Les PME nantaises s’affirment sur les marchés internationaux

Par Frédéric Thual  |   |  616  mots
L’usine Armor de Nantes-La Chevrolière a doublé de capacité en dix ans. Armor est le n° 1 mondial de la technologie de transfert thermique.
Manitou, Gruau, Sodebo, Tipiak, groupe Lacroix... Avec un tiers des ETI françaises implantées sur son territoire, la région des Pays de la Loire offre un tissu industriel dense et diversifié.

La Région des Pays de la Loire concentre 1.500 ETI (entreprises de taille intermédiaire).

« Ce sont elles qui investissent et recrutent ! », répète-t-on. « Mais, si l'on connaît les entreprises du CAC 40, on méconnaît les ETI », observe Hubert de Boisredon, PDG du groupe Armor, leader mondial de la technologie de transfert thermique... basé à Nantes. Si le territoire ligérien se caractérise par une forte densité d'ETI, à regarder de plus près, seul un tiers d'entre elles ont leur siège social en Pays de la Loire.

Bpifrance en dénombre officiellement 219. La plupart se situent en Mayenne et en Vendée. Fruit d'un certain capitalisme familial qui a permis à des PME « de prendre le temps de devenir de belles ETI ».

À l'image de Manitou, Gruau, Sodebo, Tipiak... ou le groupe Lacroix dans la signalisation et l'électronique. Par crainte de perdre leur indépendance décisionnelle ou de devoir faire face au départ de fonds d'investissement, nombre d'entre elles apparaissent, cependant, sous-capitalisées pour véritablement rayonner à l'international. Or, l'export est à la fois un maillon faible de la région, classée au dixième rang national, et un terrain de jeux propice à la croissance dans une Europe où les coûts de fabrication restent élevés.

« La taille d'une ETI lui donne une crédibilité pour prendre des affaires plus globales, sortir du rôle de sous-traitant, mais aussi de pouvoir embarquer des sociétés plus petites et créer des filières qui profitent à tout le territoire », explique Patrick Cheppe, président d'Europe Technologies en passe de devenir une ETI.

Le conseil régional vient en aide aux PME

Faute de pouvoir intervenir directement auprès des ETI en raison du cadre réglementaire européen, le Conseil régional accompagne les PME à travers divers dispositifs comme le programme de réindustrialisation P2RI (prêt régional de redéploiement industriel), ou de façon plus transversale en soutenant l'innovation et les filières.

« Nous intervenons à travers six filières cibles hyperstratégiques comme les EMR (énergies marines renouvelables), l'électronique professionnelle, les technologies avancées de production... », explique Denis Caille, directeur général délégué de l'agence régionale Pays de la Loire-Territoires d'innovation. « De cette manière, les entreprises ont une feuille de route affirmée que  nous sommes en capacité d'aider. »

Depuis 2009, près de 200 P2RI ont été mis en œuvre. « Ils ont permis à quelques grosses PME confrontées à la crise, d'embaucher, de rebondir et, pour certaines, de devenir des ETI », observe Jean-Marc Ducimetière, directeur régional de Bpifrance Pays de la Loire, capable de mettre sur la table jusqu'à 10 millions d'euros pour financer une opération.

« Les ETI viennent chercher des financements alternatifs entre de la dette et les fonds propres. Nous finançons l'immatériel comme le recrutement d'une force de vente, une croissance externe, un rachat à l'international, des besoins en fonds de roulement... Tout ce que les banques n'aiment pas faire. Nous proposons un prêt sur sept ans, avec deux ans de différé de remboursement, sans aucune garantie, ni sur les actifs ni sur le patrimoine du dirigeant », précise-t-il.

Impliquées dans les réseaux ligériens, les ETI semblent avoir du mal à épauler les jeunes entreprises souvent porteuses d'innovation.

« À l'heure où les banques et les business angels limitent leurs interventions, elles pourraient, dans une logique d'innovation, soutenir (en capital) de jeunes entrepreneurs pour capter l'émergence technologique. Or, l'économie ancienne a du mal à innover et à s'ouvrir au financement (en capital-risque) en dehors de l'innovation classique », estime Jérôme Guéret, de la société de gestion de fonds d'investissement Go Capital.