonnec : « c'est de la bonne dette ! Si on retarde, ça n'en coûtera que plus cher ! ». Le président (PS) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis qui, selon nos informations, expérimentera le pass culture en mars 2018 avec le Bas-Rhin, la Guyane et l'Occitanie, Stéphane Troussel reprend cet élément de langage à son compte : « l'argument de la dette est un mauvais argument et n'empêche pas un prêt du Trésor à un milliard d'euros pour le CDG Express ! ».

Son collègue (LR) de Seine-et-Marne, Jean-Jacques Barbaux, dont aucune ligne passera par son territoire, est présent pour « arrêter de déconsidérer la grande couronne » : « on clive entre les élus alors qu'on fait partie d'un ensemble. Pourquoi pas un partenariat financier dans des conditions de revoyure pour les collectivités locales ? ». Jean-Marc Nicolle, maire (MRC) du Kremlin-Bicêtre, résume, enfin, l'état d'esprit général : « ces annonces viennent ralentir cette créativité et cet élan. C'est quand même la première fois que nous sommes consultés... »