Les consommateurs prêts à relever le défi du plastique recyclé

Par La Tribune Partenaire avec Veolia  |   |  887  mots
(Crédits : Christophe Majani)
Matériau peu considéré, le plastique recyclé est pourtant une solution possible aux préoccupations des Français face au réchauffement climatique et la pollution marine. Une prise de conscience qui pourrait remettre en cause le modèle actuel.

Longtemps, le plastique recyclé n'a pas eu la cote. Trop grossier, trop sombre ou même trop odorant, il a longtemps été limité aux usages les plus rudimentaires de la plasturgie. Mais voilà qu'en cette année de crise écologique et sanitaire, ce matériau encore méconnu du grand public s'impose comme une solution pragmatique pour relever rapidement deux des plus grands défis du siècle : la pollution des milieux naturels et le réchauffement climatique. Alors que les scientifiques estiment que d'ici 2050 il y aura autant de plastiques que de poissons dans les océans et que la production mondiale pourrait dépasser le milliard de tonnes, le plastique recyclé devient même un nouvel objet de désir marketing. Selon la récente étude du cabinet Elabe en exclusivité pour La Tribune, 80% des Français estiment en effet que le plastique recyclé serait de qualité supérieure ou équivalente au plastique vierge, et plus des trois quarts se disent prêts à payer leur bouteille d'eau un centime de plus pour s'assurer qu'elle est recyclable, ou composée à 100% de plastique recyclé. Bien plus qu'une énième prise de conscience écologique, cette attente des consommateurs annoncerait-elle la fin d'un modèle économique linéaire ?

Pour 67 % des Français, le constat est sans appel : le modèle actuel est incompatible avec la protection de l'environnement. En 2020, produire des millions de tonnes de plastiques à partir de ressources fossiles non-renouvelables, en émettant des millions de tonnes de CO2, pour engorger les océans de micro-plastiques, détruire les écosystèmes marins et retrouver des particules dans son assiette ne fait plus sens pour personne. Mais si l'Europe, comme beaucoup de pays dans le monde, a déclaré la guerre aux plastiques à usage unique et que les initiatives pour nettoyer les mers du globe se multiplient, la production de plastiques ne cesse d'augmenter. Et pour cause : un siècle après son invention, ce matériau souple, résistant, léger, imperméable à l'eau, bon marché et hygiénique reste bien souvent irremplaçable, comme la crise sanitaire l'a récemment démontré...

Les solutions existent

« À partir du moment où le déchet plastique est collecté et recyclé au lieu d'être rejeté dans la nature, il n'est plus une menace pour l'environnement mais une ressource locale valorisable » explique Sven Saura, directeur du pôle recyclage chez Veolia. « Depuis dix ans, le recyclage du plastique a considérablement gagné en technicité poursuit-il. Les granulés qui sortent de nos usines répondent à des cahiers des charges de plus en plus complexes et peuvent être utilisés en plasturgie de la même façon que la matière vierge. »

À Rostock en Allemagne, les bouteilles en PET sont ainsi broyées et transformées en paillettes, qui entrent ensuite dans la composition de nouvelles bouteilles. Ce procédé innovant permet de réduire les émissions de CO2 de 70% et d'économiser près de 31000 tonnes de pétrole chaque année... Pourtant, si la Norvège recycle 98% de ses emballages plastiques et la Grande-Bretagne 45%, le taux de recyclage hexagonal ne dépasse pas les 27%... ce qui ne semble pas surprendre près de la moitié des Français, qui sont aussi 64% à penser que la France ne tiendra pas son objectif de 100% de plastiques recyclés d'ici 2025.

Toute une filière à réinventer

Une chose est sûre, c'est que le défi du 100% plastique recyclé ne pourra se remporter qu'avec tous les acteurs de la filière, du consommateur au fabricant. En amont, car le gisement de déchets plastiques n'est paradoxalement pas suffisant et pas toujours exploitable : il faudrait donc améliorer la collecte en optimisant le tri sélectif, peut-être aussi en installant des consignes sur le modèle des pays nordiques, mais aussi en incitant les fabricants à standardiser et simplifier leurs résines... En aval, en incitant les marques à intégrer le maximum de matière recyclée dans leurs produits. À la clef, on estime que si l'Europe recyclait 60% de ses déchets plastiques d'ici cinq ans, 80 000 emplois directs et 120 000 emplois indirects pourraient y être créés localement et durablement...

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3 Questions à Krzysztof Krajewski, Directeur de la stratégie des emballages durables chez RB

L'emballage des tablettes pour lave-vaisselle New Finish Quantum contient 30% de plastique recyclé. Pourquoi ?

Les emballages rigides ou barquettes sont l'une des dernières mesures prises par RB pour remplir son engagement de rendre 100% de ses emballages recyclables et de contenir au moins 25% de contenu recyclé d'ici 2025.

Comment avez-vous fait ?

Atteindre 30% était une véritable réussite. C'est beaucoup plus difficile que de fabriquer quelque chose à partir de 100% de rPET. Nous avons dû traiter l'odeur et les imperfections visuelles et nous assurer que la formulation Finish Quantum Ultimate était compatible avec les matériaux d'emballage que nous souhaitions utiliser. Mais aussi, l'industrie du recyclage n'est pas conçue pour collecter et traiter le polypropylène. Il y a eu peu de demande à ce jour, il est donc difficile de s'approvisionner en rPP en volume.

Comment les consommateurs ont-ils réagi ?

Nous savons que les consommateurs adoptent de plus en plus les marques qui agissent dans le bon sens en matière d'environnement. C'est définitivement une méga tendance. Nous pensons qu'ils sont prêts à accepter des couleurs qu'ils n'avaient peut-être pas auparavant.