En Normandie, un numéro d'appel expérimental déleste le 15

Par Nathalie Jourdan, à Rouen  |   |  312  mots
(Crédits : Reuters)
Si la pandémie joue comme un révélateur des faiblesses du système de santé français, elle démontre aussi la pertinence de certains mécanismes locaux de gestion de l'offre médicale. C'est le cas en Normandie du numéro d'appel 116 117, à ne pas confondre avec celui des renseignements téléphoniques.

Encore expérimental, ce dispositif de régulation et de conseil préfigure le numéro national promis par le ministère de la Santé. Il pourrait apporter un concours utile à la communauté des soignants au plus fort de la « vague épidémique ». Joignable la nuit et le week-end, la plateforme a été déployée en 2017 à la faveur d'un partenariat entre l'Agence Régionale de Santé (ARS) et de l'Union Régionale des Médecins Libéraux avec pour vocation d'orienter les patients les moins graves vers les médecins de garde. Le tout dans l'espoir de soulager les urgences des hôpitaux en fin de semaine, mais aussi de pallier le déficit de praticiens sur un territoire où la démographie médicale chancelle. Des enjeux qui rencontrent un écho singulier dans le contexte actuel.

Joignable H24 le temps de la crise

Le système ayant fait ses preuves par « temps calme », ses plages horaires viennent d'être élargies en réaction à l'afflux de sollicitations que suscite le coronavirus. Depuis le 23 mars, le 116 117 répond sept jours sur sept et 24 heures sur 24. Objectif ? Suppléer le 15 en cas d'indisponibilité du médecin traitant et orienter l'appelant vers l'interlocuteur ad hoc. «L'appel aboutit à un permanencier qui, le cas échéant, le rassure ou le redirige soit vers un médecin régulateur, soit directement vers le Samu s'il présente des signaux graves», détaille-t-on à l'ARS.

D'ici quelques jours, le médecin régulateur devrait être assisté d'un agent de l'assurance maladie grâce à qui il sera possible de délivrer, à distance, un arrêt de travail juridiquement valable aux personnes suspectées d'être atteintes du virus. But avoué : éviter les déplacements de « patients Covid » vers les cabinets médicaux d'où pourrait se propager l'épidémie et circonscrire l'utilisation du 15 aux urgences vitales. Une approche à méditer.