Coursera veut satisfaire tous les besoins d'éducation

Des cours gratuits aux diplômes en ligne, Coursera continue à développer son catalogue en ligne et offre désormais de la formation continue aux entreprises dont Air France. Rencontre avec Nikhil Sinha, son Chief Business Officer, de passage en France.
Mooc, Nikhil Sinha, Chief Business Officer de Coursera.

Ne l'appelez plus un Mooc (pour Massive Open Online Courses, ou en français "cours sur Internet ouvert à tous"). Coursera est un "fournisseur d'enseignement supérieur en ligne". « Nous sommes la plateforme qui permet à nos universités partenaires d'étendre leur portée partout dans le monde », décrit Nikhil Sinha, Chief Business Officer de Coursera. En France, Coursera collabore avec 11 écoles dont Polytechnique, l'ENS, ESCP Europe, CentraleSupélec, HEC et Sciences Po avec lesquelles Coursera partage les revenus générés.

Depuis sa création en 2012 par Daphne Koller et Andrew Ng, deux chercheurs en intelligence artificielle à Stanford, la société a opéré une véritable mue. De simples cours uniques ouverts gratuitement à tous, elle est passée à des spécialisations plus approfondies validées par des certificats payants et plus récemment à des diplômes. Dans quelques semaines, de nouveaux diplômes seront annoncés dont un pourrait être délivré par une école française. Ce vaste éventail a permis à Coursera de se démarquer de ses concurrents comme EdX, Udemy ou Udacity et a rendu nécessaire le développement d'un outil de recherche adéquat sous la direction d'un ancien de Netflix. Dénicher un bon film ou le cours le plus utile, même combat.

Des certifications professionnelles à prix imbattables

Au catalogue aujourd'hui, des cours de 4 à 6 semaines pour 60 euros, des spécialisations prenant entre 4 et 6 mois pour 300 à 500 euros, des certifications professionnelles étalées sur 9 à 12 mois à 2.000 à 4.000 euros et enfin les deux premiers diplômes demandant 3 ans d'études et coûtant jusqu'à 30.000 euros.

« Nous répondons à tous les besoins des apprenants individuels, des cours de développement personnel au MBA », résume Nikhil Sinha. « Mais en plus, nous nous adressons aujourd'hui aux entreprises, aux associations et aux gouvernements. Nous allons de l'apprenant individuel à un pays entier. »

En août dernier, la société lançait en effet Coursera for Business pour le monde de l'entreprise et des associations. En France, le projet a immédiatement séduit L'Oréal et de nouveaux partenaires viennent d'être annoncés : Air France, Criteo, mais aussi Booking.com ou encore Gemalto. « Ils utilisent notre outil pour proposer à leurs employés des formations sur des besoins très spécifiques comme la programmation ou plus généraux pour répondre aux intérêts des employés. C'est un outil de recrutement et de rétention des employés », explique Nikhil Sinha.

« Notre valeur ajoutée est d'apporter aux gens dans le monde entier le meilleur contenu issu des écoles les plus réputées. C'est notre principe fondateur. »

Le même contenu, mais intégré dans l'interface de l'entreprise avec des outils de suivi pour les gestionnaires de la formation.

Des cours élaborés pour des gouvernements, des ONG...

Nikhil Sinha se montre particulièrement fier d'un nouveau projet lancé officiellement en janvier auprès des gouvernements et des ONG.

« Une dizaine de gouvernements dont celui des Etats-Unis utilisent notre contenu pour former des employés publics, mais aussi des citoyens en Malaisie, à Singapour, au Pakistan et en Egypte. Par exemple, la Malaisie veut former des talents à la data et finance les citoyens qui suivent cette spécialisation. Au Pakistan, nous avons signé un gros contrat pour former des femmes à l'entrepreneuriat. En Occident et ailleurs, la technologie rend la main d'œuvre obsolète et il faut former les gens que ce soit dans les entreprises ou dans le public général avec le soutien du gouvernement. »

Pour l'instant, Coursera n'a aucun projet avec une administration publique en France. De manière plus philanthropique, Coursera offre ses contenus gratuitement aux ONG qui travaillent avec les réfugiés partout dans le monde.

Le taux d'échec est relatif au degré d'implication (gratuit vs payant)

Sur l'éternel problème des cours en ligne que peu d'apprenants finissent, Nikhil Sinha tient à mettre les choses au point.

« Tout notre contenu est disponible en ligne gratuitement, tout le monde peut le télécharger. Dans l'environnement gratuit, environ 8% des gens finissent un cours. Mais parmi ceux qui paient pour obtenir le certificat, 65% finissent le cours ce qui est comparable aux institutions brick and mortar. »

A part une nouvelle source de revenus, que tirent les institutions d'enseignement supérieur de cette expérience de l'enseignement en ligne ? Selon Coursera, elles commencent à recueillir les leçons et à les appliquer sur leurs campus avec les cours inversés, les projets collaboratifs, la personnalisation.

Le cours le plus populaire est sur la photographie

Les écoles ont également un retour très précis sur les sujets qui passionnent les étudiants dans le monde entier. Et ces sujets ne sont pas tous liés au business et aux technologies. Un des cours les plus populaires sur Coursera est offert par le Musée d'Art Moderne de New York sur l'appréciation de la photographie. Par ailleurs, les innovations technologiques permettent des échanges plus poussés entre les apprenants et les enseignants. Ainsi Coursera intégre l'outil de collaboration Slack, le Whatsapp des entreprises, ou encore Zoom pour le chat vidéo en environnement fermé.

« Notre vue du monde est que 300 millions de nouveaux apprenants vont vouloir accéder à l'enseignement supérieur dans les 10 prochaines années dont 100 millions en Chine et 60 millions en Inde. On ne pourra pas construire des écoles pour tous. Il y a de la place pour que beaucoup de modèles en ligne s'épanouissent pour faire face à cette demande. C'est un impératif global. »

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REPERES

Coursera en quelques chiffres

  • 6 levées de fonds depuis 2012, pour un total de 146,1 millions de dollars
  • 24 millions d'apprenants
  • Plus de 500.000 nouveaux apprenants tous les mois
  • 100 millions d'inscrits depuis 2012
  • 2.000 cours dans plusieurs langues, 100 spécialités, des certificats et désormais des diplômes universitaires
  • 146 universités partenaires dans 30 pays, une quarantaine d'entreprises partenaires

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Palmarès des cours les plus populaires

> Les 3 catégories les plus populaires (en nombre d'apprenants et en revenus) : business, technologie et data.

> Le cours le plus populaire avec plus de 2 millions d'apprenants : « Learning how to learn » (Apprendre à apprendre), de Barbara Oakley.

> Les cours plus populaires en France :

  • « Learning how to learn »,
  • Machine learning,
  • Devenir entrepreneur du changements,
  • Réussir le changement et
  • Speak English professionally.

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