Comment Apple va-t-il survivre à Steve Jobs ?

Par Delphine Cuny  |   |  368  mots
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C'est la mort d'une iCône. Le décès de Steve Jobs a soulevé une vague d'émotion, de tristesse et d'hommages rappelant la mort de Lady Di ou de Michael Jackson. Du jamais-vu pour un patron.

Un visionnaire à la fois adulé par des dizaines de millions de fans séduits par ses produits et détesté par des millions d'autres critiquant son obsession du contrôle, sa religion du tout-Apple, mais dont le génie était rarement contesté. Un redoutable businessman connu pour son intransigeance et sa rudesse avec ses employés plus que pour sa philanthropie, à la différence de beaucoup de ses pairs, et sa bienveillance. Sa disparition, attendue depuis l'annonce, fin août, de sa démission, due à l'aggravation de son état de santé liée à un cancer du pancréas, laisse orphelins Apple de son père-fondateur et la high-tech de son icône mondiale. Comment la firme à la pomme peut-elle rester au zénith sans son gourou ? L'homme qui a rendu l'informatique facile au quotidien, réinventé la façon d'utiliser un téléphone et engagé la révolution de l'ère post-PC avec les tablettes tactiles est évidemment irremplaçable.

Le successeur qu'il a choisi, Tim Cook, 50 ans, est à son image : un perfectionniste et un bourreau de travail, qui ne possède pas son charisme. Sa prestation, sobre et sans grand panache, pour présenter mardi dernier le nouvel iPhone 4S l'a confirmé. En Bourse, Apple ne s'est pas écroulé hier - l'action gagnait même 1 % à la mi-séance à 382 dollars - et reste la deuxième capitalisation mondiale, à 354 milliards de dollars, juste derrière ExxonMobil. Le défi de Tim Cook sera de conserver les talents qui ont fait le succès d'Apple autour de Steve Jobs, afin de perpétuer l'esprit d'innovation de l'entreprise. Il se dit qu'Apple a dans ses cartons de quoi continuer à impressionner le marché pour les deux à trois années qui viennent, mais ensuite ? Rompu à tous les rouages de la logistique et aux négociations avec les fournisseurs, Tim Cook le gestionnaire saura-t-il faire rêver ? Il devra préserver l'obsession de la simplicité d'utilisation qui a donné naissance à des produits se distinguant toujours nettement de la concurrence. Et aussi entretenir ce goût du risque insensé qui a conduit Jobs à lanwcer des innovations susceptibles de cannibaliser son propre business à l'image de l'iPhone menaçant l'iPod ou de l'iPad croquant le Mac...