Atari, le jeu vidéo à l'ancienne, fête ses 40 ans

La marque emblématique de jeux vidéo Atari fête cette année 40 ans d'existence. Une vie pleine de turbulences pour cette référence mondiale des années 80 à qui l'on doit des jeux comme "Pong", "Space Invaders". Aujourd'hui complétement recentrée sur les jeux vidéo sur téléphone mobile, Atari, qui a frôlé la disparition, n'a plus grand chose en commun avec ses débuts. Retour sur une aventure unique.
REUTERS/Phil McCarten

"Atari" est une expression employée par les Japonais quand une prédiction devient réelle ou quand une personne gagne à la loterie. Lorsque les Américains Nolan Bushnell et Ted Basney fondent la société Atari pour se lancer dans la création de jeux vidéo, le 27 juin 1972, personne ne pouvait prédire qu?ils allaient créer une entreprise dont le nom deviendrait une référence mondiale.
Atari fête cette année ses 40 ans. Une durée de vie inespérée. La marque, rachetée en 2001 par le français Infogrames Entertainment, aura vécu des années de turbulences. Au point de frôler la disparition définitivement en 1996 quand elle cesse toutes activités dans l?industrie du jeu vidéo. Pour survivre, Atari a dû s'adapter. La marque mythique s'est recentrée sur les jeux vidéo pour téléphone portable, beaucoup moins onéreux à fabriquer que les jeux sur console. Retour sur cette aventure unique.

"Pong" : le tennis au coin du bar

Souvenez-vous : un fond noir, un filet stylisé, deux raquettes pixélisées, une balle blanche, le tout dans un design épuré en deux dimensions. Le but est de battre son adversaire au point. Comme à Roland-Garros, la terre battue en moins. Le 29 novembre 1972, quand Atari sort son premier jeu d?arcade "Pong", plus personne n?a besoin de savoir vraiment jouer au tennis. Les joueurs en herbe peuvent s?adonner à leurs exercices dans un bar ou encore dans un centre commercial.

Au départ, ce devait être un test pour le nouvel ingénieur d?Atari, Allan Alcorn. Surpris par la qualité du résultat, les deux fondateurs de l?entreprise, Nolan Bushnell et Ted Basney, décident de commercialiser le jeu test. Le succès est immédiat et plante les graines d?une nouvelle industrie : celle du jeu vidéo, qui a généré 41 milliards d?euros de revenus dans le monde en 2011 tous supports confondus.

"Pong", "Space Invader" et "Pac-Man" à la maison

C?est la plus grande contribution d?Atari au monde du jeu vidéo. En 1976, Nolan Bushnell pense à créer une console qui permettra de jouer aux jeux d?Atari, non plus dans un bar mais chez soi. C?est en 1977 que l'Atari video computer system (Atari VCS), rebaptisé plus tard Atari 2600, voit le jour. Plus de 30 millions de consoles seront vendues jusqu?en 1992, date de l?arrêt de production de la série.
Atari 2600 a surtout permis au jeu phare de l?entreprise, "Pong", de s?inviter dans les chaumières. 150.000 unités de ce jeu vendu 100 dollars, ce qui représentait un investissement conséquent à l?époque, seront écoulés lors des traditionnelles courses de Noël en 1976. C?est aussi sur cette machine que des millions de personnes ont pu jouer à "Space Invader" et "Pac-Man".

Atari embauche Steve Jobs et licencie? Bill Gates

S?il n?y avait pas eu Atari, Apple ne serait sûrement pas ce qu?il est aujourd?hui. C?est Atari qui accueille Steve Jobs à la sortie de l?université. Il y travaille de 1974 à 1976, date à laquelle il fonde, avec Steve Wozniak, la marque à la pomme. Nolan Bushnell, avec son talent de showman et ses idées révolutionnaires, a influencé durablement Steve Jobs.

Atari a aussi la particularité d?être la seule entreprise à avoir licencié? Bill Gates. Le futur fondateur de Microsoft travaillait sur la modification d?un système d?Atari mais fut remercié un an plus tard. David Crane, co-fondateur d?Activision et ami d?Allan Alcorn, expliquait alors : "Je soupçonne Bill Gates d?avoir passé son temps à développer DOS [le système d?exploitation conçu par Microsoft, NDLR] pour IBM plutôt que de travailler pour Atari. Probablement pas un mauvais choix de carrière pour lui, n?est-ce pas ?".

Le rachat par Warner

En 1976, Nolan Bushnell décide de vendre Atari à Warner Communications pour 28 millions de dollars, faute de trouver des financements. Mais les relations avec les dirigeants de Warner se dégradent vite. En novembre 1978, Bushnell est forcé de quitter l?entreprise qu?il a cofondée. Il déclarera plus tard : "Warner a fait toute une série de maladresses qui n?était pas bonne pour Atari". La marque devient tout de même une poule aux ?ufs d?or pour Warner Communications. En 1982, Atari contribue pour moitié au chiffre d?affaires du groupe.

Les « démocrates Atari »

Preuve que le succès d?Atari a eu un impact majeur dans l?imaginaire américain, une formule fait son apparition dès 1983 dans les médias : les "Atari democrats". Ce terme fait référence à la marque et aux membres du Parti démocrate qui affirment que le développement des nouvelles technologies stimule l?économie et la création d?emplois. Al Gore, vice-président de Bill Clinton de 1993 à 2001, fut l?une des figures emblématiques de ce mouvement de "jeunes modérés qui voient l?investissement et les nouvelles technologies comme la réponse contemporaine au New Deal", selon les termes du "New York Times".

1984, Atari trébuche avec E.T.

La plus fameuse « maladresse » de Warner évoquée par Nolan Bushnell est la sortie au début des années 1980 de "E.T. the Extra-Terrestrial". Le jeu est démoli par la critique pour sa mauvaise prise en main et son design jugé médiocre.

Cet échec commercial est suivi par le crash de l?industrie du jeu vidéo en 1983. Le secteur perd 97% de ses revenus annuels, soit 500 millions de dollars. Atari est alors en grand danger.
En 1984, Warner cherche à revendre sa filiale, devenue un poids mort. Atari est alors divisé en deux. Warner garde la branche de jeux d?arcade sous le nom d?Atari Games et cède la branche console et ordinateur à Jack Tramiel, fondateur de Commodore International, un fabricant d?ordinateurs. Warner finira par vendre Atari Games à Namco en 1985, soldant ainsi l?ère américaine d?Atari.

L?avenir vintage d?Atari

Le français Infogrames Entertainment hérite d?Atari en rachetant Hasbro Interactive en 2001 et décide de se rebaptiser Atari en 2003, avec pour objectif assumé de ressusciter la gloire passée de l?entreprise. Mais les difficultés ne s?arrêtent pas là. Après le départ du fondateur d'Infogrames, Bruno Bonnell, en avril 2007, quatre patrons se succèdent aux manettes de l'éditeur de jeux vidéo. Plombé par sa dette, Atari S.A. fait face à de grandes difficultés financières. En 2012, l'entreprise ne pèse plus que 35 millions d'euros en bourse. C?est finalement Jim Wilson qui deviendra directeur général d?Atari en décembre 2010.

Depuis, et sous la présidence non exécutive de Frank Dangeard, ancien vice-président de France Télécom et ex-PDG de Thomson, Atari se concentre sur le développement de jeux vidéo pour téléphone portable et sur les jeux en réseaux pour iPhone, iPad et Android. Pour les 40 ans de la marque, l?entreprise a décidé de ressortir son catalogue de jeux "vintage" retravaillés, notamment "Asteroïds" et "Centipede". Selon Jim Wilson, l?avenir d?Atari passe par "le respect de nos traditions" et "sur ce qui faisait de nous les meilleurs à nos débuts, offrir à nos fans dévoués des jeux amusants mais pleins de challenges".

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Commentaires 2
à écrit le 26/07/2012 à 11:29
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UNE FUSION AVEC UNE BELLE SOCIETE AMERICAINE EST ELLE EN COURS ?

à écrit le 11/07/2012 à 17:18
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Je suis un grand fan d'Atari et j'ai hâte de me procurer la nouvelle mini console!! http://in.lesinrocks.com/category/familles/madame-retrofuturiste/#p528 avec son petit joystick!!

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