Le désert du Massif des Bauges est devenu une vallée idyllique

Dans les années 1980, le massif des Bauges passait pour l'archétype du « désert français ». Aujourd'hui, il lutte contre la pression foncière venue des agglomérations et sélectionne des projets conformes à son image de développement durable.
Le vallon et l'alpage d'Orgeval (Copyright : PNRMB/Carole Vanesse)

Il a grandi dans les Bauges. Eleveur de vaches laitières à Lescheraines, Cédric Laboret a créé en 2001 un Groupement agricole d'exploitation en commun (GAEC) avec un voisin. « Lorsque j'étais lycéen, se souvient-il, on me demandait souvent comment je faisais pour vivre là-haut. Mes parents avaient une ferme, ils étaient pluriactifs. Pour moi, travailler dans les Bauges a donc été naturel. » Pourtant, dans les années 1980, le massif des Bauges connaît un exode rural important. Les agriculteurs n'encouragent pas leurs enfants à rester au pays, les fruitières ferment les unes après les autres et la population chute sous le seuil des 3500 habitants.

L'un des quatre sites français labellisé par l'Unesco

Trente ans plus tard, la situation est en passe de changer. En septembre dernier, le parc des Bauges a en décroché le prestigieux label international de l'Unesco « Geopark », détenu par 88 sites dans le monde, dont quatre en France. Reconnu pour sa richesse géologique, le parc compte valoriser ce patrimoine en aménageant 54 géo-sites déjà répertoriés. Pour Cédric Laboret, ce parc naturel régional représente une véritable opportunité de développement. Lui qui avait soutenu le label AOC de la Tome des Bauges, qui a distingué en 2004 ce fromage emblématique et typique du massif, a vu venir à lui des citadins en quête d'air pur et de qualité de vie. « Cette distinction permet de souder les gens d'un territoire autour d'un produit auquel ils s'identifient », remarque l'éleveur. Si la lente érosion du nombre d'exploitations agricoles se poursuit, la donne a changé : les petites qui n'étaient pas viables ont disparu du paysage, les autres se sont regroupées pour survivre et préserver les emplois salariés. Comme quatorze autres producteurs, Cédric Laboret porte son lait à la coopérative en gestion directe de Lescheraines qui le transforme. Les producteurs se rémunèrent en fonction des ventes de fromage de la coopérative. « Un système qui permet de tirer un revenu correct de l'activité et d'avoir une vie sociale plus acceptable, observe l'éleveur. On n'aurait pas pu continuer à vivre en marge de la société. »

Se prémunir contre l'envahissement des urbains

Le parc est à tel point devenu attractif qu'André Guerraz, président du Parc naturel régional du massif des Bauges, explique batailler contre la pression foncière subie par les éleveurs qui perdent chaque année des terres agricoles. Un politique à contre-courant de la lutte contre la désertification qui prévalait dans les années 1990. « Nous avons élaboré un document d'urbanisme avec les 14 communes du c?ur des Bauges et les quatre villes « portes » : Aix-les-Bains, Annecy, Chambéry et Albertville, pour nous prémunir contre la prolifération des habitations et la pression foncière venant des agglomérations », explique-t-il.

« On n'est pas isolé, on est juste au calme »

« Le parc a pris de bonnes initiatives », estime de son côté Delphine Gamen, dirigeante de la société Formes Actives. Elle en souhaiterait davantage, mais elle sait que tout est question d'opportunité. Les projets doivent remporter l'adhésion des Baujus et rester en cohérence avec la notion de protection environnementale... qui n'est pas toujours synonyme de développement économique. En 2004, Delphine Gamen a repris l'entreprise familiale de plasturgie implantée à Lescheraines depuis 1995. Ses parents, originaires de Lyon, ont voulu se mettre au vert tout en se rapprochant de leur deux clients historiques haut-savoyards, les fabricants de ski Rossignol et Dynastar.

Un choix que Delphine Gamen n'a jamais regretté. « On n'est pas isolé, on est juste au calme », affirme-t-elle. Elle a choisi de diversifier son activité en lançant K'lice, marque d'objets de communication en plastique végétal, une manière d'être en phase avec son environnement et de trouver de nouveaux marchés à l'échelon local. Un pari d'ores et déjà réussi puisque le syndicat de la Tome des Bauges a confié à l'entreprise la fabrication de ses pastilles de reconnaissance AOC. Hormis ses quatre AOC fromagères, la filière bois du massif lui a valu une labellisation « pôle d'excellence rurale », la culture des plantes aromatiques et médicinales est une niche promise à un bel avenir et une miellerie collective devrait voir le jour, à Saint-Eustache, dans la vallée.

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Commentaire 1
à écrit le 16/05/2012 à 18:27
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EXELENT TRAVAIL COLLECTIF AUTOUR D1 PROJET BIO TRES INTERRESSANT POUR L APICULTURE QUI PLUS EST DE MONTAGNE QUI DE FAITSERA UN MIEL DE GRANDE QUALITE BRAVO

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