Système U Ouest trie et recycle ses déchets

Par Frédéric Thual, à Nantes  |   |  551  mots
La plateforme de tri et de valorisation des déchets de quatre cents magasins dans l'Ouest de la France. © Frédéric Thual
Le distributeur revalorise les déchets de quatre cent magasins dans l'Ouest. 1,2 million d'euros vient d'être investi pour monter une plateforme de tri et de recyclage à Nantes. Unique en son genre.

C'est une première dans le réseau des commerçants associés de Système U. A Nantes, Système U Ouest vient de mettre en place une plateforme de tri et de valorisation des déchets de quatre cents magasins dans l'Ouest de la France. Lancé en janvier dernier, l'unité de 3 400 m², accolée aux 60.000 m² d'un entrepôt du groupe situé dans la zone d'activité aéroportuaire de Nantes, est capable d'absorber 45.000 tonnes de déchets par an. « L'équivalent d'une petite déchetterie », explique Alban Grazelie, président de la structure baptisée U Eco Raison. La démarche s'est inspirée d'initiatives vendéennes et bretonnes, engagées depuis 1996 et 2008. Cette fois, U Eco Raison avale tout. Si le carton représente 90%, il y a aussi des plastiques, du polystyrène, des cintres, de l'aluminium, des piles, etc.

Chaque jour, deux semi-remorques déversent là le fruit de leur récolte, hormis le carton qui va directement chez les recycleurs. Et chaque semaine, deux semi-remorques repartent avec un chargement trié et compacté à destination des recycleurs qui achètent, par contrat, le carton, le plastique, etc., réutilisés pour diverses applications dans l'industrie. Séparées, les piles sont dirigées vers des spécialistes. Le polyester ou l'aluminium dont les cours peuvent varier fortement sont revendus au moment le plus opportun. « Mais là, n'est pas l'essentiel, assure Alban Grazelie, nous voulons surtout mettre en ?uvre une filière de développement durable. Il ne s'agit pas de gagner de l'argent mais d'éviter d'en perdre quand la simple mise en décharge coûte 120 euros la tonne en moyenne pour un magasin....»

Une filière à l'équilibre

A ce jour, 98% des 400 magasins ont accepté d'adhérer au dispositif. A chacun d'eux, d'effectuer un premier tri et le compactage en balles de 350 kg. Pour ce faire, selon le matériel utilisé, il leur en coûte de 9 000 euros à 45 000 euros pour l'acquisition de presses. A cela s'ajoute la réalisation d'un local, souvent réalisé à l'occasion d'une extension. A Châteauneuf-sur-Sarthe, par exemple, Alban Grazelie envisage de consacrer 200 m² à la gestion des déchets pour un magasin de 3 500 m² de surface de vente. « Jusqu'ici la solution, c'était la benne », remarque-t-il. Aujourd'hui, les balles sont ensuite acheminées vers dix centres de collecte disséminés à travers le quart Ouest de la France, qui concentre 50% du chiffre d'affaire de Système U dans l'Hexagone.

Lancé il y a huit mois, la valorisation des déchets a généré 900.000 euros de recettes, redistribués aux adhérents, en fonction de leur volume de déchets. Ce qui permet à la filière de s'équilibrer. Une manière de compenser les investissements nécessaires. «C'est aussi un véritable outil sociétal et de management », souligne Marc Jezegou, directeur de la filière frais-surgelés chez système U. De fait, le site U Eco Raison fonctionne avec une société d'insertion qui lui fournit une dizaine d'employés pour assurer le fonctionnement de l'unité de tri en 2x8. Pour les magasins, c'est aussi un moyen de mobiliser le personnel sur une politique de développement durable souvent impalpable. Et pour le réseau, un moyen d'observer les bons et les mauvais trieurs.

Frédéric Thual, à Nantes