« Nous sommes un vieux pays qui doit se réinventer sur lui-même ». Le diagnostic est signé Gabrielle Gauthey, directrice des Investissements et du Développement local à la Caisse des Dépôts, pour qui il ne faut pas « plaquer des solutions toutes faites mais préserver la ville » : « Nous avons investi des entreprises qui valorisent la data tout en gardant à l'œil l'intérêt du territoire à en conserver la maîtrise ». Chez Orange, la préoccupation est peu ou prou la même, à l'image de sa directrice Smart Cities Delphine Woussen : « Nous repensons la ville dans la ville pour proposer des services numériques ».
Le gendarme des données, la CNIL, représenté par Régis Chatellier, rappelle, lui, le modèle français, « un cadre qui respecte les droits de l'individu » : « C'est important de le prendre en compte tout au long de la chaîne ». Même les fonctionnaires urbains se doivent d'innover, en témoigne Alexandre Missoffe, délégué général de Paris Ile-de-France Capitale Economique : « la Direccte a été obligée d'adapter ses procédures comme France Domaine sur son système d'acquisition ».
« Que les marchés publics tiennent compte de l'innovation ! »
Le directeur général Stratégie, Data et Nouveaux usages chez JC Decaux, Albert Asséraf, interpelle justement les décideurs à ce sujet : « L'innovation a un coût et il faudrait que les marchés publics français en tiennent compte ». Patricia Crifo, économiste en train de créer un master Urban Planning à Polytechnique, trouve d'ailleurs « assez frappant » l'absence de formation adéquate pour la smart city.
En revanche, pour Guillaume Devauchelle, vice-président Innovation et Développement scientifique chez Valeo, la vérité-terrain prime : « Au fur et à mesure qu'on roule, on arrive à un algorithme confortable. On veut être sûr que le produit qu'on conçoit soit sûr et bien intégré dans votre vie ». Lionel Bry de Gfi veut, pour sa part, « s'assurer que les projets soient porteurs de valeur économique » avant d'agir.
Rendre la ville de demain à ses habitants
La startuppeuse Caroline Goulard, co-fondatrice de Dataveyes, met l'humain au cœur de la machine : « C'est là qu'il faut penser des dispositifs accessibles et intéressants, avec des leviers cognitifs pour faciliter l'appropriation ». Idem du côté d'Accenture Digital, incarné par Nicolas Monsarrat : « Le rôle de la ville est d'offrir du bien-être ».
Chez Axa, dont « le parcours d'assureur est en train de changer totalement », selon Philippe Derieux, « le travail doit être beaucoup plus approfondi avec les collectivités ». DG de Nova Veolia, Claire Falzone veut également « inventer les nouveaux modèles pour rendre la ville de demain à ses habitants ». Quant à Nicolas Machtou, directeur délégué francilien d'Enedis, fort de 3 milliards de données stockées, « l'économie de la confiance » doit reposer sur la qualité et la fiabilité du service.