Le Forum de la Transition invite toutes les parties prenantes à accélérer

Par La Tribune Evénement  |   |  860  mots
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Le premier aperçu du Forum européen de la Transition, qui se tiendra les 29 et 30 septembre à Nice et auquel La Tribune s'associe, a mis l'accent sur l'impérieuse nécessité d'aller toujours plus vite, toujours plus loin en matière de transition écologique. Aussi bien Christian Estrosi, président de la Métropole de Nice et maire de la ville, que Lionel Le Maux, président du Forum, Bruno Bonnel, secrétaire général pour l'investissement, en charge de France 2030, Marlène Dolveck, DG de SNCF Gares et Connexions, et Isabelle Patrier, directrice France pour TotalEnergies, ont convenu que pour marquer des points dans la lutte contre le dérèglement climatique à horizon 2030, Etat, collectivités locales et entreprises doivent redoubler d'actions dès aujourd'hui.

C'est à plus qu'à une simple évolution énergétique qu'appelle le Forum européen de la Transition, c'est à une révolution sociétale - et à l'avènement d'un « monde d'après » : après la pandémie, l'impact de la guerre en Ukraine sur les marchés de matières premières et la prise de conscience de la fragilité de la planète et de nos économies.

En effet, la feuille de route de l'Etat pour accompagner le déploiement du plan France 2030, désormais doté de 54 milliards d'euros et détaillé par Bruno Bonnel, secrétaire général pour l'investissement, en charge de France 2030, à l'occasion d'un premier aperçu, à Paris, du Forum européen de la Transition, qui se tiendra les 29 et 30 septembre à Nice, couvre un large éventail de domaines. Ils vont de la santé (avec la bioproduction pour des médicaments, par exemple), à la transition éco-énergétique (dont la mise en place de filières hydrogène et photovoltaïque, de production de carburants bio ainsi que l'implantation de petits réacteurs nucléaires), en passant par une incitation à l'évolution des usages en matière production, notamment agro-alimentaire, de recyclage, de mobilité et de gestion durable des villes. Sans oublier l'économie de la connaissance, la recherche et la formation, en plus du verdissement du numérique et de la souveraineté dans ce domaine, et enfin, les « nouvelles frontières », en ce qui concerne la conquête spatiale européenne, l'exploration des fonds sous-marins et l'informatique quantique.

Et pour mener ce plan à bien, il faut embarquer toutes les parties prenantes : Etat et collectivités locales, entreprises et salariés, établissements d'enseignement supérieur et de formation, le tout sous forme de manifestations d'intérêt et d'appels à projets, qui seront en partie financés par France 2030.

Investissements d'avenir

« ll s'agit de changer d'optique et de passer de dépenses contraintes, en particulier sur les énergies fossiles, puisque les cours du pétrole et du gaz s'envolent sous l'effet de la guerre en Ukraine, à une philosophie d'investissements de long terme, a tranché Lionel Le Maux, président du Forum. C'est ardu et cher, certes, mais c'est aussi pour cette raison qu'il faut commencer dès maintenant. » Et si Christian Estrosi, président de la Métropole de Nice et maire de la ville, a, sous forme de boutade, appelé l'Etat « à confier aux maires la gestion du pays », pour s'assurer que les avancées aient lieu en dehors de la « technocratie », il a surtout mis l'accent sur une nouvelle croissance durable, en lieu et place « du leurre de la décroissance ».

Certains acteurs économiques sont déjà à la manœuvre. C'est vrai d'acteurs publics tels que la SNCF comme des entreprises privées, dont TotalEnergies, tous deux représentés lors du premier aperçu du Forum européen de la Transition. Ainsi, Marlène Dolveck, directrice générale de SNCF Gares et Connexions, a mis en avant les efforts consentis en matière de frugalité énergétique des bâtiments, de même que la vision à adopter sur l'intermodalité, afin de déjouer « l'archipélisation des territoires », a-t-elle aussi expliqué. Pour TotalEnergies, il s'agit de transformer les énergies apportées au marché pour passer du fossile, cœur de son métier d'origine, à la production de biocarburant, au biosourcing et au recyclage du plastique ainsi qu'à l'accompagnement des nouvelles mobilités, grâce à l'implantation, en particulier, de bornes de recharge pour voitures électriques.

De même, l'énergéticien fait partie, en compagnie des groupes automobiles Stellantis et Mercedes-Benz, d'Automotive Cells Company, un projet de giga-usine de fabrication de batteries pour véhicules électriques, dont le chantier est déjà en cours au Parc des industries Artois Flandres. « Cette transformation implique également de nombreuses actions en interne, sous forme de formation - ainsi, 30 000 collaborateurs vont être sensibilisés aux enjeux de la transition énergétique et à l'impact sur les territoires -, et de reconversion de certains salariés pour les nouveaux métiers qui émergent », précise Isabelle Patrier, directrice France pour TotalEnergies.

La formation, clé du dispositif

La formation est en effet cruciale si la France, l'Europe et le reste du monde veulent réussir la transition. Il s'agit en effet de commencer dès aujourd'hui à « produire » les talents qui exerceront les métiers de demain. Bruno Bonnel veut ainsi tripler le nombre de spécialistes en intelligence artificielle et en science de la donnée, par exemple. De même, « il faut davantage d'ingénieurs en agronomie et en production industrielle et de techniciens en tout genre », assure-t-il.

Pour cela, via le plan France 2030, il a l'intention d'épauler les écoles d'ingénieurs, les universités et les instituts de formation. De même, le secrétaire général pour l'investissement mise sur la validation des acquis de l'expérience afin de permettre aux salariés de se reconvertir et d'évoluer dans leur carrière professionnelle. De telles avancées sont non seulement gages d'une montée en compétences mais aussi promesses d'innovation. Et c'est bien ce dont la France a besoin pour relever les défis climatiques et sociétaux.