Les sirops Routin changent de mains

Après plus de soixante-dix ans à la tête de l'entreprise de boissons rafraîchissantes, 2ème producteur français de sirops, la famille Clochet vient de céder la main. Le repreneur compte accélérer l'innovation et investir davantage sur les segments dynamiques du marché, en France et à l'international.
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Une page se tourne. L'entreprise chambérienne, créée en 1883 par Philibert Routin et rachetée en 1938 par René Clochet, vient d'être vendue. C'est désormais Olivier Lecoeur qui est à la tête des sociétés Routin, Montania et Brasserie des Cimes. « J'ai 66 ans », explique Jean Clochet, qui était jusque-là président directeur général. « Les conditions sont plus difficiles qu'à une époque. Les relations avec la distribution se sont notamment tendues. De plus, il y a un manque de visibilité par rapport à l'avenir lié aux variations du prix des matières premières. En 2011, le sucre, qui représente 30 % de nos achats de matière première, a ainsi augmenté de 44 % ! » Dans les affaires depuis 41 ans, Jean Clochet n'avait pas envie de « monter un cran supplémentaire dans le stress et la rapidité » ni de « mener le combat de trop ». « De 1971 à 2012, l'entreprise est passée de 4 millions de francs à environ 60 millions d'euros de chiffre d'affaires. Mais depuis 5 ans, le développement est beaucoup moins fort. C'est bien moins amusant », juge le sexagénaire. Sans successeur désigné, celui-ci a donc préféré passer le flambeau et céder la société holding Routin SA. Cette dernière, qui produit sirops et boissons concentrées, détient 100 % des actions de quatre autres entreprises : Routin America, basée à New York, et Routin Nord Europe, à Copenhague, chargées de la commercialisation dans ces zones, Montania, société chambérienne spécialisée dans les produits du terroir des Alpes, dont les alcools à l'origine de l'entreprise, et enfin la brasserie des Cimes, située à Aix-les-Bains, dédiée aux bières régionales.

Un changement dans la continuité

Après 18 mois d'étude concernant une opération sur le capital, la direction a tranché. « Nous avons finalement opté pour le consortium dirigé par Olivier Lecoeur, avec l'actionnaire de référence CM - CIC Investissement [ex banque de Vizille NDLR], car ce sont des personnes que je connais et qui vont privilégier un développement de la société dans la continuité », précise Jean Clochet. Entendez par là que le modèle économique, basé sur trois sociétés spécialisées dans des marchés différents, sera conservé. « L'idée était de ne pas vendre à la découpe. C'est pourquoi nous avons évacué dès le début nos concurrents dans le sirop ». Quant à l'entreprise de 190 salariés, malgré son grand âge, elle n'a pas pris une ride sur le plan marketing ou industriel, avec des usines modernes produisant plus de 50 millions d'unités par an et un laboratoire R&D d'analyse sensorielle doté d'une arômathèque de plus de 3 000 échantillons. « Il manquait juste un coup de pouce sur le plan commercial pour aller plus vite », résume l'ancien PDG. « Depuis 2008, avec les turbulences des prix des matières premières, on n'a en effet pas pu mettre le paquet sur le développement international. Ils auront les moyens que nous n'avions pas ». En ligne de mire : l'exportation des sirops destinés à l'aromatisation des boissons chaudes ou froides. « Une pépite », à en croire Jean Clochet.

Des projets en rupture 

Olivier Lecoeur, son successeur, a été directeur général du groupe agro-alimentaire Hero France de 2004 à 2010. Il est également convaincu du potentiel de la société. Et l'homme, à la solide expérience commerciale et marketing, a du nez. « Nous voulons investir dans le développement des usages nouveaux des sirops, comme l'aromatisation du thé, du lait ou des cocktails, peu présent dans le portefeuille de Routin » indique le nouveau PDG. « Il y a énormément de projets, parfois très "rupturistes", qui attendent dans les placards et que nous comptons commercialiser ». Des lancements sont ainsi prévus pour 2013. « Les Etats-Unis nous intéressent car ils donnent le tempo de ces nouvelles utilisations. Nous comptons ainsi développer fortement Routin America, puis nous essaierons de nous déployer dans d'autres pays en fonction de la maturité du marché. » En Extrême-Orient, dans le Golf et dans l'ancienne Europe de l'Est, par exemple, sachant que le groupe est déjà présent dans 75 pays. Autre axe de développement prévu : les cafés hôtels restaurants, à travers 1883, marque de sirop haut de gamme dédiée aux professionnels, comportant une centaine de parfums. Enfin, le nouveau PDG mise sur l'activité régionale, en lien avec les racines savoyardes de l'entreprise. Quant à la famille Clochet, elle continuera de participer à l'aventure, grâce à des d'obligations convertibles sur les 5 prochaines années représentant 10 % du capital, Jean Clochet restant pour sa part administrateur. Histoire de « garder un ?il dessus ».
 

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Commentaires 3
à écrit le 01/08/2013 à 2:38
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Quelle belle reconnaissance de famille !!! Merci à celui qui vous a permis de vivre encore 5 ans...

à écrit le 25/07/2012 à 9:17
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Cher correcteur / auteur : une magnifique phôte d'orthographe s'est glissée dans le titre de l'article. Saurez-vous la reconnaître ? Article intéressant, ça fait du bien d'entendre parler de ces PME ("de régions" comme vous dîtes).

le 16/12/2014 à 18:04
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Dites ne prend pas d'accent circonflexe ! Qu'on se le dise

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