Les menaces de Ryanair lassent les marseillais

Par Caroline Garcia. Correspondante à Marseille. Meridien Mag  |   |  438  mots
Photo Reuters
La compagnie aérienne à bas coût dénonce une vendetta de la Commission européenne contre elle. Si les menaces de fermeture de lignes inquiètent dans les petits aéroports où la low cost opère quasiment seule, son discours perd en crédibilité à Marseille.

C'est devenu un rituel : deux à trois fois par an, la direction de Ryanair débarque à Marseille pour dénoncer l'acharnement des tribunaux, des syndicats ou des pouvoirs publics à son encontre. Mercredi dernier, c'était au tour de la Commission européenne, accusée carrément de "vendetta" par le directeur général adjoint de la compagnie aérienne à bas prix, Michael Cawley. En cause, les 18 enquêtes en cours de Bruxelles contre des aides d'État potentielles que percevrait Ryanair dans des aéroports régionaux - dont Marseille-Provence - de France et d'Allemagne. Ryanair a aussi dans son collimateur les nouvelles règles que l'Europe prépare pour le financement des aéroports et des compagnies qui lancent des lignes régionales. Pour le transporteur irlandais, pas de doutes, Bruxelles n'aime pas Ryanair et cherche par tous les moyens à déconstruire son modèle.

« Nous ne gagnons que 6 euros par billet »

Reste qu'à Marseille, le discours de la compagnie résonne de moins en moins fort. En 2012, elle travaille sur 34 lignes, soit 1,5 million de passagers prévus sur l'année. Depuis 2006, elle profite à plein du terminal MP2, dédié aux compagnies low cost, parfaitement adapté à ses contraintes et aux concessions sur le confort que sont prêts à faire ses clients, pour un ticket moyen à 40 euros (une hausse de 17% en un an). Si Ryanair évoque des "risques de fermeture" de MP2, Michael Cawley modère immédiatement le propos :"nous ne gagnons que 6 euros par billet, assure-t-il. Si nous avions des marges de man?uvre du point de vue des tarifs, nous aurions déjà augmenté nos bénéfices !".

Vers une hausse de 20 euros du ticket moyen ?

Selon Cawley, le texte que la Commission européenne devrait adopter dans l'année, prévoirait notamment de distinguer les aéroports publics des privés et d'uniformiser les taxes pour les compagnies, ce qui conduirait à Marseille "à une hausse d'au moins 20 ? du ticket moyen". Redhibitoire pour ses clients, estime la compagnie. Pour le moment, le texte européen n'est pas connu. Et le directeur de Marseille-Provence, Pierre Régis, n'a pas l'air inquiet des répercussions qu'auraient ces changements sur l'aéroport provençal.Ryanair a déjà quitté Marseille une première fois, après l'ouverture d'une procédure judiciaire pour travail dissimulé au tribunal d'Aix-en-Provence. Elle est finalement revenue. Elle pourrait reprendre la mouche quand les réquisitions du procureur de la république, attendues depuis le rejet de la requête en nullité par la chambre d'instruction en novembre 2011, seront rendues dans cette affaire.
 

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