Pharmacie : Provepharm remet le bleu de méthylène à l'honneur

Par Adeline Descamps, à Marseille, Méridien Mag  |   |  374  mots
En raison de sa concentration en métaux lourds, la plupart des applications thérapeutiques du bleu de méthylène avaient été abandonnées, laissant au produit son unique usage d'antidote sanguin pour le traitement des empoisonnements au monoxyde de carbone pour lesquelles il n'existe pas d'autres traitements. © Provepharm
La jeune société fournit à l'industrie pharmaceutique son principe actif Proveblue qui repose sur une méthode innovante de valorisation du bleu de méthylène. Grâce à ses trois brevets, la société est aujourd'hui la seule au monde capable de fournir un produit pur.

Créée en 2007, la jeune société marseillaise Provepharm est à l'origine du développement du seul et unique principe actif au monde développé par la valorisation du bleu de méthylène. Ce produit, qui a obtenu en 2011 les autorisations de mise sur le marché dans 27 pays de l'UE, dispose de brevets valables jusqu'en 2027.

Proverpharm, qui mise pour la commercialisation de son bleu de méthylène sur des accords de licence avec des distributeurs par territoires et domaines (déclinaison du principe actif sur d'autres applications thérapeutiques comme la malaria), a signé des contrats en Norvège, Suède, Finlande, Danemark, Islande, Royaume Uni et en Europe du Sud. Le PDG de la société, Michel Féraud, docteur en chimie organique, estime le potentiel commercial en Europe à quelque 40 millions d'euros par an d'ici trois à cinq ans, soit environ 1 million d'ampoules injectables par an. « Nous sommes en train de couvrir les pays européens et le Japon. Nous avons entamé les démarches pour obtenir les autorisations nécessaires auprès de la FDA » (Food Drug and Administration pour les Etats-Unis, ndlr), complète-t-il.

Une molécule connue depuis 130 ans

La société (CA 2012 de 2,5 millions d'euros, 10 personnes), qui a atteint l'équilibre financier pour la première fois en 2011 travaille sur le chlorure de méthylthioninium depuis 2006. « Cette molécule est connue depuis 130 ans pour ses multiples propriétés - antidote, antiseptique, antiviral, etc., mais souffrait d'un manque de qualité notamment pour sa concentration élevée en métaux lourds. Elle méritait que l'on s'y attarde", explique Michel Féraud. Proveblue, le nom donné à cette synthèse ultra pure de la molécule, « réduit considérablement les impuretés organiques et inorganiques ».

Pour financer ses développements, l'entreprise a levé 8,7 millions d'euros en plusieurs tours de table. Sa maison-mère, Provence Technologies, laboratoire de recherche spécialisé en chimie fine, a annoncé le lancement d'un nouveau programme de recherche pour partir en quête d'une nouvelle molécule ultra pure. D'un montant de 1,3million d'euros, le projet est co-financé à parité par Oséo et par l'entreprise sur ses fonds propres. Provence Technologies a créé Provepharm précisément pour valoriser les principes actifs pharmaceutiques qu'il développe.