Solidarité. A Grenoble, le patron du « 5 » retrousse ses manches pour Noël...

Par Hélène Goyet, à Grenoble (Acteurs de l'économie)  |   |  330  mots
A Noël, le restaurant « Le 5 », adossé au Musée de Grenoble, dressera la table, avec nappes blanches et musiciens, pour quelques 80 à 100 SDF. Une initiative discrète, conduite en relation avec l'association caritative voisine, Accueil SDF. ©DR
A Grenoble, le gérant du restaurant adossé au Musée de Grenoble ouvre ses portes aux personnes sans domicile fixe.

C'est Noël. Comme chaque année depuis plus de dix ans, Pierre Pavy, à la tête du restaurant Le 5 (250 couverts par jour), adossé au Musée de Grenoble, s'apprête à dresser la table, avec nappes blanches et musiciens, pour quelques 80 à 100 SDF. Une initiative discrète, conduite en relation avec l'association caritative voisine, Accueil SDF. Mais le patron du « 5 » ne pouvait en rester à cette initiative annuelle. Il a imaginé récupérer chaque jour les denrées préparées et non consommées des restaurants grenoblois pour les apporter, via un camion frigorifique, à des associations de soutien aux SDF.
Las, une législation très tatillonne sur la chaîne du froid l'a obligé à repousser le projet. L'homme n'a pas baissé les bras pour autant. Dans son second restaurant, le Caffè Forté où officie son fils, il accueille tous les samedis midi depuis début octobre, vingt à trente SDF pour un repas complet, servi à l'assiette. Les personnes se sont inscrites auparavant et paient un euro, « pour qu'il y ait un échange,» explique-t-il.

Personnels volontaires et bénévoles

« Nous sommes sept au service avec les bénévoles de l'ASDF, les personnes ne doivent manquer de rien. Elles prennent leur repas en silence, en savourant », précise le restaurateur qui a été surpris par le nombre de très jeunes gens vivant dans l'extrême précarité. En cuisine, ce sont des personnels volontaires et bénévoles des restaurants qui sont aux fourneaux.
Ce patron diplômé de l'Institut d'Etudes Politique et qui s'affirme « non encarté, pas catho, et un peu anar » voudrait allait plus loin. Il espère ouvrir dans quelques mois un local où il cuisinera les surplus récupérés chaque matin dans les restaurants volontaires. Selon lui, il y a urgence : « La situation économique ne va pas s'améliorer. Il faut inventer de nouvelles solutions pour une économie plus solidaire et commencer par changer le regard sur son voisin lorsqu'il est en difficulté ».