Nouveau coup dur pour les ostréiculteurs : les ventes d'huîtres du Calvados (Normandie) interdites

Par latribune.fr  |   |  828  mots
Ce vendredi, en raison de problèmes sanitaires, la préfecture du Calvados a en effet interdit « temporairement », la consommation et la commercialisation des huîtres produites dans les secteurs de Grandcamp-Maisy Est et Géfosse-Fontenay, dans l'arrondissement de Bayeux. (Crédits : CC Pixabay by photo-graphe)
La préfecture du Calvados a interdit « temporairement » vendredi, en raison de problèmes sanitaires, la consommation et la commercialisation des huîtres produites dans les secteurs de Grandcamp-Maisy Est et Géfosse-Fontenay, dans l'arrondissement de Bayeux.

Nouveau coup pour les ostréiculteurs, pour les poissonneries et les consommateurs qui avaient déjà fait leurs achats à la veille du réveillon de fin d'année. Car après les huîtres du bassin d'Arcachon, celles du Calvados (Normandie) sont également interdites à la vente et à la dégustation. Et ce pour des raisons similaires : un risque d'intoxication alimentaire.

« Les symptômes sont ceux de la gastro-entérite aiguë »

Ce vendredi, en raison de problèmes sanitaires, la préfecture du Calvados a en effet interdit « temporairement », la consommation et la commercialisation des huîtres produites dans les secteurs de Grandcamp-Maisy Est et Géfosse-Fontenay, dans l'arrondissement de Bayeux. Cette interdiction est motivée par les mêmes raisons qui ont amené la préfecture de Gironde à prendre cette semaine des mesures similaires pour les huîtres produites dans le bassin d'Arcachon, à savoir des « cas de toxi-infections alimentaires collectives », a expliqué la préfecture du Calvados dans un communiqué. « Les symptômes sont ceux de la gastro-entérite aiguë », a-t-elle précisé.

Les « enquêtes de traçabilité et des analyses menées sur des huîtres en élevage indiquent qu'une contamination des huîtres issues » des secteurs cités « est en cause », selon la préfecture.

Le préfet du Calvados interdit aussi « provisoirement les activités de pêche, de récolte et de commercialisation destinées à la consommation humaine des coquillages en provenance des zones précitées ». « Les lots de coquillages récoltés sur ces zones doivent être retirés de la vente », a ajouté la préfecture.

Dans son communiqué, elle demande également « aux personnes qui détiendraient des coquillages provenant de ces zones de ne pas les consommer et de les rapporter aux points de vente » et souligne aussi que « la pêche de loisir de coquillages est également interdite ».

Ces mesures d'interdiction « concernent uniquement les deux secteurs de Grandcamp-Maisy et Géfosse-Fontenay : aucune autre zone de production dans le Calvados n'est concernée » et « ces mesures seront levées dès lors que la qualité sanitaire des coquillages sera redevenue pleinement satisfaisante », complète la préfecture. La date de mi-janvier a été évoquée par TF1.

Le coup est dur pour l'ensemble de la filière. Car par prudence, rien ne dit que la clientèle achètera des huîtres des secteurs autorisés.

Huit millions d'euros de pertes en Gironde

Par ailleurs en Gironde, les ostréiculteurs du bassin d'Arcachon estiment leurs pertes à quelque 8 millions d'euros et envisagent de porter plainte s'ils ne sont pas indemnisés en partie.

« Aujourd'hui, c'est un sentiment d'injustice qui règne parmi nous », a déclaré Olivier Laban, président du Comité régional de conchyliculture Arcachon Aquitaine (CRCAA), à l'issue d'une assemblée générale exceptionnelle des producteurs à Gujan-Mestras (Gironde).

Pour eux, le système d'assainissement des rives du bassin est à l'origine de la pollution des eaux qui a contaminé les huîtres, interdites à la vente depuis mercredi soir par la préfecture du département. Des analyses ont révélé la présence de « norovirus », responsable de la gastro-entérite, dans des élevages, et de nombreux consommateurs ont été malades autour de Noël.

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En deux mois et demi, il a plu quelque 550 mm d'eau - soit 550 litres au mètre carré - sur la zone, contre 800 mm par an généralement, a avancé Olivier Laban. « Le système d'assainissement a débordé et l'eau souillée a migré vers le point le plus bas, les eaux du bassin », a-t-il souligné.

« Autant on est capable d'accepter les conséquences des phénomènes naturels, ça fait partie des risques du métier, autant là (...) La décision d'interdiction qui a été prise est la bonne mais on a du mal à l'avaler car on n'y est pour rien, mes collègues et moi on a bien fait notre travail », a poursuivi le représentant de la profession.

« Aujourd'hui, il faut savoir qui va payer l'addition », a-t-il lancé, pointant du doigt les collectivités gestionnaires du réseau d'assainissement « qui a montré ses limites ».

800 tonnes

Les ventes du Nouvel An auraient représenté quelque 800 tonnes d'huîtres, pour un chiffre d'affaires de 7 à 9 millions d'euros. Le CRCAA, qui doit rencontrer le préfet la semaine prochaine, se réserve le droit de porter plainte si « une solution concrète pour indemniser les entreprises sinistrées » n'était pas rapidement trouvée.

« Qui veut la paix, prépare la guerre. Malheureusement, c'est comme ça que ça marche », a conclu Olivier Laban. « On ne demande pas le remboursement de tout le chiffre d'affaires, uniquement de la marge brute perdue » car les huîtres remises dans les parcs seront bien vendues au final, une fois la qualité de l'eau rétablie.

Le délai prend ordinairement 28 jours pour ce type de contamination, avait indiqué jeudi un producteur à l'AFP.