Fiscalité des entreprises : le cri d'alarme des financiers rhônalpins

Par Audrey Henrion, à Lyon, Acteurs de l'économie  |   |  409  mots
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A l'occasion d'un déjeuner de travail autour de la future BPI, tout le gratin financier de la région a protesté d'une seule voix contre les mesures fiscales prévues dans le projet de Loi de Finances 2013.

Des centaines de millions d'euros autour d'une seule table : mercredi, tout le gratin de la finance de Rhône-Alpes était attablé à l'Institut Paul Bocuse, à Ecully (Rhône), sur l'invitation de Jean-Jack Queyranne, président du conseil régional (PS). Objectif de ce rendez-vous : faire le point sur le projet de Banque Publique d'investissement (BPI). Mais à peine passée l'entrée, le président de la Chambre de commerce et d'industrie régionale, Jean-Paul Mauduy, a aussitôt attaqué le plat principal : « Le gouvernement est en train d'apeurer les chefs d'entreprises qui craignent de voir disparaître leurs bénéfices dans les caisses de l'Etat »....
Une phrase qui a eu le mérite d'élever aussitôt de quelques degrés l'atmosphère et délié les langues. « Nous vivons un véritable séisme depuis quelques jours, a ainsi lancé Bertrand Rambaud (Siparex, 260 entreprises en portefeuille). Nous avons conscience de l'effort collectif à produire, mais les mesures fiscales qui viennent d'être présentées risquent d'éliminer toute prise de risque. C'est un cri d'alarme que nous sommes nombreux à pousser ».
Pour sa part, Arnaud Peyrelongue (Oseo) a sobrement tranché : « Le rythme fiscal ne doit pas casser le rythme naturel des affaires », tandis que François Gaudichet, le directeur régional de la Banque de France, a déploré une « stagnation des affaires due au manque de visibilité ».
A la tête du Hub régional de la finance, Bruno Lacroix, a tenu à alerter Jean-Jack Queyranne : « Les chefs d'entreprises sont très marqués, et même heurtés moralement par le sort qu'on leur réserve ». Ce que Isabelle Siaux (Ordre des experts comptables) n'a pas contredit, insistant de son côté sur le moment inopportun pour lancer de tels projets fiscaux car la demande de financement des entreprises diminue. « C'est un mauvais signal, a-t-elle dit. On ne prépare pas les conditions de reprise de la croissance. Le moral des chefs d'entreprises est bien plus bas que leurs comptes ».
A noter que Jean-Louis Gagnaire, député socialiste, s'est engagé à alerter ses collègues aussi membres de la commission des Finances de l'Assemblée sur les dégâts micro-économiques que peuvent provoquer des décisions fiscales macro-économiques. Jean-Louis Gagnaire, qui est également conseiller régional en charge du développement économique, devrait également plaider pour une « taxation des chefs d'entreprises au cas par cas » et une limitation dans le temps de ces mesures fiscales exceptionnelles.