Biodiversité marine : Une chaire industrielle pour «écouter» les crevettes

Le groupe Grenoble INP vient d'inaugurer une chaire en acoustique, pour surveiller les écosystèmes sans les perturber. Les applications promettent d'être nombreuses : préservation de la biodiversité marine, suivi du réchauffement climatique dans l'Arctique, étude de peuplements pour, par exemple, une gestion raisonnée des bancs de mer.
La préservation de la biodiversité marine est une préoccupation mondiale. Ici, une mobilisation des pêcheurs en Alaska en 2009 pour dénoncer l'acidification des océans ©Reuters

Savez-vous que l'on peut entendre un banc de crevettes dans l'océan, celles-ci faisant éclater des bulles avec leur pince afin d'étourdir leur proie ? Une colonie de crevettes entraîne ainsi une cacophonie telle que les sous-marins pourraient se cacher des sonars. Cette découverte fascinante des sons produits par les organismes vivants en milieux aquatiques a donné l'idée d'une surveillance ne perturbant pas les écosystèmes. D'où la naissance de la chaire d'excellence industrielle Chorus, lancée le 17 octobre au Stade des Alpes, à l'occasion de la première soirée annuelle de la Fondation Partenariale Grenoble INP. Cette dernière, dotée de 4,5 millions d'euros, est destinée à accompagner le développement du groupe d'enseignement supérieur, qui réunit 6 écoles d'ingénieurs et 31 laboratoires de recherche.
L'idée de cette chaire à l'intersection des sciences de l'information et les sciences de l'environnement ? « Transformer les paysages acoustiques en informations environnementales, afin de limiter notre impact », explique Cédric Gervaise, chercheur à Gipsa Lab, laboratoire de Grenoble-INP spécialiste en traitement du signal et en acoustique sous-marine. « L'objectif est de développer des outils scientifiques permettant d'écouter les sons produits par les milieux marins pour mieux comprendre l'environnement naturel et ainsi de pouvoir les surveiller et les protéger plus efficacement ».

Nombreux débouchés

Cette meilleure compréhension de la réponse des écosystèmes marins aux changements globaux et aux pressions humaines offre en effet de nombreux débouchés. Comme la préservation des milieux côtiers, en particulier des aires marines protégées, l'application des directives cadre sur l'eau, grâce à un comptage plus efficace de la biodiversité marine, ou bien encore l'étude des impacts des activités géophysiques ou des installations d'énergie marine renouvelable. Les champs d'action iront de la micro-acoustique (sur 10 m²) (pour écouter les coquilles Saint-Jacques par exemple), à la macro-acoustique (sur 10 000 km²), permettant d'étudier le réchauffement climatique dans l'Arctique. Sans oublier la méso-acoustique (sur 10 000 m²), dédiée à l'étude de peuplements et pouvant, par exemple, déboucher sur la gestion raisonnée de bancs de mer.
Née de la collaboration de Gipsa Lab et de l'Institut Universitaire Européen de le Mer, basé en Bretagne, cette nouvelle chaire s'appuie sur un consortium rassemblant des mécènes individuels, des PME (Rtsys, TBM, TERRASEIS...) et des start-up (Quiet Océans) dans le domaine marin et géophysique. Sans oublier le Service Hydrographique et Océanographique de la Marine (SHOM).

 

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Commentaire 1
à écrit le 29/10/2012 à 21:17
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J'adore: tout le monde se félicite. On peut surveiller les ecosystèmes sans les perturber afin de les étudier et protéger les espèces, car de la diversité nait la richesse. Dans le même temps on explique aux français que leur nation n'est qu'un terri...

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