La tech au service de l'éveil des enfants

Par La Tribune Partenaire  |   |  775  mots
(Crédits : DR)
Co-fondée par Emmanuelle Duez et François Hisquin, la start-up Bugali veut réinventer l'expérience de la lecture pour les trois à sept ans - et sans écran... Il suffit de poser le livre sur la console et le papier devient tactile et sonore sous les doigts.

C'est une entrepreneuse, qui a notamment lancé l'observatoire et cabinet de conseil sur les transitions humaines, The Boson Project, mais aussi, et peut-être surtout, une mère. C'est en effet cette deuxième qualité qui a incité Emmanuelle Duez à lancer une console de lecture, Bugali, dont la gestation a duré quatre ans. « Avec ma première fille, j'ai vu que les tout-petits commençaient par explorer le monde avec leurs doigts. Ils touchent tout », dit-elle. C'est donc ce premier sens qui sera utilisé. Mais alors que certains enfants, déjà habitués aux écrans, veulent spontanément « swiper » les pages d'un livre papier, comme l'a noté Albert Moukheiber, un neuro-scientifique qui a participé à l'élaboration du projet dans le cadre d'un comité d'experts, pas question d'utiliser ce genre de méthode. Trop passive, trop froide.

A hauteur d'enfant

Le livre papier est là. La technologie, invisible, anime l'expérience - un personnage qui se met à parler, une chanson qui se déclenche, un jeu qui débute, le tout créant une surprise - lorsque l'enfant passera son doigt dessus. La tech est donc là elle aussi, « mais au service de l'éveil et de l'exploration, précise Albert Moukheiber. Nous avons pensé le projet à hauteur d'enfant. »

C'est d'ailleurs lui qui a contribué à imaginer l'interactivité au sein des livres, qui permet cette réalité augmentée et cette exploration nouvelle. « Même si les écrans digitaux ne sont pas l'idéal pour les enfants, ils grandiront avec. Nous ne sommes pas en concurrence. Et nous ne cherchons pas à être à la mode à tout prix. Nous souhaitons simplement leur apporter une autre expérience », poursuit-il. Et bien sûr, les parents sont les bienvenus !

Approche multi-sensorielle

« Ce sont les interactions entre l'objet livre et l'enfant qui stimulent », renchérit Emmanuelle Duez. Au premier âge (vers 2 ans et demi), les enfants aiment la répétition, dont ils ne se lassent pas (contrairement aux parents !), puis viennent d'autres envies, qui impliquent d'autres sens au-delà du toucher : la vue, l'ouïe et même tout le corps. C'est donc une approche multi-sensorielle qui a été mise en œuvre pour satisfaire différents stades de développement. « Avec des effets psychologiques et cognitifs positifs, comme le fait de gagner en autonomie et en confiance », indique le neuro-scientifique.

Ambition éducative

Car « Bugali mène des combats éducatifs », souligne Emmanuelle Duez. D'abord avec une ligne éditoriale bien définie, grâce à la sélection opérée par Bugali Studio, qui développera également des créations originales. Les livres, une vingtaine au lancement, dans les semaines qui viennent, fruits de partenariats avec des éditeurs (Bayard, Seuil Jeunesse, Fleurus, Milan, Gallimard Jeunesse, entre autres), puis une quarantaine l'an prochain, parlent avant tout du monde, incluant respect de l'environnement et des différences - « nous en avons certains, pour les plus grands, qui évoquent les questions de pauvreté, par exemple », ajoute-t-elle. Ensuite, avec l'objectif de faire grandir les enfants, grâce à l'acquisition de mots de vocabulaire, notamment. La culture n'est pas en reste : certains ouvrages comportent des poésies de Victor Hugo ou des visites du Louvre. Enfin, il s'agit aussi d'accroître leur aisance, y compris dans une langue étrangère, puisque la réalité augmentée des livres se distille aussi bien en français qu'en anglais.

L'ambition est de rendre cette nouvelle expérience, immersive et multi-sensorielle, accessible à tous, avec une console vendue seule à 129,90 euros ou assortie d'un pack de deux livres (le tout à 149,90 euros). Les livres sont vendus à 14,50 euros pièce. « Mais les parents pourront aussi se prêter les ouvrages ou les trouver à l'avenir dans les bibliothèques de quartier », précise Albert  Moukheiber. En outre, si Bugali aura bientôt un stand de démonstration au Bon Marché et sera disponible sur le site e-commerce de Nature et Découvertes, des tests sont en cours dans les écoles publiques, via le ministère de l'Education nationale, pour faire découvrir la console aux enfants comme aux parents. « Nous voulons couvrir toute la société, et pas simplement les CSP+ », assure Emmanuelle Duez. D'autant que la science montre que les premières années sont décisives pour la suite du parcours d'un enfant...

Mais Bugali mène aussi un autre combat, économique, cette fois-ci. Les consoles, dont la production à grande échelle est prévue pour début novembre, sont 100 % made in France, grâce à un industriel de Bayonne. La start-up espère en vendre « des milliers » la première année - et ne compte pas s'arrêter ensuite. Après tout, c'est l'avenir des enfants, et celui de la société, qui est en jeu...