Kem One : les négociations s’intensifient avant l’audience du tribunal jeudi

La juridiction consulaire a convoqué ce jeudi après-midi 12 décembre les deux candidats restant en lice pour la reprise du groupe chloro-chimiste. Le pire paraît inimaginable tant les conséquences seraient catastrophiques, avec 12 000 emplois menacés. Inquiets, les salariés ont voté le blocage des sept usines à compter de ce mercredi matin.
Le principal point de crispation porterait sur les conditions d’approvisionnement en énergie, principalement avec EDF qui invoque, entre autres, les règles de la concurrence. © DR

A quelques heures de l'audience du tribunal de commerce de Lyon, jeudi 12 décembre, personne n'ose imaginer le scénario le plus catastrophique pour le pétrochimiste Kem One SAS, autrement dit la liquidation judiciaire. Pour autant, l'incertitude plane toujours puisque les deux candidats restant en lice - le fonds d'investissement américain OpenGate Capital et l'industriel Alain de Krassny - n'ont toujours pas levé toutes les conditions suspensives dont ils ont assorti leurs offres respectives pour la reprise de cette ancienne activité d'Arkema.

Succession de déboires

Cédée en juillet 2012 à Gary Klesch, homme d'affaires anglo-américain, elle a été placée en redressement judiciaire le 27 mars dernier et, depuis, les déboires se succèdent. Sun Capital, l'autre fonds d'investissement américain, a été le premier à se retirer sur la pointe des pieds mi-novembre ; ce qui ne fut pas une réelle surprise. Vint ensuite le tour de la CGT, qui le 5 décembre dernier, a annoncé la suspension de son projet, Phoenix, « tué par les acteurs de la branche, Arkema, en tête, et les pouvoirs publics », précisait le communiqué de ce syndicat.

C'est électrique avec EDF

Pour le duo de repreneurs encore sur les rangs, les négociations avec les fournisseurs ont longtemps buté sur le prix de l'éthylène, matière première essentielle, fournie par Total. Le principal point de crispation se serait désormais déporté sur les conditions d'approvisionnement en énergie, principalement avec EDF qui invoque, entre autres, les règles de la concurrence. L'écart entre les tarifs souhaités et ceux que concède l'électricien national représenterait l'équivalent de 10 millions d'Ebitda. L'information a été confirmée à La Tribune par Bruno Sapin, l'administrateur judiciaire.

Un délai d'une semaine ?

Pourtant les réunions, sous l'égide des ministères, se sont intensifiées ces derniers jours, y compris les week-ends. Une preuve supplémentaire de la détermination de chacun d'aboutir mais les accords sont techniquement compliqués à conclure. C'est la raison pour laquelle Jean-François Carenco, préfet de Rhône-Alpes, a demandé au tribunal, s'il pouvait, le cas échéant, différer d'une semaine sa décision ; le quotidien Le Progrès s'en est fait l'écho dans son édition du lundi 9 décembre.

Les syndicats refusent tout report

Les syndicats ont aussitôt réagi, refusant ce nouveau report qui, quoi qu'il en soit, ne pourra pas aller au-delà de Noël car la trésorerie de l'entreprise est arrivée au bout. La CFDT souhaite que « l'ensemble des engagements soit contractualisé par écrit », avant la convocation devant la juridiction consulaire. Cette centrale en appelle également aux deux repreneurs éventuels afin qu'ils précisent et apportent «les garanties sur le financement de leur plan».

Pas de preuve d'apport

Contrairement à ce qui était prévu, OpenGate n'a pas donné la preuve de son apport de 20 millions d'euros, en capital, au juge commissaire, lors de l'entrevue du 6 décembre. Néanmoins, « ils se sont montrés rassurants, relativise Bruno Sapin. Nous avons aussi découvert que pour les financements complémentaires de 50 millions ils recouraient à de l'affacturage (avance de créances par un établissement de crédits spécialisé, ndlr) et non des emprunts. Ce n'est pas conforme à ce qu'ils avaient envisagé mais ce n'est pas déterminant ». Alain de Krassny, lui, a attesté de la réalité de sa mise, mais elle se limite à 5 millions d'euros.

Blocage des sites par les salariés

Tout au long de ce mardi 10 décembre, le personnel s'est réuni en assemblée générale dans les différents sites du fabricant de chlore et PVC. Il s'est prononcé pour le blocage des sept usines à compter de mercredi 11 décembre, 5 heures du matin, pour faire pression sur les parties. « Toutefois, et pour préserver l'outil de travail nous continuerons à produire du PVC en raison du risque de gel », justifie Jean-Michel Rovida, délégué CFDT.

Promesse tenue par Gary Klesch

Quant à Gary Klesch, il a bien honoré sa promesse en signant le contrat de cession, pour un euro symbolique, de Kem One Innovative Vinyls SAS, la partie aval, non concernée par la procédure judiciaire, au repreneur qui sera désigné.

Si le sauvetage de Kem One devait échouer, les conséquences seraient énormes. Tout d'abord pour Arkema car la CGT réactiverait son recours en attaquant la vente de Kem One à l'homme d'affaires ango-américain.

12 000 emplois menacés par effet de domino

Au delà, du sinistre social - les 1 300 emplois de l'entreprise et « les 12.000 qui par effet de domino seraient supprimés sur l'axe Est » - cette disparition serait un signe de plus de la catastrophique désindustrialisation de la France. «On est ici dans la chimie de base, un socle de l'industrie et un des secteurs les plus exportateurs », analyse un professionnel du domaine.

Le vapocraqueur de Total remis en question

Se poserait aussi la question du vapocraqueur de Total à Lavera, qui travaille principalement pour Kem One. De façon collatérale, le projet de rapprochement des pôles vinyliques du suisse Ineos et du franco-belge Solvay pourrait en pâtir du fait de la position dominante qu'occuperait cette co-entreprise si Kem One disparaissait du paysage.

 

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Commentaire 1
à écrit le 11/12/2013 à 8:22
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Encore un puit sans fonds...mais mediatique...comme l aime les politiques. Contribuable fait attention à ton portefeuille...

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