Maison Lejaby, une renaissance par le luxe

Un an après la reprise des actifs, à la barre du tribunal de Lyon, de cet ancien champion tricolore de la lingerie féminine, Alain Prost, le patron, fait le pari du haut de gamme fabriqué en France pour retrouver son lustre. Il lui faut obtenir 2 millions d'euros de concours financier, d'ici à 2013.
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« L'activité était dans une telle spirale négative, quand je l'ai reprise avec trois autres associés en janvier 2012, qu'un signal fort s'imposait. J'ai lancé la ligne Lejaby Couture », témoigne Alain Prost, PDG de la Maison Lejaby, lingerie et corsetterie, et ancien DG de la prestigieuse marque italienne La Perla. Un an plus tard, rien n'est encore gagné mais « tout le monde y croit ». A commencer par les ouvrières qui mettent les bouchées doubles, au siège de Rillieux-la-Pape, dans le Rhône, pour terminer les prototypes de la deuxième collection Lejaby Couture (automne/hiver 2013) présentés jeudi et vendredi prochain, par des danseuses du Lido, dans le salon que la griffe lyonnaise a ouvert rue Royale à Paris, sur le modèle des grandes griffes. La fabrication de ces articles, utilisant des matières exclusivement françaises, et notamment la dentelle de Calais, inégalée, sera confiée à deux sous-traitants.
D'une part, Macosa, dans la Sarthe, un des derniers ateliers tricolore spécialisé dans la lingerie et les soutien-gorges et qui a déjà sévi pour la première collection, sortie en juillet dernier. D'autre part, la coopérative « Les Atelières », qui effectuera son baptême du feu puisqu'elle démarre son exploitation, ce lundi 14 janvier à Villeurbanne, avec 26 salariés formés pendant plusieurs mois (avec des aides de l'Etat et de la Région Rhône-Alpes) et 70 machines que la Maison Lejaby lui a cédées à un prix très préférentiel. Les liens sont très étroits : Nicole Mendez, déléguée syndicale et salariée de la Maison Lejaby - elle fut de tous les combats pour la survie de cet ancien champion national ayant changé trois fois d'actionnaire en quinze ans - est présidente de la coopérative née de sa rencontre avec Muriel Pernin, une professionnelle de la communication. « Ce qui me plaît, c'est la préservation des savoirs faire. Il fallait oser le faire et être culottés », ose la syndicaliste.

L'international

Les attentes sont réelles et Alain Post s'est fixé l'objectif d'effectuer entre 20 et 25 % de son chiffre d'affaires, à l'horizon de cinq ans, avec ces produits haut de gamme, vendus entre 250 et 300 euros pour une parure, 500 euros pour un bustier. Rebaptisées « Maison Lejaby Lingerie », « Maison Lejaby Plage », et « Maison Lejaby Elixir Lingerie », pour les poitrines généreuses, les trois autres offres sont intégralement produites en Tunisie, et ont assuré la quasi intégralité des 24 millions de recettes de l'exercice à clore fin janvier 2013. Elles devraient s'établir à 30 millions d'euros pour le suivant avec une perspective de comptes équilibrés. La croissance sera dopée par l'international qui devrait assurer 70 % des débouchés en 2014 contre 50 % aujourd'hui.
« Nous avons déjà reconstruit notre réseau en Europe et Amérique du Nord. Nous regardons maintenant vers les pays du Golfe et l'Asie », indique le pdg qui annonce avoir embauché 20 personnes et porter les effectifs globaux à 212. Convaincre les banques n'a pas été une sinécure : il lui a fallu dix mois et l'intervention du médiateur du crédit pour obtenir 3 millions d'euros, auprès de trois établissements (Caisse d'Epargne, Banque Populaire et Société Générale). Les négociations se poursuivent pour collecter 2 millions de plus et la Banque publique d'investissement pourrait se mouiller.

 

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