Comment Aix-Marseille French Tech pense la Smart City

Penser la ville de demain, c’est imaginer une ville intelligente qui se poserait aussi comme nouveau modèle de gestion vertueuse pour les gouvernants. C’est toute la mission, pas si impossible, que mène la commission Smart City d'Aix-Marseille French Tech (AMFT), pilotée par le fondateur de Jaguar Network, Kevin Polizzi.
Kevin Polizzi, fondateur de Jaguar Network.

LA TRIBUNE - Près de deux ans après la labellisation French Tech, quel est le bilan de la commission Smart City ? Sur quels sujets travaille-t-elle ? Et comment le dialogue se fait-il avec les collectivités ?

KEVIN POLIZZI - L'écosystème en création autour des thèmes liés à la ville intelligente est très prometteur. Nous avions identifié initialement ce nouveau pan de l'industrie comme un domaine d'activité stratégique de la French Tech Aix Marseille [AMFT] et lui avons affecté une commission spécialisée.

Que ce soit dans les métiers de l'intégration, du conseil, de l'ingénierie ou de la construction, plus de trente professionnels travaillent à la coconstruction d'une vision partagée créatrice de valeur pour le territoire en y associant de nouveaux modèles économiques permettant de financer ces innovations majeures vouées à notre confort de vie. Construire un territoire optimisé, résoudre simplement et à moindre frais nos problèmes majeurs, telles sont les promesses qui vont être tenues à très court terme et à moindre coût.

Quels sont aujourd'hui les enjeux de la smart city ?

Nous avons axé nos travaux sur des livrables concrets et maîtrisés. La mise en oeuvre d'expérimentations via des preuves de concept est au coeur de la stratégie d'adoption de ces technologies par les élus et nous, citoyens. Grâce à de nouveaux outils législatifs, il est maintenant possible d'expérimenter sur le territoire en grandeur nature et d'ajuster les efforts de recherche et de développement très rapidement.

Les sujets sont nombreux et ont cette qualité d'être dans un véritable continuum de l'expérience des citoyens : stationnement 2.0 et applications associées ; mobilité urbaine, métropolitaine et charges rapides des véhicules ; gestion des énergies ; refonte des centre-villes et services administratifs numériques font de nous des e-citoyens.

Les expérimentations sont exclusivement positionnées vers la résolution de problèmes actuels ou de prospective à moyen terme. L'enjeu est d'inventer la métropole à l'horizon 2030 et de la livrer dès 2020 ! Nous travaillons sur des délais de livrables rapides en complète collaboration avec nos différentes institutions, tout le monde a un rôle à jouer en la matière.

C'est aussi la concrétisation réelle d'une nouvelle manière de collaborer entre le public et le privé dont la French Tech est précurseur.

Quels sont les prochains travaux et expérimentations qui seront menés ?

Nous avons déjà débuté cette année, sous l'impulsion de la mairie d'Aix-en-Provence, le déploiement d'un réseau de communication IP urbain de type wifi/LoRa avant de l'étendre régulièrement au reste de la métropole.

Le réseau ainsi que les bornes d'usage multiservices sont les préalables nécessaires, mais pas suffisants, à toute stratégie de smart city. Sans des infrastructures cohérentes et unifiées, impossible de construire les services à valeur ajoutée, tout le monde l'a maintenant bien intégré.

Les capacités d'investissement étant comptées, nous devons maximiser les résultats attendus et mutualiser les équipements pour différentes infrastructures. C'est pourquoi il faut probablement voir la smart city comme un opérateur métropolitain à valeur ajoutée au service exclusif des citoyens, le tout autofinancé.

Par exemple, il est possible d'économiser 25% sur un réseau d'éclairage public en jouant simplement sur la modulation de l'intensité et sur un réseau de capteurs permettant d'éteindre l'éclairage quand il n'est pas nécessaire. C'est maintenant possible sans conséquences dommageables avec les éclairages LED par exemple.

Plusieurs expérimentations vont en ce sens, avec un énorme focus sur la redéfinition des modèles du stationnement qui permettent de financer ces infrastructures tout en diminuant le budget destiné au contrôle et en facilitant les conditions de travail des agents de surveillance.

La smart city est une optimisation vertueuse des usages existants couplée à des technologies modernes redéfinissant notre rapport à la ville. Elle sera un excellent garant de l'utilisation, de l'optimisation des ressources publiques et du retour aux valeurs fondamentales du respect du « vivre ensemble ».

Selon vous, quels sont les pièges à éviter ?

Le sujet smart city est passionnant car il nécessite un important effort de coordination entre les différentes forces en présence. Il faut accoucher d'une vision partagée et la démultiplier pour bien prendre en considération les enjeux et contraintes de chacun. C'est pourquoi les portes de ce groupe de travail sont pleinement ouvertes à toutes les bonnes volontés.

Je vois aujourd'hui deux pièges qu'il faut impérativement anticiper.

Le premier est l'organisation administrative en silo: chacun doit comprendre que la smart city n'est pas un domaine à proprement parler, mais la synthèse d'efforts visant à optimiser chaque sujet concernant la ville. Il faut donc désigner un responsable métropolitain Smart City sous l'égide du numérique en relation avec chaque ville composant la métropole. Le sujet ne saurait être traité efficacement individuellement. Plusieurs initiatives vont actuellement en ce sens, démontrant une véritable prise de conscience en la matière.

Le second piège est que barder les villes de capteurs et d'actionneurs pose immédiatement la question de la cyber-securité et des effets de bords qui pourrait en découler. Ce sujet est le sujet numéro un de chaque réunion, et nous travaillons activement avec les plus grands professionnels de la sécurité informatique pour imposer ce fonctionnement à tous les fabricants de matériels et de logiciels.

Ce groupe est né à travers la French Tech et grâce à l'initiative de Thecamp. Les résultats seront très concrets, fruit d'un travail concerté entre professionnels et institutionnels... le tout associé à un modèle financier de nouvelle génération vertueux pour nous citoyens.

Smart City Marseille 2016

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