Le tribunal de commerce de Toulouse a placé jeudi 3 octobre la société Nooméo en redressement judiciaire. Une procédure qui permettra le paiement des salaires, qui n'ont pas été versés depuis le mois de juillet dernier aux 8 salariés de l'entreprise. Cette start-up, dirigée jusqu'au mois de mai dernier par Vincent Lemonde (trésorier de la TIC Valley), connaissait pourtant une ascension exceptionnelle depuis sa création en 2007.

En 2011, le jeune entrepreneur avait remporté le Grand prix « Objectif News du Jeune Entrepreneur ». Détenteur d'une technologie de pointe dans le domaine des solutions 3D, Nooméo avait réalisé un million d'euros de chiffre d'affaires cette année-là et s'apprêtait à signer au moment de son rachat, en 2012, un contrat important avec Airbus.

« C'était une erreur »

C'est précisément à ce moment-là que Nooméo est rachetée par Erco-Finances. La holding basée à Montauban, dirigée par Jean-Luc Guérin, possède une quarantaine de sociétés en Midi-Pyrénées dans des secteurs aussi divers que la géolocalisation ou la santé. À l'époque, la start-up espère bénéficier du "coaching" de Jean-Luc Guérin, ancien cadre d'EADS et président de l'UIMM82. "C'était une erreur", reconnaît aujourd'hui une source interne à l'entreprise.

Dégringolade

Depuis son rachat par Erco-Finances, l'activité de Nooméo n'a cessé de diminuer. En 2012, son chiffre d'affaires ne s'établit plus qu'à 240.000 euros et le contrat avec Airbus n'est pas signé. "Notre technologie était convaincante, mais quand nos interlocuteurs ont vu le nom d'Erco-Finances, ils se sont méfiés", confie-t-on chez Nooméo. Le nombre de salariés est alors passé de 18 à 8. Devant cette situation, le fondateur de la société, Vincent Lemonde, a démissionné en mai 2013, apprend-t-on de source interne.

Frilosité des banquiers ?

"L'annonce du redressement judiciaire de la société est la seule information officielle que nous ayons depuis plusieurs semaines. Il n'y a aucune communication, Jean-Luc Guérin est muet", affirme une source proche du dossier. Le PDG d'Erco-Finances a fait publier par son service communication un communiqué de presse intitulé « Entretien avec Jean-Luc Guérin », le 23 septembre dernier. Dans cette auto-interview, il défend sa stratégie et affirme que ses activités ont subi la crise et la frilosité des banquiers, ce qu'il affirmait déjà dans les colonnes d'Objectif News (lire article).

Histoire « inventée de toutes pièces »

Une version qui ne convainc pas les salariés de Nooméo : "Jean-Luc Guérin s'est inventé de toutes pièces une histoire à laquelle il croit", déplore-t-on.

Une partie des salariés de l'entreprise ne compte pas en rester là. La Direccte et la préfecture les ont mis en contact avec les salariés d'autres filiales du groupe, dont certains ont déjà monté des dossiers. Une action en justice contre Jean-Luc Guérin ne semble pas à exclure.