Téléphonie : Alsatis redonne des couleurs aux réseaux

Par Hugues-Olivier Dumez, à Toulouse - Objectif News  |   |  674  mots
Reuters
En marge de la lutte entre les géants des télécoms, l'opérateur alternatif toulousain fait de la fracture numérique son cheval de bataille.

Chaque année, des dizaines de milliers d'abonnés quittent Canal+. Pour enrayer ce phénomène, la chaîne cryptée entend conquérir de nouveaux publics, pourquoi pas dans les campagnes, en s'appuyant sur l'opérateur Alsatis. Cette société toulousaine a fait des zones rurales délaissées par les principaux opérateurs sa cible de prédilection. Leur offre commune, dite « triple play » (Internet, téléphonie fixe et télévision), est disponible avec la technologie satellitaire, à laquelle s'ajoute un abonnement à Canal+. Si la solution par satellite est universelle,

Alsatis (13 millions d'euros de chiffre d'affaires prévus pour 2014 avec une cinquantaine de salariés) a acquis une solide expertise dans la mise en oeuvre de réseaux de desserte haut débit dans les zones blanches et grises qui subsistent encore. Le département de l'Isère a ainsi choisi Alsatis pour proposer du haut débit à l'ensemble de ses habitants.

« En dehors de notre offre par le satellite, et en attendant l'arrivée de la fibre optique sur l'ensemble du territoire, nous fournissons une solution alternative au réseau DSL, vieillissant et saturé, afin d'enrayer la fracture numérique dans l'Hexagone, explique avec conviction Antoine Roussel, 36 ans, dynamique directeur général d'Al satis. Notre solution permet de faire transiter, par signaux radio, le très haut débit issu de la fibre optique qui provient des zones urbaines vers les habitations délaissées par les principaux opérateurs. »

Fournisseur d'accès Internet, Alsatis est aussi un opérateur qui se veut particulièrement compétitif au regard des géants des télécoms.

« Lorsque l'opérateur historique propose une offre commerciale à moins de 1 méga en passant par le réseau DSL, nos offres à 20 mégas sont particulièrement attractives », insiste cet ancien de l'ESTP (École spéciale des travaux publics), passé par Vinci Énergies.

100.000 abonnés attendus d'ici à 2017

En dehors de l'Isère, l'opérateur toulousain est présent sur 9.000 communes et compte 20.000 abonnés. Une levée de fonds de 2 millions d'euros est envisagée, tandis que l'objectif commercial est d'atteindre 100.000 abonnés d'ici à 2017.

Le plan gouvernemental France très haut débit, qui prévoit de couvrir à plus de 80 % en fibre optique le territoire en 2022, en témoigne : la montée en débit fait désormais partie des préoccupations essentielles des départements.

« Les carences du réseau historique peuvent avoir de lourdes conséquences économiques pour les administrés, les particuliers ou les entreprises, admet Charles Galvin, vice-président du conseil départemental de l'Isère en charge du numérique. La solution proposée par Alsatis permet aux usagers de patienter en attendant le financement public d'un réseau fibré, un investissement dont la première tranche est évaluée pour l'Isère à 350 millions d'euros sur sept ans. »

Les solutions proposées par Alsatis permettent aussi aux entreprises de ne pas délocaliser, en leur proposant une connexion jusqu'à 100 mégas garantis. Une solution adaptée aux besoins légitimes, par exemple, de Latécoère Services, filiale ingénierie de l'équipementier aéronautique située en pleine campagne toulousaine, à Sainte-Foy-d'Aigrefeuille...

« Bien qu'à douze kilomètres à vol d'oiseau de la place du Capitole, notre commune est située en zone blanche, explique Bruno Mogicato, maire du village voisin de Lauzerville. Or nos habitants attendent une connexion haut débit, en particulier les jeunes résidents qui choisissent de s'installer à la périphérie des grandes villes. Mais tirer cinq kilomètres de fibre pour relier 500 foyers n'est pas rentable pour l'opérateur historique... »

Moyennant un investissement de 14.000 euros pour financer une antenne dans la commune, les habitants peuvent désormais bénéficier d'une connexion haut débit en passant par l'opérateur Alsatis. Et l'élu local de conclure qu'aujourd'hui « cela devrait être une obligation de service public, comme l'eau ou l'électricité ».

En complément de sa solution par satellite, l'opérateur Alsatis couvre 9.000 communes françaises en haut débit radio de type WiFi.