La Normandie se veut pionnière pour sortir du glyphosate

Par Nathalie Jourdan, à Rouen  |   |  349  mots
(Crédits : Reuters)
Hervé Morin, le président de la Région, veut constituer une « avant-garde éclairée » d’agriculteurs conventionnels prêts à s’affranchir des herbicides chimiques en deux ans.

Hervé Morin aurait probablement fait partie des « fichés » de Monsanto s'il avait pris une telle initiative avant le rachat de la firme par Bayer. Le président du conseil régional de Normandie vient de lancer un appel à candidatures à cinquante agriculteurs de sa région. Objectif ? Mobiliser d'ici le mois de juillet un groupe de « pionniers » disposés à expérimenter des alternatives non chimiques au glyphosate jusqu'à s'en passer complètement au démarrage de la campagne culturale 2020-2021. Soit deux ans avant l'échéance fixée par Emmanuel Macron.

« Plutôt que de se battre contre une interdiction inexorable, l'idée est de former une avant-garde éclairée pour évaluer l'efficacité des substituts sur plusieurs types de terroirs avec l'espoir que leurs avancées soient utiles à toute la profession », argumente l'ancien ministre de la Défense.

80 euros l'hectare

Semis tardifs, diversification des assolements, désherbage mécanique, paillage... Les candidats seront invités à éprouver différentes techniques puis à diffuser les résultats à leurs pairs. Quitte à payer les pots cassés. Pour prix de leurs efforts, ils seront indemnisés à hauteur de 80 euros l'hectare et accompagnés par des techniciens référencés par la Région.

Pour Sébastien Windsor, président de la chambre d'agriculture, le pari est loin d'être gagné mais la démarche est positive.

« Les solutions ne viendront pas de Paris. En réalité, le sujet n'est travaillé que depuis peu. Nous avons donc encore besoin de tester des alternatives qui n'existent parfois que sur le papier. »

Toutefois, l'intéressé se garde bien de promettre la lune. « Ce sera très complexe sans mettre à mal la compétitivité. Et il faut bien que le consommateur ait en tête que ce qui est vert est plus cher. » Quant à savoir si la profession répondra présent, mystère. « Peut-être, je vais réfléchir mais deux ans, je trouve ça court », a rétorqué un agriculteur de l'Eure, pourtant plutôt à la pointe, à Hervé Morin qui le pressait de signer un contrat de transition. Une réponse de Normand.