Provence-Alpes-Côte d’Azur : fortifier le bel équilibre

Par Laurence Bottero, à Marseille  |   |  891  mots
« Paca possède une taille critique qui lui permet de faire face aux autres grandes régions » avance Jean-Yves Longère.
[ #Regionales 2015 ] La région Paca, troisième étape de notre tour de France des régionales, est l’une des régions au périmètre inchangé. Un avantage, estiment certains, tandis que des voix s’élèvent pour que les deux métropoles, Nice et Marseille, travaillent (enfin) ensemble.

Elle a pour elle la mer, le soleil et un territoire contrasté, fait de vallées et de montagnes qui lui permettent de disposer de beaucoup d'atouts, enviables si l'on en croit les yeux doux que lui fait notamment le Gard (département du voisin Languedoc-Roussillon), désireux de rejoindre une région riche et fort bien positionnée géographiquement.Et les chiffres sont là pour le dire : première région d'accueil pour les touristes français et deuxième destination des touristes étrangers, juste derrière l'Île-de-France, avec un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros et 148. 000 emplois.

Mais il n'y a pas que cette jolie dame qu'est le tourisme. L'autre pan de l'économie territoriale, c'est l'industrie. Et en la matière, cette dernière est plutôt diversifiée, allant des parfumeurs de Grasse - Robertet, Mane, Fragonard - aux poids lourds de l'aéronautique - Airbus Helicopters, Thales Alenia Space - en passant par la microélectronique - Gemalto, STMicroelectronics - et la pétrochimie, centrée autour du port de Fos-sur-Mer et qui représente 32 % du raffinage hexagonal.C'est cette économie plurielle qui permet à Provence-Alpes-Côte d'Azur de ne pas craindre le poids que pèseront, dès 2016, les deux grandes régions voisines, le Languedoc-Roussillon allié à Midi-Pyrénées d'un côté et Rhône-Alpes additionné à l'Auvergne de l'autre.

C'est notamment ce que dit Jean-Yves Longère, le directeur général de l'Agence régionale pour l'innovation et l'internationalisation des entreprises (ARII) qui insiste sur « les bons outils d'animation que possède le territoire, notamment les 16 Prides (Pôles régionaux d'innovation et de développement économique solidaire) et les 11 pôles de compétitivité, sans oublier les pépinières, incubateurs » et autres accélérateurs qui maillent la région.

Attractivité et potentiel d'accélération

« Nous avons un potentiel d'accélération du développement économique », poursuit Jean-Yves Longère, notamment via tout ce qui relève des réseaux électriques intelligents, de la smart city ou encore de projets dits « structurants » comme celui dénommé Henri-Fabre qui prévoit de construire, disent ses initiateurs - l'État et Airbus Helicopters - « une usine étendue du futur » installée sur 150 hectares sur l'aire Aix-Marseille et s'appuyant sur le travail collaboratif entre PME et donneurs d'ordre, le but étant de faire croître la filière aéronautique et mécanique.

« Paca possède une taille critique qui lui permet de faire face aux autres grandes régions » avance Jean-Yves Longère.

D'autant que ces nouvelles grandes régions vont, elles, devoir se structurer, absorber les modifications de périmètres, alors que Paca, quel que soit le nouvel exécutif, sera prête au lendemain du scrutin à se mettre en ordre de marche. Un atout finalement, sur ce que beaucoup auraient pu voir comme un désavantage.

Le Medef Gardois plaide pour rallier Paca

D'ailleurs, Paca est suffisamment séduisante pour tenter le Gard à rejoindre son giron. Et parmi les plus fervents défenseurs de ce basculement du Languedoc-Roussillon vers Provence-Alpes-Côte d'Azur, se trouve Éric Giraudier. Le président du Medef du Gard n'en démord pas, le découpage « politique » a fait fi des liens économiques et pour le département gardois qui regarde davantage vers les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse, c'est dommageable.

« Nous sommes dans une logique d'arc méditerranéen. Si l'on considère les liens historiques et les flux, le Gard regarde vers les Bouches-du-Rhône et le Vaucluse avant de regarder vers Toulouse, qui n'arrive qu'en quatrième position des villes avec lesquelles on échange. »

Et ce qui pose problème, notamment pour les petites et moyennes entreprises, c'est la distance qui sépare le Gard de Midi-Pyrénées.

« Les PME ont besoin d'être réactives, pour leurs propres projets comme pour leurs clients », ajoute Éric Giraudier qui souhaite donc que les liens noués avec Paca ne se fragilisent pas au lendemain de la fusion effective.

Un référendum d'initiative locale

Quid dans ce cas du droit d'option qui en théorie permet à un département de changer de région ?

« Nous nous battons pour qu'il soit mis en œuvre, nous effectuons un vrai travail d'influence », poursuit le patron des patrons gardois qui ne s'interdit pas d'avoir recours au référendum d'initiative locale, persuadé qu'une forte majorité validerait le rattachement à la région provenço-azuréenne, d'autant plus si l'on en croit un sondage réalisé voici plusieurs mois et qui révèle que 80 % des chefs d'entreprise gardois étaient favorables au rattachement à Paca.

« La vraie logique est l'arc méditerranéen, d'autant plus que l'Afrique représente le marché de demain », insiste Éric Giraudier, qui prévoit d'organiser un débat sur ce sujet avant le début de la campagne afin d'éviter toute récupération politique.

Du côté des entrepreneurs provençaux et azuréens, on verrait d'un bon œil l'arrivée de ce nouvel ajout, essentiellement, évidemment, pour des raisons d'actionnariat financier, comme de déplacements domicile-travail. Même France Stratégie l'a souligné, appuyant sur ces deux points. Toujours une question d'équilibre...

_____

____

>>> Retrouvez notre série "Régionales 2015" dans le Grand Soir/3 présenté par Patricia Loison chaque jeudi vers 22h30

Extrait du Soir 3 du jeudi 24 septembre 2015