Les étranges méthodes sociales de l'équipementier automobile Gestamp

A la suite d'un mouvement social en juin sur le site nordiste, le groupe espagnol Gestamp s'est désengagé du projet d'investissement de 20 millions d'euros qui devait pérenniser l'usine de l'équipementier automobile rachetée à ThyssenKrupp. Elle vient même de demander aux salariés de signer un texte lui promettant la paix sociale pour les deux années à venir, mais, en échange n'a toujours pas donné de perspectives claires à l'usine du Nord. Un comportement étrange et peu rassurant dans cette société qui emploie 1350 salariés
L'emboutissage chez Gestamp. DR

Les 84 salariés de l?usine Gestamp-Sofedit de Gouzeaucourt partent en vacances la peur au ventre faute de réponse de leur maison mère. Le mercredi 25 juillet, à la demande de la direction du site, leurs représentants syndicaux ont en effet signé un document de six pages engageant tout le personnel de l?usine à collaborer avec le groupe Gestamp. Le but ? Préserver le projet de construction d?une future unité de formage à chaud se poursuive chez eux comme prévu initialement. Une étrange façon de faire de la part de la direction de l?entreprise : elle a demandé cet engagement écrit après avoir arrêté le chantier d?extension du site fin juin. La faute aux salariés a expliqué Fernando Macias, directeur France du groupe Gestamp, le 20 juillet en sous-préfecture de Cambrai car il avait des doutes sur « la fiabilité du site nordiste en terme de fonctionnement et de maintien des conditions de production ».

Le directeur espagnol n?aime pas les débrayages

Dit autrement, il n?avait pas du tout apprécié qu?en juin l?usine ait débrayé 2 heures et demie. Les salariés réclamaient depuis plusieurs mois un réajustement des coefficients et des rémunérations qui d?après les syndicats sont en moyenne 15 % inférieurs à ceux pratiquées ailleurs en France dans les trois autres sites Sofedit-Gestamp (Theil-sur-Huisne, Sermaises et Saint-Romain-de-Colbosc). Les représentants du personnel s?appuyaient alors sur l? « accord de méthode concernant les garanties apportées dans le cadre du projet de cession de titres de la société ThyssenKrupp Sofedit au groupe Gestamp ». Signé en avril 2011 par Laurent Favre en sa qualité de Président du directoire de Sofedit, cet accord prévoyait la mise en ?uvre d?un réajustement des décalages de classifications. Depuis, Laurent Favre a été remplacé par Fernando Macias qui a visiblement oublié l?accord signé par son prédecesseur. Pis, il est soupçonné de ne pas étudier les dossiers à fond. Pour Philippe Portier, responsable national des métallos CFDT « la direction ne joue pas le jeu du dialogue social, les dossiers ne sont pas préparés et on sent un grand flottement dans la gestion des affaires. Ce qui est très inquiétant pour l?avenir de Sofedit Gestamp et de ses 1350 salariés ».

La situation serait pire qu?au moment du rachat

L?expert comptable mandaté par le Comité Central d?Entreprise de Sofedit-Gestamp a ainsi clairement indiqué en avril 2012 que la situation lui paraissait préoccupante. Lors du rachat, Gestamp visait un chiffre d?affaires de 325 millions d?euros à l?horizon 2015 avec la suppression de 140 à 190 postes au siège et dans les fonctions supports des usines. Non seulement ces suppressions n?ont toujours pas eu lieu, mais la situation du secteur automobile s?est dégradée, le chiffre d?affaires de l?équipementier a baissé et ses pertes se sont amplifiées. Près de 400 suppressions de postes seraient aujourd?hui envisagées. Le comité central d?entreprise a fait valoir son droit d?alerte pour obtenir des réponses de la direction sur cette situation.

Pas de promesse mais une demande ferme de paix sociale

Mais la seule réponse de la direction a été pour l?instant de faire demander aux salariés de Gouzeaucourt de signer un texte où ils affirment « s?investir avec professionnalisme et motivation dans les actions d?apprentissage et de formation qui seront nécessaires pour maitriser le formage à chaud ». Ils acceptent également que de « 2014 à 2018, l?augmentation globale de la masse salariale du site sera conditionnée par la situation économique de l?établissement et la société Sofedit en terme de résultats et de perspectives économiques et financières, et ne pourra en aucune manière dépasser l?inflation constatée par l?Insee sur les 12 derniers mois précédents l?ouverture des négociations ».

Les salariés ont donc promis d?être « sages », mais ils n?ont toujours rien obtenu en échange. Pour l?instant, il n?est plus question que la fabrication des pièces destinées au futur véhicule remplaçant la 308 de PSA Peugeot Citroën se fasse à Gouzeaucourt. C?est sur elle que repose la charge de la future ligne de formage à chaud qui pourrait voir le jour ailleurs en France. Le nom de l?usine Gestamp de Ronchamp en Haute Savoie circule. Mais dans le nord, on y croit encore car que la pérennité du site pourrait bien en dépendre.
 

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Commentaires 29
à écrit le 03/08/2012 à 7:23
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c'est un outrage fait aux syndicats et a ses salariés ((marche ou crève )) oui pour la paix sociale mais tout en respectant les salariés et leur salaire .

à écrit le 31/07/2012 à 9:18
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Il est etonnant de voir encore en France des usines etrangeres s'investir et d'essayer de creer des emplois mais tant mieux . Des syndicalistes susceptibles a tout moment de prendre en otage leur empoyeur en cas de conflit grave et en toute impunite....

le 10/08/2012 à 15:55
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Je suis d'accord que la grève devrait être dépassé et d'un autre temps. Mais lorsque l'on ne peut aboutir par le dialogue et la négociation il devient alors l'ultime recours. Nous n'avons pas la culture du concensus et pas même celle du comprommis en...

à écrit le 30/07/2012 à 16:49
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Juste un petit témoignage ,mon entreprise avait 4 usines ,plus une en région parisienne fermée par un financier irresponsable ,en 2000 (jamais eu une grève en 40 ans et toujours très bénéficiaire) ,2 en Bretagne ,2 en Normandie ,en Bretagne ,une des ...

à écrit le 30/07/2012 à 0:30
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Je suis bien content d'être partie lors du dernier plan social, courage à ceux qui sont restés.

le 10/08/2012 à 16:45
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C'est clair ! Surtout que toutes les études démontrent que les survivants des plans sociaux souffrent d'avantage que les licenciés....Pourquoi ? Parcequ'ils culpabilisent d'une certaine façon d'avoir été "sauvé", se retrouvent avec plus de travail a ...

à écrit le 29/07/2012 à 20:31
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investir dans des boites ou le leitmotiv c'est la lutte des classes, ca n'interesse plus personne; vu que ca amuse les syndicats de couler les boites, qu'ils se rassurent... ca marche!

le 30/07/2012 à 9:32
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Ahurissant ce commentaire, en effet je ne prends pas la défense à tout crin des syndicats, seulement il ne faut pas oublier que sans leur action, nous serions toujours au 19 ème siècle, avec des salariés corvéavles à souhaits, il est évident que des ...

le 30/07/2012 à 10:03
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Discours un peu brouillon . Quant à la nécessité des Syndicats ,ce n'est pas évident !!! N'ont-ils pas fait plus de dégâts qu'autre chose ??? CAR, à vrai dire ce sont les politiques qui devraient oeuvrer pour le Bien Commun . Et, depuis la révolution...

le 30/07/2012 à 10:37
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C'est brouillon peut être en regardant le commentaire de façon très partiale mais c'est aussi la démocratie, nous sommes tous d'accord que la société idéale n'existe pas en ce bas monde sauf peut être pour certaines personnes, en mélangeant les polit...

le 30/07/2012 à 11:41
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J'ai donné une suite à mon propos mais RIEN ne vient à l'affiche !!!!!

le 30/07/2012 à 12:04
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Ne voyant rien venir ! Je reprend donc mon propos ! Puisque d'autres doutent aussi de la valeur des Syndicats , Voici mon point de vue ! Nous savons qu'ils ont toujours demandé des augmentations de Salaire (ils ont toujours le même discours !)..des ...

le 30/07/2012 à 12:13
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Messieurs de la Tribune où est la suite ???

le 30/07/2012 à 13:03
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En lieu et place d'une augmentation du salaire une baise équivalente du produit ! voilà, la conclusion de mon propos !

le 30/07/2012 à 14:55
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Se demande-t-on si le problème de produire en France n'est pas tant le cout du travail par lui meme que l'état d'esprit et l'envie qu'ont les salariés à se livrer sans retenue pour bien servir le client en terme de délai et de qualité ?

le 10/08/2012 à 15:49
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Je remercie ceux qui ont une ouverture d'esprit...et ne parle pas sans savoir. Remerciements tout particulier à Cacao. Il n'y a pas d'un côté les gentils et de l'autre les méchants, c'est bien plus compliqué que cela...raccourcir la problématique à c...

à écrit le 29/07/2012 à 18:57
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Il faudrait mettre un frein au pouvoir des syndicats qui peuvent arrêter le pays pour rien!

le 30/07/2012 à 11:55
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Il faut botter les fesses et tirer les oreilles des patrons pétainistes qui génèrent et profite à la fois d'une crise organiée par les financiers voyous en bandes organisées et qui voudraient recréer l'esclavage comme seule valeur humaine, pour in fi...

à écrit le 29/07/2012 à 18:39
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Les syndicats nous emmerdent à rendre les gens insatisfaits et à vouloir faire parler d'eux à tout prix. Ce n'est pas en se mettant la (les) direction(s) a dos qu'ils gagneront quoique ce soit...là bas ou ailleurs d'ailleurs !

le 10/08/2012 à 16:05
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Pas de promesse mais une demande ferme de paix sociale et modération salariale jusque 2018 !!! Les salariés ont donc promis d?être « sages », mais ils n?ont toujours rien obtenu en échange. La peur n'évite pas le danger...mais elle fait courber l'éc...

à écrit le 29/07/2012 à 15:32
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les syndicalistes français devraient se rendre compte qu'un groupe espagnol n'acceptera pas d'entraves ; on peut raisonnablement penser qu'il aurait grand interet à tout demenager en Espâgne où il y a 24% de chômeurs et où le SMIC est à 645 .? , cest...

le 10/08/2012 à 16:17
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Justement y'a un accord de méthode qui garantie des investissements....et pourtant le boulot part en Espagne malgrès tout.....C'est compréhensible mais déloyal ! Et sans le boulot à quoi peuvent servir des investissements ? A rien. Tout prétexte peut...

à écrit le 29/07/2012 à 14:49
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Il est etonnant de voir encore en France des usines etrangeres s'investir et d'essayer de creer des emplois mais tant mieux . Des syndicalistes susceptibles a tout moment de prendre en otage leur empoyeur en cas de conflit grave et en toute impunit...

le 02/08/2012 à 16:02
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Il n'est pas judicieux de porter un jugement lorsqu'on a pas la connaissance approfondie d'un domaine. En l'occurence ici il s'agit du contexte social de la Société GESTAMP Automocion rachetant le pôle MetalForming de TyssenKrup. Avez-vous la connai...

le 10/08/2012 à 16:32
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Merci cacao ! Enfin un commentaire sensé. ça fait plaisir et ça rassure de voir qu'il y a des personnes qui réfléchissent par elle-même avant de parler, sans utilisé de stéréotype et avoir des préjugés ou mauvaises représentation des choses.

à écrit le 28/07/2012 à 13:01
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Hummm.. peut-être la direction estime-t-elle peu crédible l'engagement des syndicats? Ou son projet de développement tenait compte d'un seuil de rentabilité lié au coput salarial du site, et la direction estime qu'il y a un risque aujourd'hui d'une t...

le 29/07/2012 à 13:55
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Vous avez certainement raison. Encore des syndicats qui se croient propriétaire de l usine.

le 03/08/2012 à 7:38
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il faut avoir du courage pour faire un délégué et je vois que beaucoup de personnes qui mettent des messages en sont dépourvus ....mais je crois que se sont des petits chefs ou des patrons qui mettent ce genre de messages bons courage au peuple ouvr...

le 10/08/2012 à 15:48
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Je remercie ceux qui ont une ouverture d'esprit...et ne parle pas sans savoir. Remerciements tout particulier à Cacao. Il n'y a pas d'un côté les gentils et de l'autre les méchants, c'est bien plus compliqué que cela...raccourcir la problématique à c...

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