Que vont faire les géants de la high-tech de leurs montagnes de cash ?

Les mastodontes américains du secteur disposent de près de 280 milliards de dollars, soit l'équivalent des encours de prêts du FMI. De quoi financer des superdividendes, des acquisitions, ou des hausses de salaires.
La Tribune infographie

«Je ne sais pas ce qu'Apple projette de racheter, si ce n'est un pays européen », s'amusait récemment Roger Kay, président du cabinet d'études Endpoint Technologies. Le géant américain de l'électronique venait de publier ses comptes trimestriels, lesquels faisaient ressortir une trésorerie colossale de 76 milliards de dollars à la fin juin. Apple est plus riche que le gouvernement américain, dont la trésorerie s'élève à 73,8 milliards de dollars.

La firme de Steve Jobs n'est pas la seule multimilliardaire de la high-tech américaine : les huit poids lourds du secteur, parmi lesquels Microsoft, Cisco ou Google (voir infographie), disposent ensemble de 276 milliards de dollars de cash. Soit peu ou prou l'encours des prêts accordés dans le monde par le Fonds monétaire international (280 milliards de dollars) ! Et aucun de ces Crésus n'a moins de 10 milliards en caisse, alors que le mastodonte européen des logiciels SAP est assis sur un matelas de 6,2 milliards de dollars « seulement ».

Bas de laine

Pourquoi les géants de la high-tech américaine sont-ils si riches ? D'abord, ils sont tous numéro un mondial dans leur secteur, ce qui les a placés en première ligne pour profiter de la reprise économique et dégager d'excellents résultats, lesquels sont venus alimenter leur trésorerie. Celle-ci s'est d'autant plus gonflée qu'à l'exception d'Intel, ces groupes n'ont pas d'usines et bénéficient donc de structures de coûts relativement légères. Ensuite, traumatisée par l'explosion de la bulle Internet en 2000, la high-tech américaine met depuis beaucoup d'argent de côté afin de pallier de nouveaux coups durs. Ce qui lui a permis de traverser sans trop d'encombres la crise financière de 2008 et la récession de 2009. Enfin, si leurs réserves de cash sont aussi considérables, c'est également parce que les grands de la technologie américaine ne sont guère généreux envers leurs actionnaires. Leur rendement (cours sur dividende par action) se limite à 1,78 % en moyenne, selon les analystes de l'agence Standard & Poor's, contre 2,38 % pour l'ensemble des sociétés de l'indice S&P500. Apple et Google ne versent, eux, aucun dividende, se retranchant derrière la hausse de leurs cours de Bourse et leur statut de valeur de croissance, qui implique d'importants investissements en recherche et développement.

Mais la donne commence à changer chez certains acteurs. Avec des valorisations boursières désormais au plancher (« La Tribune » du 29 juillet), les « dinosaures » comme Microsoft, HP ou Cisco prennent conscience de la nécessité de faire des efforts envers leurs actionnaires. Cisco a versé en avril le premier dividende de son histoire, et HP a augmenté le sien de 50 %, du jamais-vu depuis plus de dix ans. Des gestes qui font espérer aux investisseurs des largesses plus grandes encore, comme le dividende exceptionnel de 32 milliards de dollars distribué par Microsoft en 2004.

Les groupes américains de high-tech commencent également à desserrer les cordons de leur bourse pour financer d'importantes acquisitions. La preuve avec Microsoft, qui a annoncé en mai le rachat de Skype pour 8,5 milliards de dollars en cash, alors que le groupe avait levé le pied sur la croissance externe depuis deux ans. L'éditeur de Windows procédera par ailleurs en septembre à « la plus importante hausse de rémunération de (ses) salariés de (son) histoire », afin de retenir les jeunes talents séduits par les nouvelles stars de l'Internet, comme Facebook. Google avait fait de même en novembre, en augmentant ses salariés de 10 %. Comme quoi, il n'est pas si compliqué de trouver une utilité à un trésor de guerre.

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