Raymond Oliger : “Toute relation conflictuelle entre le président et le directeur général met la banque en danger”

Raymond Oliger, Président de la Fédération nationale des Banques Populaires (qui rassemble les dix-neuf établissements régionaux) et de la Banque Populaire Lorraine – Champagne.
Raymond Oliger, président national de la BPCL | REUTERS

Denis Lafay, Acteurs de l'Economie : Comment le président du conseil d'administration et le directeur général d'une Banque Populaire se répartissent-ils précisément les domaines de compétences ? A partir de quand peut-on considérer qu'il y a immixtion, ingérence du président ?

Raymond Oliger
: L'un et l'autre sont les deux seuls mandataires sociaux de l'établissement. Ils forment ce que l'on baptise volontiers "les quatre yeux", dont les périmètres d'intervention sont inscrits dans les statuts de manière suffisamment explicite pour qu'en théorie il n'existe pas de confusion. Le président agit exclusivement au titre du CA. Sur proposition du directeur général - qu'il a, parmi ses principales prérogatives, celle de désigner -, le CA arrête la stratégie, le plan de développement, et les comptes. A ce titre, il exerce une véritable responsabilité de décision. Quant au directeur général, il est seul maître à bord de l'exécutif de l'entreprise, au quotidien.

 

Le président est caution de la stratégie développée. Dès lors, si cette dernière est appliquée sans pour autant produire les résultats espérés, peut-il s'autoriser à désavouer le directeur général ?

C'est difficile. L'un et l'autre sont liés par ladite stratégie édictée, proposée par l'un et validée par l'autre. La responsabilité des résultats est partagée, le comité d'audit lié au CA ayant pour devoir de suivre l'évolution des comptes.

 

La gouvernance des Banques populaires conditionne l'efficacité de la politique à l'entente que forme le tandem. A quel spectre cette relation, lorsqu'elle est conflictuelle, expose-t-elle la banque ?

Au danger, ni plus ni moins. Il est absolument indispensable que les deux mandataires sociaux soient dans une relation harmonieuse, et même de complicité. Tout autre schéma est intenable.

A quelle hauteur la rémunération des présidents de CA est-elle établie ?

Parce qu'il est mandataire social, le président est rémunéré - au contraire des administrateurs qui, eux, sont indemnisés. Il appartient au CA de chaque établissement régional de fixer ladite rémunération.

 

N'existe-t-il aucun plafonnement ?

En droit, non. En réalité, l'organe central BPCE a fixé un seuil maximum [à 100 000 euros bruts, selon nos informations, Ndlr] qu'il souhaite voir respecté.

 

Avez-vous eu connaissance de rappels à l'ordre que le président du directoire de BPCE, François Pérol, aurait pu adresser à quelque président de banque régionale trop "gourmand" ?

Je sais qu'il a été, à de rares occasions, amené à intervenir.

 

Est-il habituel que l'élection d'un président de CA divise les administrateurs ?

A ma connaissance, c'est extrêmement rare, même s'il faut reconnaître que nous n'avons que peu accès au déroulement interne des élections. Dans ma banque, je n'ai connu que des scrutins à l'unanimité.

 

Est-il fréquent que des mouvements de grève mobilisant un tiers à la moitié du personnel affectent un établissement ?

Il s'agit là de faits exceptionnels.          

 

 Lire aussi :

>> BP2L : un président fragilisé

>> Banque Populaire Loire et Lyonnais : les "bleus" voient rouge

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Commentaires 2
à écrit le 22/10/2013 à 11:27
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Il y a quelques principes somme toute simples de management, dont celui ci : tout manipulateur s'expose tôt ou tard à se prendre les pieds dans le tapis (ou à être pris ... )

à écrit le 19/10/2013 à 9:23
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Le problème de la BP2L est que les dirigeants "bleus" sont dépassés et dévorés par les "rouges". C'est la réalité des fusions de voir un camp l'emporter. Mais il existe entré Rouges, une belle solidarité, de l'exemplarité et du courage.

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