Le business s'invite à l'Armada sur les quais de Seine à Rouen

Jusqu'au 16 juin, les plus beaux navires du monde prennent leurs quartiers à Rouen. Ces géants des mers aimantent des millions de touristes, mais pas seulement. Il s’échange aussi beaucoup de cartes de visite entre bastingages et cabestans.
La France Mutualiste a choisi de convier partenaires et journalistes sur l’Hermione, un trois-mâts carré de 65 mètres de long.
La France Mutualiste a choisi de convier partenaires et journalistes sur l’Hermione, un trois-mâts carré de 65 mètres de long. (Crédits : iStock)

Le rituel est immuable à chaque édition. Tous les soirs avant le coucher du soleil, des officiers de bord en grand appareil mousquetonnent un cordage au bas des passerelles des grands voiliers amarrés sur sept kilomètres, de part et d'autre des quais de Seine. Ouverts à la visite pendant la journée, les somptueux ponts en teck se ferment à la foule des curieux à la nuit tombante. Ne sont plus admis sur l'eau que des traiteurs lestés de caisses de champagne et de cartons de petits fours, les détenteurs d'un laissez-passer et, çà et là, quelques resquilleurs, amis d'amis. Fin de la séquence touristique, l'heure est aux rendez-vous d'affaires et aux séances de team building.

Salons nautiques

Moyennant quelques milliers d'euros, les entreprises s'offrent une parenthèse enchantée sur des bateaux légendaires, sur fond de feu d'artifice. Le jeune opérateur télécoms « B to B » Linkt, filiale du groupe Altitude, a ainsi affrété une navette depuis la Défense pour transporter ses clients avec la promesse « d'une soirée d'exception » à bord du Krusenstern, « deuxième plus grand quatre-mâts du monde », précise l'invitation. Le CIC a aussi jeté son dévolu sur le voilier russe, un des plus courus. L'ordre des experts-comptables lui a préféré le Gulden Leeuw, une goélette danoise à hunier de 70 mètres. La compagnie la France Mutualiste convie partenaires et journalistes sur le pont de l'Hermione, la Caisse d'Épargne assure sa promotion sur celui du Belem...

Pour ce septième opus, l'association gestionnaire de l'Armada a saturé son carnet de réservations avec près de 200 réceptions. Un record et un soulagement pour son inoxydable président, Patrick Herr. « Pas de déficit à craindre », souffle l'ancien député, à la barre depuis 30 ans.

Conserver la gratuité

C'est lui qui a imaginé cette trouvaille consistant à privatiser les bateaux quelques heures par jour : un moyen d'honorer les redevances demandées par leurs propriétaires - beaucoup de fondations, mais aussi des États - pour prix de leur déplacement. La facture n'est pas donnée, indique-t-il. « Les produits dérivés et les subventions des collectivités n'auraient pas suffi à maintenir la gratuité de la manifestation pour le grand public, qui vaut à Rouen des millions de visiteurs. » Et aux entreprises locales de roboratives retombées.

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Frédéric Sanchez

[Frédéric Sanchez, président de la Métropole Rouen Normandie. Crédits : DR]

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« L'Armada sera un révélateur de la dynamique métropolitaine »

LA TRIBUNE - Cette édition est la première depuis que Rouen a gagné ses galons de Métropole. Ne revêt-elle pour vous une importance toute particulière ?

FRÉDÉRIC SANCHEZ - Oui, parce qu'elle intervient juste après un cycle de renouveau de l'espace public et d'investissements d'une intensité jamais égalée, qui matérialise la dynamique métropolitaine enclenchée depuis quatre ans. Les changements sont extrêmement spectaculaires, en particulier en bord de Seine. Aujourd'hui, je sens refluer le sentiment de déclin, lié à la désindustrialisation, qu'ont pu ressentir les Rouennais. L'occasion nous est donnée de révéler la concrétude de cette transformation d'abord à nos propres yeux, ensuite à ceux des visiteurs.

Comment comptez-vous capitaliser sur l'événement ?

Comme beaucoup de métropoles, mises à part Lyon et Marseille, le défi qui se présente à nous est de trouver des relais par l'investissement privé, notamment pour conforter la mutation vers le tertiaire et la nouvelle économie. De ce point de vue, l 'Armada, à l'instar de la COP21 locale ou de la candidature pour devenir capitale européenne de la culture, est un tremplin, même si je ne lui prête pas des vertus magiques. C'est la raison pour laquelle l'Agence de développement s'est mobilisée en amont pour pousser les acteurs économiques à battre le rappel. Il faut croire que leur action a été efficace, mon agenda est plein pour les dix jours.

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Cordon : des théâtres d'opérations aux quais de la Seine

Spécialisée dans la lutte antiterroriste et la surveillance de sites sensibles, la société normande Cordon DS2I fera, pour la première fois, une incursion en terrain civil à la faveur de l'Armada. L'ex-filiale d'Airbus déploiera, « sur des points stratégiques », un système de détection sur des pick-up 4X4, équipés de capteurs à infrarouge connectés à une intelligence artificielle. Objectif : localiser et caractériser les mouvements suspects.

« Notre solution déployable en dix minutes permet, en quelque sorte, de discerner le bien du mal, précise Frédéric Maury, son directeur général. Elle est appréciée des armées pour sa rusticité et sa capacité à fonctionner quel que soit l'environnement, par tous les temps de jour comme de nuit par opposition aux drones. »

Cordon interviendra pour partie au titre du mécénat : « Une marque de reconnaissance envers notre territoire », indique Frédéric Maury. Mais l'intéressé ne perd pas de vue que plusieurs navires militaires seront amarrés sur les quais de Seine, aux côtés des grands voiliers. Sait-on jamais !

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Commentaire 1
à écrit le 10/06/2019 à 11:42
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A quand un transport de marchandises à voile ? Ça aurait une autre gueule en plus hein ! Que ces immondes paquebots qui polluent en masse.

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